ROME, Mardi 11 décembre 2007 (ZENIT.org) - Le concept de « famille humaine » s'est enrichi au fur et à mesure des années et du développement des textes du magistère : il passe peu à peu dans les interventions inernationales.

En effet, lors de l'échange avec les journalistes, à la suite de la présentation du message du pape Benoît XVI pour la Journée mondiale pour la paix, le 1er janvier 2008, « Famille humaine, communauté de paix », le président du Conseil pontifical justice et paix, le cardinal Renato Raffaele Martino et le secrétaire de ce même dicastère, Mgr Giampaolo Crepaldi ont rappelé l'origine de ce concept.

Le pape Pie XII, rappelait Mgr Crepaldi, a fortement insisté, dans différentes interventions, en particulier ses radio-messages de 1941 et 1944 sur « l'unité du genre humain ».

L'encyclique du pape Jean XXIII, « Pacem in Terris », développe aussi un tel concept. Il dit par exemple : « Il est permis d'espérer que les peuples, intensifiant entre eux les relations et les échanges, découvriront mieux les liens d'unité qui découlent de leur nature commune ; ils comprendront plus parfaitement que l'un des devoirs primordiaux issus de leur communauté de nature, c'est de fonder les relations des hommes et des peuples sur l'amour et non sur la crainte » (n. 129).

Le concile Vatican II reprendra cet enseignement. Dès son avant-propos par exemple, la constitution pastorale « Gaudium et Spes » sur « l'Eglise dans le monde de ce temps » titre : « Etroite solidarité de l'Eglise avec l'ensemble de la famille humaine ».

Le pape Jean-Paul II, qui n'était pas sans avoir dans l'oreille le slogan soviétique de « l'amitié entre les peuples » (la fameuse « Droujba Narodov »), a lui-même développé et précisé encore le concept notamment dans son discours du 4 octobre 1995 au siège de l'ONU à New York.

Jean-Paul II disait : « En parlant devant cette Assemblée distinguée, l'occasion m'est offerte de m'adresser, en quelque sorte, à toute la famille des peuples qui vivent sur la terre ».

Tout le paragraphe 14 est consacré au concept de « famille des nations ». Jean-Paul II dit notamment : « Il convient que l'Organisation des Nations Unies s'élève toujours plus du stade d'une froide institution de type administratif à celui de centre moral, où toutes les nations du monde se sentent chez elles, développant la conscience commune d'être, pour ainsi dire, une "famille des nations". »

Le pape expliquait en effet que « le concept de "famille" évoque immédiatement quelque chose qui va au-delà des seuls rapports fonctionnels et de la seule convergence des intérêts. Par sa nature, la famille est une communauté fondée sur la confiance réciproque, sur le soutien mutuel, sur le respect sincère. Dans une famille authentique, il n'y a pas de domination des forts ; au contraire, les membres les plus faibles sont, précisément en raison de leur faiblesse, doublement accueillis et servis ».

« J'étais là », rappelait le cardinal Martino, alors, et pendant 16 ans, observateur permanent du Saint-Siège à l'ONU. Il relevait le terme de « grammaire » employée par le pape Wojtyla, à propos de la Loi naturelle : « La loi morale universelle, écrite dans le coeur de l'homme, est, en quelque sorte, la "grammaire" qui sert au monde pour aborder le débat sur son avenir même ».

Le cardinal Martino a reconnu que le concept, employé dans les nombreuses interventions à l'ONU et dans celles des autres représentant du Saint-Siège dans des instances internationales fait peu à peu son chemin au fil des années.

Cette insistance fait que quelque chose passe aussi dans les « discours des autres délégués », reconnaissait le cardinal Martino. C'est notre « mission » disait-il, de « faire comprendre à tous que nous appartenons à la même famille ».

Enfin, Mgr Crepaldi faisait noter que le concept s'est affiné au cours des messages annuels des papes pour la Journée mondiale de la paix, instituée, Benoît XVI le rappelle aussi, par Paul VI, en 1968. Il a publié 11 messages pour cette journée, de 1968 à 1978.

Paul VI instituait cette journée en disant aux « vrais amis de la paix »: « la proposition de consacrer à la paix le premier jour de l'année nouvelle ne se présente donc pas, dans Notre idée, comme exclusivement religieuse et catholique ; elle voudrait trouver l'adhésion de tous les vrais amis de la paix, comme s'il s'agissait d'une initiative qui leur est propre; elle devrait s'exprimer dans des formes libres, conformes au caractère particulier de chacun de ceux qui comprennent combien est beau et important, dans le concert varié de l'humanité moderne, l'accord de toutes les voix dans le monde pour exalter ce bien fondamental qu'est la paix ».

Le pape Jean-Paul II a pour sa part publié 27 messages pour cette même Journée mondiale, de 1979 à 2005.

Anita S. Bourdin