ROME, Jeudi 7 juin 2007 (ZENIT.org) – C’était, ce jeudi, la Fête-Dieu, la fête du Saint Sacrement, chômée au Vatican, et le pape Benoît XVI a présidé la messe sur le parvis de sa cathédrale, la basilique Saint-Jean du Latran, avant de présider la procession eucharistique de Saint-Jean du Latran à Sainte-Marie Majeure.

Le Vatican a maintenu cette fête à sa place originelle, le jeudi après l'octave de la Pentecôte, mais la célébration a été reportée au dimanche suivant par de nombreuses conférences épiscopales pour permettre aux fidèles d’y participer : c’est le cas notamment en France et en Italie.

Chaque année, des milliers de pèlerins de Rome et du monde viennent participer à cette manifestation publique de foi eucharistique.

On doit l’institution de cette fête en grande partie à une religieuse belge, dont le confesseur devint pape: sainte Julienne de Mont-Cornillon (1192-1258).

Urbain IV avait été, en Belgique, le confesseur de sainte Julienne de Mont Cornillon à qui revient le mérite d'avoir demandé l'institution de cette fête.

Orpheline, elle avait été recueillie à l’âge de cinq ans, avec sa sœur Agnès, d’un an son aînée, par les Augustines du Mont-Cornillon, près de Liège. Comme les religieuses soignaient les lépreux, elles vécurent d’abord en retrait, à la ferme. Mais à quatorze ans, Julienne fut admise parmi les sœurs.

Une vision dont elle fut favorisée deux ans plus tard est à l’origine de ses efforts pour faire instituer la Fête-Dieu en l’honneur du Saint-Sacrement.

Cependant, devenue prieure, Julienne se heurtait à de cruelles incompréhensions: on la traitait de fausse visionnaire. Ses visions, et son interprétation rigoureuse de la règle augustinienne, la firent chasser deux fois du monastère.

La première fois, l’évêque la rappela. La seconde, en 1248, elle se réfugia dans le Namurois, auprès d’un monastère cistercien, avant d’embrasser la vie d’ermite recluse, à Fosses.

L’abbaye cistercienne de Villers, entre Bruxelles et Namur, lui offrit une sépulture, aussi l’iconographie la représente-t-elle parfois revêtue de l’habit des Cisterciennes.

Cependant, relayés par la bienheureuse Eve de Liège (+ v. 1266), ses efforts ne furent pas vains, car la fête du Saint-Sacrement fut introduite dans son diocèse. Et elle allait être étendue à toute l’Eglise par Urbain IV, six ans après sa mort. C’est lui qui a célébré la première fête solennelle à Orvieto, en grande solennité, en 1264. La cathédrale d’Orvieto renferme en effet une grande partie des reliques (l'hostie, le corporal et les purificatoires de lin) du miracle eucharistique de la ville voisine de Bolsena, relaté par les fresques.

La fête recueillait ainsi le fruit des dévotions eucharistiques nées aux XIIe et XIIIe siècles, en réaction contre des doctrines hérétiques entamant la foi en la présence du Christ sous les espèces consacrées.

Urbain IV institua la fête du Corpus Domini par la bulle « Transiturus de hoc mundo » et confia alors à Saint-Thomas d'Aquin la rédaction de textes liturgiques. Et il fixa la fête au jeudi après l'octave de la Pentecôte. La fête fut ensuite confirmée par le pape Clément V en 1314.

Mais à Rome, c’est seulement à la fin du XVe siècle, sous Nicolas V, que l’on commença à célébrer la fête par une procession de Saint-Jean du Latran à Sainte-Marie Majeure.

Pourtant l’actuel tracé de la procession, el long de la via Merulana ne fut praticable qu’à partir de 1575, date de la fin des travaux voulus par Grégoire XIII. La tradition s’est ensuite maintenue pendant trois siècles. Mais en 1870, année de la prise de Rome, l’usage est tombé dans l’oubli. C’est Jean-Paul II qui a relevé la tradition dès sa première année de pontificat, en 1979.