Anne Kurian

ROME, jeudi 27 septembre 2012 (ZENIT.org) – L’immigration des Philippins est une « ressource pout l’Europe vieillissante » mais aussi pour « le développement de leur pays d’origine ».

C'est ce qu'a déclaré le cardinal Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, ce jeudi 27 septembre 2012, lors de la 1ère Conférence sur les Philippins en Europe, « de la diaspora au dialogue », à Rome du 26 au 29 septembre 2012.

La Conférence est promue par le Conseil mondial de la diaspora Philippine (GFDC) et de la Commission des Philippins à l’étranger (CFO), avec le soutien entre autres de l’ambassade des Philippines à Rome et de l'Organisation internationale des migrations (IOM).

Des ressources dans une Europe vieillissante 

Confiant ses « souvenirs affectueux » des Philippines, où il a travaillé à la nonciature à Manille, le cardinal a rappelé que le dicastère pour les migrations « soutien les efforts pour aider les migrants philippins dans leur développement, leur intégration dans les pays d’accueil et leur réintégration à leur retour aux Philippines ». 

Il est « grand temps », a-t-il poursuivi, de « trouver des stratégies » qui leur donneraient la possibilité « non seulement d'être considérés comme des ressources dans une Europe vieillissante », mais aussi comme « des ressources pour le développement de leur pays d'origine ».

La migration venant des Philippines présente « aujourd’hui d’intéressantes caractéristiques », a constaté le cardinal, citant les chiffres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : environ 84% des travailleurs philippins expatriés (TPE) sont des jeunes migrants, entre 15 et 44 ans, qui ont émigré « à la recherche de meilleures opportunités » ou comme « enfants de migrants philippins ».

Par leur jeunesse, les immigrants philippins en Europe « aident ces nations à maintenir leur niveau de développement en fournissant des services qu’une population vieillissante, souffrant d'une pénurie de naissances, ne peuvent plus se permettre de maintenir », a fait observer le cardinal.

Cependant, si la « gestion de la migration philippine » se doit de « chercher à obtenir des part de marché du travail pour les travailleurs migrants philippins » et de « promouvoir et protéger leurs droits », il ne faut pas oublier leur pays d’origine : le cardinal a estimé en ce sens qu’il fallait « mettre davantage l'accent sur ​​le rôle que la migration internationale philippine peut jouer au profit du développement des Philippines », notamment en « encourageant l'utilisation des transferts de fonds pour les activités productives ».

Clés pour une juste intégration

Le pape est « profondément préoccupé » par la situation des jeunes migrants, a souligné le cardinal : ils appartiennent en effet à « deux cultures, avec les avantages et les difficultés que cela signifie ».

Cela leur donne « l'occasion de s'enrichir de l'expérience de la rencontre de traditions culturelles différentes », a-t-il expliqué. Mais ils sont aussi « confrontés au défi de ne pas vouloir perdre leur culture d'origine tout en désirant être pleinement inséré dans leur société d'accueil ».

Concernant les migrants philippins, le cardinal s’est réjoui de ce que « les liens familiaux philippins sont généralement solides et forts », et que la communauté philippine est « une famille accueillante ». Cela procure aux jeunes migrants philippins la « sécurité » et « facilite leur ouverture au dialogue interculturel », a-t-il ajouté.

Pour le cardinal, il est « nécessaire » de donner aux jeunes migrants la « possibilité de fréquenter l'école et l'université », pour leur « intégration dans le monde du travail et l'intégration sociale ».

Une « clé » pour une meilleure intégration est « d'apprendre la langue du pays d'accueil », de « connaître les lois de leur pays d'accueil » et de les respecter, a-t-il ajouté.

Le cardinal a également dénoncé le fait que « beaucoup de Philippins qui travaillent comme domestiques ou dans des emplois non qualifiés sont diplômés » : « Si on leur donne l’occasion, ils ont le potentiel pour faire mieux ».

Il a appelé enfin à « trouver des voies d'intégration et protéger les jeunes migrants contre toutes les formes de discrimination » en souhaitant que cette Conférence aide à « identifier les voies et moyens en vue de cette fraternité universelle entre tous, migrants et populations locales », afin d’atteindre « le bien commun de tous les peuples et les nations ».