Océane Le Gall

ROME, jeudi 11 octobre 2012 (ZENIT.org) – Le dialogue interreligieux est une « occasion d’approfondissement et de témoignage de sa foi », selon le cardinal Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.

Le cardinal est en effet intervenu lors de la cinquième congrégation générale du synode des évêques, le mercredi 10 octobre après-midi.

« Face à des adeptes d’autres religions à l’identité religieuse forte, il est nécessaire de présenter des chrétiens motivés et doctoralement équipés », a fait observer le cardinal.

« Il faut des chrétiens cohérents, capables de rendre compte de leur foi, avec des mots simples et sans peur », a-t-il ajouté : des chrétiens pour qui « le dialogue interreligieux doit devenir une occasion d’approfondissement et de témoignage de sa foi », faisant de la nouvelle évangélisation une priorité.

Pour le cardinal, aujourd’hui les croyants doivent relever trois défis : « Le défi de l’identité: qui est mon Dieu? Ma vie est-elle en harmonie avec mes convictions? Le défi de l’altérité: celui qui pratique une religion autre que la mienne n’est pas nécessairement un adversaire, mais plutôt un pèlerin de la vérité ; le défi du pluralisme : Dieu est à l’œuvre en chaque personne, par des voies connues de Lui seul ».

Certes, a-t-il expliqué, il ne s'agit pas de mettre sa foi entre parenthèses, ni « de plier face aux persécutions et discriminations dont sont victimes tant de nos frères et sœurs de par le monde, en particulier chrétiens », mais il faut au contraire « dénoncer avec la plus grande vigueur la violence qui blesse et qui tue », violence d'autant plus injustifiable qu’« elle se pare du bouclier d'une religion », a-t-il ajouté.

Mais il y a dans le dialogue interreligieux des aspects positifs qu’il faut « soigner », selon le cardinal Tauran : l'amitié au quotidien qui s'exprime par des gestes de fraternité et de proximité ; l'harmonie entre croyants, qui apporte souvent aux sociétés dont ils sont membres une dimension spirituelle de la vie, « antidote à la déshumanisation et aux conflits ».

A ce propos, il a évoqué les signes positifs du récent voyage du pape au Liban, où le Mufti de la République avait affirmé : « pour nous, musulmans, les chrétiens sont une richesse », et où la télévision Al Jazeera avait retransmis en direct divers rendez-vous de ce voyage, permettant à des millions de familles musulmanes d’entendre son message.

« Au milieu de tant d'appréhensions, il est salutaire de mentionner ces signes positifs qui pavent le long chemin qui mène au dialogue serein et fécond », a poursuivi le cardinal Tauran.

Rappelant que le 28 octobre 1965, les Pères conciliaires, se référant aux traditions religieuses orientales, n'hésitaient à affirmer que « l'Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est bon et saint dans ces religions... qui apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes » (Nostra Aetate, 2), le cardinal a souligné que ce principe est applicable à toutes les religions.

En tous les cas, a-t-il conclu, « malgré les difficultés, les ambiguïtés et les reculs, aucun des partenaires engagés dans ce dialogue entre croyants ne l'a remis en question! ».