ROME, Mardi 4 décembre 2007 (ZENIT.org) - Le Saint-Siège invite les 56 Nations européennes de l'OSCE à lutter efficacement sur deux fronts : l'exploitation sexuelle des enfants et la traite des êtres humains d'une part et de l'autre, l'intolérance religieuse qui se manifeste dans la discrimination dont sont victimes chrétiens, juifs et musulmans ou tout autre croyant du fait de sa religion, la liberté religieuse étant une liberté fondamentale. Mgr Mamberti citait une disposition récemment adoptée par le Parlement européen à ce sujet.

Le 15e conseil ministériel de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), auquel sont invités les ministres des Affaires étrangères de 56 pays, s'est déroulé à Madrid les 29 et 30 novembre. Mgr Mamberti a pris la parole pendant la session plénière du 29 novembre.

La délégation du Saint-Siège était en effet guidée par le « ministre des Affaires étrangères » du Vatican, Mgr Dominique Mamberti. Elle comprenait sept autres membres : le nonce apostolique en Espagne, Mgr Manuel Monteiro de Castro, le représentant permanent du Saint-Siège à l'OSCE, Mgr Michael Banach, ainsi que Mgr Luigi Bianco, Mgr Santo Gangemi et Mgr Ettore Balestrero, conseillers de nonciature, et Mgr Miroslaw S. Wachowski, secrétaire de la mission du Saint-Siège à l'OSCE et le général Pierpaolo Tempesta, collaborateur de cette mission.

Traite des êtres humains et exploitation des enfants

Le secrétaire du Vatican pour les Relations avec les Etats a demandé à l'OSCE de combattre l'exploitation des enfants et des êtres humains en général. « L'OSCE a pour vocation, soulignait Mgr Mamberti, d'être un espace de liberté et de droit, et par conséquent elle doit s'efforcer de promouvoir la dignité humaine et les valeurs qui lui sont connaturelles. Dans cette perspective, il sera très important de ne pas baisser les bras devant l'exploitation sexuelle des enfants et la traite des personnes humaines. En particulier, le trafic visant l'exploitation du travail doit être clairement distingué de l'immigration irrégulière. Nous devons assurer aux victimes l'accès à la justice, à l'assistance sociale et légale, et une compensation pour les dommages subis. L'Eglise catholique est sur la ligne de front de la lutte contre ces crimes honteux et, par ses institutions, à tous les niveaux, elle a promu de nombreuses initiatives pour y remédier ».

Respecter toutes les religions

Pour ce qui concerne la tolérance religieuse, Mgr Mamberti soulignait combien c'est devenu une urgence que de la promouvoir. « Si l'OSCE veut promouvoir la dignité humaine de façon intégrale, elle doit aussi combattre efficacement l'intolérance et la discrimination contre les Chrétiens, les Juifs et les Musulmans, et les membres d'autres religions. En effet, cette question est devenue un thème politique et sécuritaire important. La discrimination religieuse peut être combattue efficacement si toutes les religions sont également respectées et protégées ».

A ce sujet, Mgr Mamberti citait une disposition récemment adoptée par le Parlement européen : « Le Parlement européen a récemment adopté une résolution déplorant différents épisodes qui mettent en danger l'existence même de communautés chrétiennes et d'autres communautés religieuses ».

Discrimination contre les chrétiens

« L'OSCE peut être fière à juste titre, ajoutait Mgr Mamberti, d'avoir été l'une des premières organisations à tirer le signal d'alarme à propos de la discrimination contre les chrétiens, mais elle ne doit pas baisser la garde. Des chrétiens continuent de souffrir de préjugés, de stéréotypes, de discrimination et de violence. Le désengagement de ces problèmes n'est pas possible ! Nous ne devons pas nous cacher derrière le principe du « consensus » de façon à éviter une action effective et nous ne devons pas non plus nous satisfaire de condamnations de couverture. Ce consensus doit plutôt servir de catalyseur pour des actions pour protéger les libertés fondamentales, et surtout la liberté religieuse de tout croyant, et de chaque communauté religieuse ».

Pour ce qui est d'un « programme de tolérance », Mgr Mamberti ajoutait qu'il faut « garantir une énergie et des efforts nouveaux pour la réalisation des engagements de l'OSCE, et pour résister à l'expansion unilatérale de ces engagements ».

Et d'expliquer : « Une attention indue à d'autres sujets ne sert qu'à distraire les efforts de l'OSCE et de l'ODIHR (Bureau de l'OSCE pour les Institutions démocratiques et les droits de l'homme, ndlr), et à rendre plus difficile la prise de mesures effectives et promptes, pour faire face à ces engagements, dont beaucoup n'ont pas encore été mis en œuvre ».

L'énergie et l'eau, enjeux majeurs

Pour ce qui concerne la « lutte contre le terrorisme », « il est impératif, disait Mgr Mamberti, de protéger les infrastructures énergétiques d'une importance cruciale de toute attaque. Il sera également important, pour ce qui est de la protection de l'environnement, que l'Organisation soutienne différentes initiatives concernant la gestion de l'eau, de façon à contribuer à la coopération, à la stabilité, et au développement équitable et durable de chaque pays. Evidemment, l'eau est nécessaire à la santé et à la vie, mais elle est aussi une ressource indispensable pour la production de richesses ».

Stabilité et paix, en chantier

Mgr Mamberti soulignait que la Finlande pouvait, lors de sa présidence, « jouer un rôle spécial pour les engagements » assumés lors du « Processus d'Helsinki ».

Pour ce qui est de la présidence espagnole, le représentant du Saint-Siège a souligné le travail accompli pour préparer ce sommet de Madrid. Mais le temps passe, disait en substance Mgr Mamberti et l'Europe voit se profiler des élections, avec leurs « conséquences géo-politiques » et leurs « répercussions sur la sécurité et la démocratisation ».

Il citait la situation au Kosovo, dans le Caucase, et les « nouveaux défis des équilibres militaires et des accords conclus par l'OSCE dans ce domaine : cela requiert, disait-il, « dialogue et coopération ».

Car, ajoutait Mgr Mamberti, « des menaces persistantes et les conflits non résolus témoignent au contraire que la stabilité et la paix sont des ‘chantiers' encore ‘ouverts' ».

Le respect effectif de chacun

Sans vouloir entrer dans des questions politiques, le Saint-Siège invitait les participants cependant à s'en tenir à certains principes : « au respect de la vérité et de la justice », à « maintenir les engagements pris » et « à ne pas léser les intérêts légitimes et les justes aspirations d'autrui ».

« La volonté politique et le respect effectif de chacun seront aussi déterminants pour arriver à un accord définitif sur les présidences des années 2009-2011 », faisait observer le représentant du Saint-Siège.

D'autre part, Mgr Mamberti faisait observer que « la Convention sur la personnalité juridique internationale, la capacité légale, les privilèges et l'immunité de l'OSCE pourraient renforcer l'Organisation et contribuer indirectement à la sécurité ce ceux qui seront éventuellement impliqués dans ses activités en Afghanistan ».

Anita S. Bourdin