L’esprit d’Assise, contre « l’abus de la religion comme prétexte à la violence ».

Homélie de Benoît XVI

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ROME, Vendredi 17 juin 2007 (ZENIT.org) – Benoît XVI a évoqué « l’intuition prophétique » de Jean-Paul II, en 1986, qui a fait naître cet « esprit d’Assise » encore vivant aujourd’hui, contre « tout abus de la religion comme prétexte à la violence ».

Le pape Benoît XVI est arrivé ce matin en hélicoptère au centre sportif de Rivotorto, près d’Assise, depuis le Vatican. Il a été accueilli par le président du conseil Romano Prodi, et par le nonce apostolique en Italie, Mgr Giuseppe Bertello, ainsi que par les autorités ecclésiastiques et civiles locales.

Le pape s’est d’abord rendu au sanctuaire de Notre-Dame de Rivotorto, avant d’aller se recueillir dans la basilique de sainte Claire, où il s’est arrêté pour prier devant le fameux crucifix de Saint-Damien avant de se rendre au monastère des Clarisses.

Puis, au son des cloches sonnant à toute volée, le pape est arrivé sur l’esplanade inférieure de la basilique Saint-François, où il a présidé la célébration eucharistique à 10 heures, devant des milliers de fidèles qui suivaient la messe depuis toutes les rues débouchant sur ce cloître immense grâce aux écrans géants.

Dans son homélie, le pape a rappelé la rencontre de prière voulue par Jean-Paul II pour toutes les religions, à Assise, en 1986 : « une intuition prophétique », disait-il, qui a fait naître cet « esprit d’Assise » encore vivant aujourd’hui au milieu des différentes confessions chrétiennes et des autres religions.

Le pape y a fait référence à plusieurs reprises : cet esprit continue de se répandre dans le monde en s’opposant « à tout esprit de violence » et contre « tout abus de la religion comme prétexte à la violence ».

« Assise nous dit que la fidélité à la conviction religieuse personnelle s’exprime, disait le pape, dans le respect sincère de l’autre, dans le dialogue, dans l’engagement pour la paix et la réconciliation. La vie et le message de François, s’appuyant si visiblement sur le choix du Christ, qu’il repousse a priori toute tentation d’indifférentisme religieux, qui n’aurait rien à voir avec l’authentique dialogue interreligieux ».

« Ce ne serait pas une attitude évangélique, ni franciscaine, de ne pas réussir à conjuguer l’accueil, le dialogue, et le respect de tous, dans la certitude de foi que chaque chrétien – à l’instar du saint d’Assise – est tenu de cultiver, en annonçant le Christ, comme chemin, vérité et vie de l’homme, unique Sauveur du monde ».

Benoît XVI s’est ensuite arrêté au fait de la conversion, celle du roi David, celle de saint François, et celle de l’apôtre Paul, telle qu’il la raconte lui même dans l’Epître aux Galates.

« L’homme, expliquait le pape est vraiment grandeur et misère : il est grandeur parce qu’il porte en lui l’image de Dieu et qu’il est l’objet de son amour ; il est misère, parce qu’il peut faire un mauvais usage de la liberté – qui est son grand privilège -, jusqu’à s’opposer à son Créateur ».

Dans son Testament, saint François admet lui-même l’époque où il « était dans les péchés ». Le pape précise que ces péchés consistaient dans « sa façon de concevoir et d’organiser sa vie centrée sur lui-même, la poursuite de vains songes de gloire terrestre » jusqu’au moment où sur le chemin de sa conversion, éclairé par la grâce et l’amour de Dieu, François a exercé la miséricorde vis-à-vis des lépreux.

Benoît XVI expliquait que ce fut alors que son amertume se changea « en douceur d’âme et de corps », c’est, soulignait le pape l’effet de ce passage de l’amertume à la « douceur », de la tristesse à la « joie » dans la vie avec et pour Dieu et dans l’amour fraternel.

Pour exprimer cette dynamique de la conversion, le pape revenait à l’évangile de saint Luc, commentant l’épisode de la femme en larmes embrassant les pieds de Jésus dans la maison de Simon, raconté dans la page d’évangile de ce dimanche.

Mais le pape soulignait que « la miséricorde de Jésus ne s’exprime pas en mettant la loi morale entre parenthèses ».

« Pour Jésus, continuait le pape, le bien est bien, le mal est mal. La miséricorde ne change pas les coordonnées du péché, mais le brûle au feu de l’amour. Cet effet purifiant et guérissant se réalise s’il y a dans l’homme une correspondance d’amour, qui implique la reconnaissance de la loi de Dieu, le repentir sincère, le propos d’une vie nouvelle ».

La vie nouvelle de François fut son choix de vie quotidien marqué par l’évangile, tout tendu vers le Christ par son désir d’être « transformé en lui ».

Le pape exhortait les fidèles à suivre les traces de saint François, pour affronter, dans l’authentique esprit d’Assise, les grands thèmes de notre temps, comme la recherche de la paix, la sauvegarde de la nature, la promotion du dialogue entre les hommes.

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ZENIT Staff

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