ROME, lundi 8 octobre 2012 (ZENIT.org) – Le cardinal Etchegaray invite à « entrer encore plus profondément » dans le Concile, à « avancer au large à partir de sa lettre et de son esprit saisis ensemble ».
Le cardinal Roger Etchegaray, archevêque émérite de Marseille, président émérite du Conseil Justice et Paix, a donné ce témoignage le 24 mars 2012 lors du rassemblementdes Eglises diocésaines à Lourdes. Il est publié dans « Document Épiscopat » (N. 3-4 2012): « Joie et Espérance, 50 ans après le Concile Vatican II Paroles d’ évêques ». Nous le publions avec l’aimable autorisation de la Conférence des évêques de France.
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Merci, frère Laurent pour vos paroles, pour ce Rassemblement, vraiment ecclésial, du peuple de Dieu, dans toute son amplitude. Merci d’en avoir eu l’idée heureuse … mais trop rare !
Vous m’avez demandé un témoignage de « 5 à 6 minutes », pour faire le tour de ce colosse de Concile que j’ai fréquenté d’un bout à l’autre et jusqu’à ses moindres recoins. Eh bien, sans hésiter, j’ai dit oui pour la joie et l’espérance que vous me donnez d’être avec vous, d’être à Lourdes, où j’avais conduit depuis l’aula conciliaire un bon groupe d’évêques pèlerins des cinq continents…
Je ne veux pousser ici aucun cocorico gaulois, mais à chaque étape de vatican II, je pouvais rencontrer quelques français, évêques, théologiens, observateurs (hommes et femmes), de grands acteurs d’une grande histoire dont vous êtes plus que de simples héritiers.
Qu’ai-je entendu lorsque Jean XXIII a annoncé le Concile ? « Je veux ouvrir la fenêtre de l’Eglise, afin que nous puissions voir ce qui se passe dehors, et que le monde puisse voir ce qui se passe chez nous ». Et il se rendit complice des journalistes grâce auxquels tout le peuple de Dieu s’est senti concerné. Ainsi le Concile a été presque acculé à faire au grand jour son « aggiornamento ».
Paul VI, à la fin des quatre sessions conciliaires, dans son style si expressif déclare : « Le Concile a mis tout à la fois en évidence et à l’épreuve la vitalité de l’Eglise ». On ne peut penser à l’une sans penser à l’autre. Une Eglise capable de témoigner l’absolu de Dieu au sein des solidarités humaines.
Quant à Jean-Paul II, il fut d’abord l’évêque le plus appliqué à diriger durant dix ans à Cracovie son synode diocésain sur un Concile qu’il avait vécu intensément. Devenu Pape, il institua fin 1985, un synode extraordinaire pour voir ce que l’Eglise avait fait de son Concile, 20 ans après. A la fin du Jubilé de l’An 2000, il n’hésita pas à présenter le Concile comme une « boussole fiable », par temps de brume ou de tempêtes.
Et Benoît XVI, dont un évêque ici présent vient de publier sous le titre « Mon Concile Vaticna II » l’impressionnant dossier de l’expert Ratzinger, nous ne pouvons douter de sa fidélité tenace. A l’heure où le Concile paraît à certains s’éloigner d’un horizon qui, à vrai dire, n’est plus le même aujourd’hui, la seule route praticable est d’y entrer encore plus profondément, avancer large à partir de sa lettre et de son esprit saisis ensemble. Il nous faut relire l’exposé du professeur de Tübingen au Katholikentag à Bamberg, le 14 juillet 1966 (republié il y a un mois dans la Documentation Catholique).
J’en extrais ces mots de conclusion : « Le Concile n’est pas un mérite pour l’Eglise, un mérite dont elle pourrait se prévaloir et qu’elle pourrait opposer aux autres comme un titre de gloire ; il est un appel du Seigneur à marcher à sa suite. Le Concile n’est pas un refuge où s’installer confortablement et oublier la route. Il est un nouveau départ ».
Mon dernier mot … à la 7ème minute ! Ne manquons pas l’heure du Concile !
Cardinal Roger Etchegaray
Archevêque émérite de Marseille,
président émérite du Conseil Justice et Paix (Saint-Siège)