L'Eglise, un moteur pour l'Europe

Par Mgr Diarmuid Martin

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Anne Kurian

ROME, mardi 4 septembre 2012 (ZENIT.org) – L’Eglise est une « force motrice » pour l’Europe, si elle témoigne de sa « cohésion intérieure » et met fin à ses « divisions »: c’est ce qu’a déclaré Mgr Diarmuid Martin, archevêque de Dublin, au cours de la rencontre organisée par le Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE) à Chypre, du 3 au 5 septembre 2012 (cf. Zenit du 28 août 2012). Il intervenait sur le thème « de la crise à l’espoir », ce 4 septembre.

L’Eglise, force motrice

Pour Mgr Martin, « les chrétiens ont une responsabilité spéciale pour l’avenir de l’Europe ».

En effet, au cœur de la crise, « l’Eglise catholique, en tant que communauté qui témoigne de la signification de la Communion avec le Christ et entre les hommes, a une opportunité unique d’être une force motrice pour générer la communion entre les européens d’aujourd’hui ».

Mais il faut pour cela, fait-il observer, qu’elle « témoigne de façon convaincante de sa propre cohésion intérieure »: dans le cas contraire, « la division intérieure de l’Eglise nuit à l’Eglise ».

C’est pourquoi l’archevêque appelle à mettre fin à « un climat négatif qui a été préjudiciable au pape et à l’Eglise ces derniers temps » : une Eglise « divisée par des chamailleries n’attirera pas les jeunes mais les écartera ».

Pour Mgr Martin, « les hommes et femmes de foi ont la capacité de faire face aux crises et de s’en sortir avec leur foi renforcée ». A condition toutefois de « regarder dans la bonne direction », non pas « les points négatifs d’aujourd’hui, ou ses promesses vides et ses idéologies », mais « en rendant compte de l’espérance qui est en eux ».

En outre, les « demandes légitimes » des chrétiens pour la reconnaissance des racines chrétiennes de l’Europe seront « d’autant plus crédibles que les chrétiens s’engageront eux-mêmes pour assurer un avenir de cohésion, de solidarité et d’équité » en Europe, fait-il observer.

Présente sur le terrain

Dans le « scénario social et économique extrêmement complexe » actuel, l’Eglise peut se sentir « parfois perdue », et éprouver « un sentiment d’impuissance naturel », constate l’archevêque par ailleurs.

Mais bien qu’elle ne puisse pas « donner de réponse magique », elle n’est pas « impuissante », car elle est présente « sur le terrain », affirme-t-il. Si elle ne peut pas « commenter toutes les questions économiques difficiles », cependant elle peut toujours « apporter sa voix en faveur de l’équité, de l’accueil, de l’honnêteté, de la générosité, pour le bien commun de l’Europe ». 

L’Eglise, poursuit-il, ne doit pas être vue seulement en termes « d’évêques et d’organisations », mais aussi en termes de « laïcs hommes et femmes, dans leurs responsabilités chrétiennes, que ce soit en famille, dans leur profession, dans la société, dans la politique ».

Mgr Martin encourage donc à produire à leur intention des « documents qui illustreraient les applications de la doctrine sociale de l’Eglise », afin que les chrétiens des Eglises locales soient « capables d’être actifs dans la société ».  

Il estime en effet que l’engagement dans la vie publique exige des « compétences rationnelles et scientifiques », mais également « une cohésion personnelle quant à sa propre compréhension de la vie ». Or, l’union de la « conscience », de la « compétence » et de la « charité », fait partie du « génie » de la doctrine sociale de l’Eglise, souligne Mgr Martin.

L’originalité de l’Eglise

Lorsque les institutions de l’Eglise deviennent des « lobbies parmi les lobbies », elles « perdent leur originalité véritable » et donc leur « contribution originale » au débat social, fait remarquer l’archevêque : cette originalité de l’Eglise tient dans la « gratuité » dont ses membres font preuve, à l’opposé du « marché consumériste ».

Il en va de la « crédibilité de l’Eglise », car ce sens de la gratuité est inspiré par « l’enseignement et la vie de Jésus lui-même, révélant la gratuité de l’amour de Dieu », rappelle Mgr Martin.

Il appelle à ce titre à « éduquer les jeunes à la gratuité ». Ainsi, ils pourront « défendre et illustrer » la foi dans la société, dans un « cadre culturel qui lui est parfois hostile ». 

Cependant, précise l’archevêque, il ne s’agit pas seulement de « défendre » l’Eglise, au risque d’être « piégé à l’intérieur des catégories de la culture d’un autre » et de présenter « seulement une vision négative de l’enseignement de l’Eglise » : il faut aussi « illustrer » la nature de cet enseignement et ne pas se contenter d’être « contre ».

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ZENIT Staff

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