ROME, Lundi 11 juin 2007 (ZENIT.org) – « Puisse l’Eucharistie être au centre de la vie de vos communautés » : c’est l’invitation lancée par Benoît XVI aux évêques d’Afrique du Nord.

Le pape a reçu en audience samedi matin les membres de la conférence régionale des évêques d’Afrique du Nord (CERNA) au terme de leur visite ad limina (cf. Zenit du 8 juin 2007, et du 10 juin pour le discours intégral du pape).

« Comme l’a vécu intensément le Père Charles de Foucauld, que vos Églises diocésaines ont eu la joie de voir béatifier il y a quelques mois, puisse l’Eucharistie être au centre de la vie de vos communautés, a déclaré le pape. En effet, dans la célébration de ce grand mystère comme dans l’adoration eucharistique, qui sont des actes de rencontre personnelle avec le Seigneur, mûrit un accueil profond et véritable de l’aspect de la mission qui consiste à briser les barrières entre le Seigneur et nous, ainsi que les barrières qui nous séparent les uns des autres ».

Le pape évoquait les « ponts » lancés par les communautés chrétiennes au cours des siècles « entre les rives de la Méditerranée » en citant les grands auteurs que ces régions ont donnés à l’Eglise universelle: « Aujourd’hui encore, saint Cyprien, saint Augustin et tant d’autres témoins de la foi demeurent des références spirituelles, intellectuelles et culturelles incontestées ».

Au Maghreb, ajoutait le pape, les chrétiens donnent « une image de l’universalité de l’Église, dont le message évangélique s’adresse à toutes les nations ».

Mais le pape soulignait aussi l’importance de la fraternité, de la charité, de la communion : « La qualité spirituelle des communautés chrétiennes, fondée sur la certitude que le Seigneur est toujours présent et qu’il agit en elles et par elles, est essentielle pour leur permettre de rendre compte de l’espérance qui les anime. Unies à leurs Pasteurs, dans un climat de charité fraternelle, qu’elles soient véritablement des lieux où se vit la communion, comme manifestation de l’amour de Dieu pour tous les hommes ».

Pour ce qui concerne le dialogue interreligieux, le pape précisait: « Comme j’ai déjà eu l’occasion de le souligner, ‘nous avons impérativement besoin d’un dialogue authentique entre les religions et entre les cultures, capable de nous aider à surmonter ensemble toutes les tensions, dans un esprit de collaboration fructueuse’ (Discours à des Ambassadeurs de pays musulmans, 25 septembre 2006) ».

« Je me réjouis donc de constater que, par des initiatives de dialogue et par des lieux de rencontres, comme les Centres d’études et les bibliothèques, vous êtes résolument engagés dans le développement et l’approfondissement des relations d’estime et de respect entre chrétiens et musulmans, en vue de promouvoir la réconciliation, la justice et la paix », a-t-il ajouté.

Benoît XVI insistait cependant sur le dialogue dans la vie quotidienne et la solidarité: « D’autre part, dans le partage de la vie quotidienne, chrétiens et musulmans peuvent trouver la base essentielle d’une meilleure connaissance mutuelle. Par une participation fraternelle aux joies et aux peines les uns des autres, notamment dans les moments les plus significatifs de l’existence, ainsi que par des collaborations multiples dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la culture, ou dans le service des plus humbles, vous manifestez une authentique solidarité, qui raffermit les liens de confiance et d’amitié entre les personnes, les familles et les communautés ».

Le pape disait sa préoccupation particulière pour les populations qui tentent d’émigrer vers l’Europe, soulignant que « la situation de ces personnes, particulièrement préoccupante et parfois dramatique, ne peut pas ne pas interpeller les consciences. L’aide généreuse que vos Églises diocésaines leur apportent est une contribution à la reconnaissance de leur dignité et un témoignage rendu au Seigneur. Je souhaite vivement que les pays concernés par ces migrations cherchent des moyens efficaces pour permettre à tous d’avoir l’espérance de construire un avenir pour eux-mêmes et pour leurs familles, et que la dignité de chaque personne soit toujours respectée ».

Enfin, le pape rappelait « l’importance de la vie consacrée », rendant hommage au « dévouement désintéressé des religieux et des religieuses dans leur service de la population, sans distinction d’origine ni de croyance, est apprécié de tous ».

Benoît XVI citait en exemple la vie et la mort des moines de Tibhirine: « Cette vie toute donnée, dans le détachement de soi et dans la liberté intérieure, est avant tout le témoignage d’une appartenance radicale à Dieu, qui suscite l’ardent désir d’aller vers le prochain, et de manière privilégiée vers les plus abandonnés. Cette appartenance au Christ prend une signification encore plus radicale dans le témoignage des moines et des moniales, que je voudrais particulièrement saluer et encourager. Leur vie de prière et de contemplation est une grâce pour l’ensemble de l’Église dans votre région. Leur fidélité discrète à la population qui les accueille, comme l’a montré l’exemple bouleversant de la communauté de Tibhirine, est un signe éloquent de l’amour de Dieu, qu’ils veulent manifester à tous », disait le pape.

Pour ce qui est de la solidarité dans la région, le pape ajoutait: « La collaboration de plus en plus large de vos diocèses avec les Églises du Moyen-Orient et d’Afrique est un témoignage de grand prix pour votre région, qui est un point de rencontre entre l’Afrique, l’Europe et le monde arabe. Le développement de ces relations est aussi une mise en œuvre effective de la solidarité de l’Église en Afrique et au Moyen-Orient, dans son souci apostolique à l’égard de votre région. L’accueil de prêtres et de religieuses, que vous avez soin de former en vue de situations ecclésiales souvent très différentes de celles de leurs pays d’origine, est pour vous un appui pastoral précieux et pour tous une ouverture à la dimension universelle de la mission ».