A. Bourdin

SAINT-GALL, dimanche 30 septembre 2012 (ZENIT.org) – Face à l’euroscepticisme, le cardinal Bagnasco invite à poser sur l’Europe un « regard pascal » et il indique les conditions d’une « unification plus humaine ».

L’archevêque de Gênes, le cardinal Angelo Bagnasco, président de la Conférence des évêques italiens (CEI) – nommé par le pape – et membre de l’assemblée plénière du Conseil des conférences des évêques d’Europe, qui s’est tenue en Suisse, à Saint-Gall (27- 30 septembre), s’est en effet demandé, lors du point de presse du 29 septembre, quelle doit être l’attitude des baptisés face à l’Europe.

Dans son homélie de la messe du 28 septembre, le cardinal italien avait parlé du « regard pascal » avec lequel regarder l’Europe, comme en réponse à « l’euroscepticisme ».

Dans les difficultés, pas « malgré » elles

« C’est l’attitude de tout disciple du Seigneur mort et ressuscité et nous indique la croix comme le lieu de la vraie gloire » , a-t-il expliqué: « pas de vendredi saint sans l’aube de Pâques ».

Il invite à « réveiller ce regard », ne pas le « perdre », un regard « de confiance » :  nous avons « des difficultés mais il ne faut pas que ces difficultés tuent et bloquent le chemin ».

Tel est, dit-il, le « réalisme chrétien », ou, comme le dit Paul dans ses lettres : c’est dans les difficultés que je trouve la consolation, non « en dépit » des difficultés. C’est valable pour les personnes, les familles,  les communautés, les sociétés, fait observer l’archevêque de Gênes, naguère menacé de mort par des graffiti.

Et ce réalisme constitue, dit-il, avec une métaphore de mécanique automobile, une « vitesse en plus » pour « vivre dans l’histoire », pour « ne pas être suffoqué dans l’immédiat, mais avoir le regard éclairé ».

L’Année de la foi pour l’Europe

Il voit donc dans l’Année de la foi « une occasion de grâce pour la foi de qui n’a pas la foi et pour la foi de qui l’a : une occasion de conversion de notre coeur renouvelée pour les croyants ».

C’est seulement avec cet objectif qu’il y aura aussi, insiste le cardinal Bagnasco, un « élan d’évangélisation », qui est aussi le « principe de  base de l’année  de la  foi », pour que chaque baptisé soit « renouvelé dans l’adhésion au Christ et à l’Eglise » : « si elle se donne cet objectif vécu alors l’Europe grandira », estime-t-il.

Il s’agit, en d’autres termes, de « redécouvrir » le « chemin d’unification » de l’Europe, conscient qu’il réclame des législations non  pas « contre l’homme, la famille et la vie », mais « pour l’homme, la vie, la famille ».

« Alors son chemin d’unification permettra une unification plus humaine », affirme l’archevêque.

Mais combattre ce scepticisme suppose aussi de discerner ce que l’Europe apporte à chaque nation. Pour l’archevêque de Gênes, « la première contribution de l’Europe est une attention sans préjugés, et une disponibilité à considérer également sans préjugés le fait chrétien et la culture qui en découle ».

Le point d’équilibre

« Inversement, ajoute-t-il, l’Europe peut s’enrichir » grâce à l’apport d’une nation comme l’Italie, qui peut l’aider aussi, à « renforcer la laïcité des institutions », non pas malgré sa foi, mais grâce à sa foi, à  « l’éclairer ».

Le patrimoine chrétien et catholique constitue, insiste l’archevêque,  « une grande richesse pour les deux, une grande richesse pour les personnes et les communautés ».

Pour ce qui est de l’aspect plus strictement politique de la construction européenne, il fait observer que « l’Italie ne peut se passer  de l’Europe pour résoudre ses problèmes et cela vaut pour tous les pays membres », dans la logique « de la complémentarité et de la globalisation » et du « chemin unitaire » que l’Europe a entrepris.

L’Italie peut être un stimulant pour la politique mais, dit-il, il est important de « trouver le point d’équilibre entre ce qui est le respect des histoires des peuples, la mise en valeur des identités et une vision : ce point d’équilibre n’est pas automatique mais il est indispensable ».

Il y a deux écueils, celui d’une trop grande « légèreté « : l’Europe ne serait plus qu’un coque vide, qu’un « nom » .

Autre écueil opposé : « la pesanteur » d’une institution continentale « qui humilie et suffoque » les nations avec leurs traditions, peu respectueuse des identités.