Les Chrétiens orthodoxes en Ukraine

CITE DU VATICAN, Samedi 23 juin 2001 (ZENIT.org) – Jean-Paul II ne va pas à la rencontre d´un monde orthodoxe ukrainien monolithique. Les Chrétiens orthodoxes représentent environ 50 % de la population (sur plus de 49 millions d´habitants, mais certaines estimations disent 40 millions d´Orthodoxes). Ils ont plus de 1100 églises en construction. Les Orthodoxes ne dépendant pas de Moscou entretiennent avec l´Eglise catholique des relations cordiales.

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Ils appartiennent à quatre branches principales, dont le profil manifeste la complexité de la situation. Il faut prendre en compte les violences de l´histoire et les influences actuelles, de Moscou ou des communautés de la diaspora, mais aussi la culture et la situation politique du pays.

-L´Église Orthodoxe Ukrainienne sous la juridiction du Patriarcat de Moscou (UOC-MP), même si elle a reçu ce nouveau nom en 1990 et s´autogouverne depuis 1991 (ancien exarquat ukrainien de l´Eglise orthodoxe russe, ROC).
Le métropolite « de Kiev et de toute l´Ukraine », Vladimir Sabodan (ancien métropolite de Rostov), la gouverne depuis mai 1992. Il boudera la rencontre pan-ukranienne alors que le pape disait, dans une lettre du 26 mars -cf. ZF01042602 -, souhaiter le rencontrer. Celui-ci aurait même quitté Kiev. Elle compte 9.049 communautés, 12 monastères, 3519 moines et moniales, 7509 prêtres, 7755 églises, et 840 autres en construction.

-L´Église Orthodoxe Ukrainienne du Patriarcat de Kiev (UOC-KP), dont le synode a fait une demande d´autonomie en 1991, à la suite de l´indépendance du pays. Moscou a répondu non en privant de son statut le métropolite Philarète Denisenko, qui devrait être présent à la rencontre pan-ukrainienne.
Celui-ci a réagi en créant une nouvelle église orthodoxe, encouragé par une opinion publique favorable à l´autonomie ukrainienne. En 1995, Philarète a pris le titre de patriarche de Kiev. Le paradoxe est que, naguère chef de l´Eglise orthodoxe de Moscou, il est aujourd´hui considéré comme schismatique par ses pairs. Il a pris le titre de « Patriarche de Kiev et de toute la Rus´-ukrainienne ».
Cette Eglise compte actuellement 2.781 communautés, 22 monastères, 113 moines et moniales, 1825 églises, et 217 autres en construction. Mais elle ne jouit pas de reconnaissance « canonique » de la part d´Eglises orthodoxes d´autres pays. C´est pourquoi elle cherche une reconnaissance du côté de Constantinople, siège du patriarche œcuménique, primat de l´orthodoxie. Elle jouit cependant de la faveur des autorités civiles et de membres du Parlement, pour son autonomie justement.
Moscou ne devrait cependant pas se froisser de la rencontre, puisqu´il ne s´agit pas d´une rencontre personnelle. Il a annoncé, jusque dans les colonnes de L´Avvenire, « Moi, orthodoxe, j´attends le pape ».

-L´Eglise Orthodoxe Ukrainienne Autocéphale (UAOC, qui n´est pas non plus hostile à la venue du pape) manifeste que le mouvement « autocéphale » existe en Ukraine dès le XIXe siècle. Ces Eglises ont été également liquidées par Staline, comme les gréco-catholiques. Mais comme les gréco-catholiques, ils sont resurgis de la clandestinité, dès août 1989. Vladimir Yarema, prêtre orthodoxe russe de Lvov a par exemple laissé la juridiction de Moscou. Lui et l´évêque Ivan Bondarchuk s´unirent au mouvement autocéphale, et certaines paroisses commencèrent à s´unir à l´Eglise autocéphale, partie en réaction par rapport à Moscou, partie en réaction par rapport aux gréco-catholiques, et avec le soutien des Orthodoxes d´Ukraine d´Amérique du Nord.
L´un de ces évêques de la diaspora, Mstyslav Strypnyk, fut proclamé chef de la UAOC, et en juin 1990, lors d´un synode de cette Eglise, fut élu le « patriarche de Kiev et de toute la Rus´-ukrainienne ». Dymytri Yarema fut élu pour lui succéder en 1993, auquel a succédé à son tour, en 2000 le métropolite Mefodyi Kudryakov. Ces Eglises ont donc maintenu leur autonomie. Elles comptent 1.015 communautés, 1 monastère, 4 moines et moniales, 628 prêtres, 687 églises, et 101 autres en construction.

-D´autres petites Eglises orthodoxes existent en Ukraine, qu´elles soient formées de communautés de minorités éthiques, ou qu´elles viennent de groupes dérivés du schisme de l´Eglise orthodoxe russe. Lors de leur conférence de presse du 25 mai, les cardinaux évoquaient ces Eglises. Les « Vieux Croyants » (55 communautés), l´Eglise libre orthodoxe russe (en dehors de la Russie), et la « Vraie Eglise orthodoxe russe ».
Il faut aussi mentionner la présence de l´Eglise arménienne apostolique, des communautés grecques de l´Eglise orthodoxe d´Ukraine, et des communautés russes directement sous la juridiction du patriarcat de Moscou, et quelques communautés orthodoxes indépendantes.

En dépit de la campagne menée contre la venue de Jean-Paul II, la position favorable de Philarète semble bien partagée en Ukraine par de nombreux orthodoxes comme en témoignait hier soir un reportage de la chaîne de télévision nationale italienne RAI Uno, ou la présence d´une étudiante orthodoxe, Elena, assurant le commentaire pour Telepace, et affichant sa vénération pour Jean-Paul II. Elle disait son émotion d´entendre le pape parler sa propre langue, l´Ukrainien.

Pour sa part, le porte-parole du Saint-Sège, M. Joaquin Navarro Valls, a déclaré en substance, à propos des manifestations contre la venue de Jean-Paul II, qu´ »avec une attitude aussi intransigeante », on risque de « manquer le train de l´histoire ».

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ZENIT Staff

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