CITE DU VATICAN, Mardi 26 juin 2001 (ZENIT.org) - "Que le pardon offert et reçu se diffuse comme un baume bénéfique": Jean-Paul II a lancé ce matin, à Lviv, lors de la messe de béatification en rite latin, un vibrant appel à la réconciliation entre Polonais et Ukrainiens.

Et comme un symbole de cette réconciliation, le pape parlait en Ukrainien et en Polonais. La terre de Lviv, qui a vu naître les grands parents paternels du pape polonais, était en effet polonaise avant la seconde guerre mondiale. La visite du pape a commencé samedi dernier, 23 juin, et se poursuit ainsi en ce 26 juin, sous le signe de la réconciliation et de la guérison des blessures de l´histoire. Le pape retrouvait les accents du Jubilé pour inviter à la "purification de la mémoire historique".

L´hippodrome de Lviv rassemblait quelque 500.000 fidèles (une moyenne entre les estimations différentes), Ukrainiens, mais aussi d´autres nations, en particulier Polonais (la Pologne est à 60 km), Hongrois, Roumains.

Le pape béatifiait, entouré d´une centaine d´évêques venus des Républiques voisines, l´ancien archevêque latin de Lviv Józef Bilczewski (1860-1923), et le prêtre fondateur Zygmunt Gorazdowski (1845-1920). Mgr Bilczewski appartient à la "succession apostolique" de Jean-Paul II puisque c´est par lui que fut consacré l´évêque qui a consacré Mgr Basiak, son évêque consécrateur: une circonstance que Jean-Paul II souligne avec émotion.

Le pape invitait les fidèles à "reconnaître les infidélités à l´Evangile commises par de nombreux chrétiens d´origine polonaise comme ukrainienne résidant en ce lieux". Demain, le pape béatifiera un évêque emprisonné en 1945 par les autorités… polonaises, et mort martyr en prison à Kiev, Josaphat Kotsylovsky.

"L´heure est arrivée de prendre des distances avec un douloureux passé, continuait Jean-Paul II. Les chrétiens des deux Nations doivent cheminer ensemble dans le nom de l´unique Christ, jusqu´à l´unique Père, guidés par le même Esprit Saint, source et principe d´unité".

"Que le pardon offert et reçu, insistait Jean-Paul II, se diffuse comme un baume bénéfique dans le cœur de chacun. Que la purification de la mémoire historique nous prépare tous à faire en sorte que l´emporte ce qui unit sur ce qui divise pour construire ensemble un avenir de respect réciproque, de collaboration fraternelle et de solidarité authentique".

Les deux nouveaux bienheureux sont des exemples vivants de la vraie charité chrétienne.
Mgr Józef Bilczewski (1860-1923), était archevêque de Lviv des latins, et alla "à la rencontres des nécessiteux, envers qui il nourrissait un amour de prédilection tel qu´il désira demeurer avec eux même après la mort: il demanda à être enterré au cimetière de Janow, qui accueille les dépouilles mortelles des déshérités". Le pape évoquait une circonstance qui le touche de près, et manifeste les liens étroits unissant l´Eglise d´Ukraine et la Pologne: Józef Bilczewski "reste dans la ligne de ma succession apostolique; en effet, il consacra l´archevêque Boleslaw Twardowski, qui à son tour ordonna évêque Ewghen Baziak, dont j´ai reçu la consécration épiscopale. Je reçois donc aujourd´hui moi aussi un patron nouveau et particulier. Je remercie Dieu pour ce don admirable".

Le P. Zygmunt Horazdowski (1845-1920), est le fondateur de la congrégation des Sœurs de la "Miséricorde de Saint Jospeh", appelée «Józefitki». Jean-Paul II l´évoquait comme un ami des pauvres et comme "un témoin privilégié de la miséricorde divine".

Ces deux bienheureux furent une source de force au temps de la persécution stalinienne et Jean-Paul II les donnait en exemple à tous les fidèles.

Le pape est logé à Lviv dans la maison jouxtant la cathédrale Saint-Georges, expropriée par le régime communiste mais restituée à l´occasion de la visite du pape.

Demain, lors de la divine liturgie en rite byzantin, le pape procédera à 28 autres béatifications. C´est la première fois que, grâce à l´indépendance retrouvée, les fidèles gréco-catholiques ont pu eux-mêmes présenter les causes des martyrs de leur Eglise. Un institut créé à Lviv recueille en effet patiemment les documents écrits ou photographiques touchant les milliers de victimes des deux totalitarismes dont le pays à souffert au XXe siècle.