Arménie: "Un voyage à grande signification œcuménique"

Historique du dossier Fides

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CITE DU VATICAN, Vendredi 21 septembre 2001 (ZENIT.orgZENIT.org) – La visite du pape Jean-Paul II pourrait être un événement décisif pour la communion entre catholiques et arméniens, estime l´agence Fides, qui présente un dossier très nourri sur le pays à l´occasion du voyage de Jean-Paul II. « C’est ce qui se dit dans la communauté chrétienne arménienne, heureuse d’accueillir le Pape dans un voyage à grande signification œcuménique », précise l´agence internationale qui est sous la houlette du P. Bernardo Cervellera et est un organe de la Congrégation pour l´Evangélisation des peuples. Nous reprenons l´essentiel du volet sur les relations œcuméniques.

L’esprit oecuménique était déjà vivant en Arménie à la moitié du Ve siècle, quand les princes des trois nations du Caucase (Arménie, Géorgie et Albanie caucasienne) se réunirent autour de saint Vartan Mamikonean et se rebellèrent contre la domination sassanide en défendant leur foi chrétienne. Les Arméniens ne considéraient comme étrangers dans l’Arménie classique, ni les chrétiens orientaux ni les chrétiens occidentaux: le terme « aylazgi », qui désignait l’étranger, en arménien classique, ne fut jamais utilisée pour désigner un chrétien. En arménien moderne, son usage est restreint aux personnes de foi musulmane. Les controverses sur les questions christologiques, après le Concile de Chalcédoine, n’interrompirent jamais les contacts des Arméniens avec les chrétiens de Perse, de Byzance, de Syrie, et plus tard, de Rome, indique Fides.

Le Caucase et l’Arménie ont été réceptifs pour l’oecuménisme grâce à la pluralité culturelle qui caractérisait la civilisation arménienne antique et médiévale, toujours selon la même source. Durant les premiers siècles du christianisme, la culture dominante en Arménie était une fusion de traditions occidentales helléniques et romaines, et de traditions orientales anatoliennes et iraniennes. Le pays se trouvait à la croisée des chemins de tribus émigrantes, de peuples, de religions et de cultures. Le christianisme lui-même a été introduit en Arménie par différents milieux, venant du sud-est et de l’ouest. L’Adiabene, l’Osroene, et la Cappadoce étaient les terres d’où sont venus les premiers missionnaires pour se rendre en Arménie

Pendant le Moyen-Age et au début de l’ère moderne, continue Fides, les Arméniens ne renoncèrent pas à l’esprit oecuménique, pour une autre raison encore : après la perte totale de leur souveraineté nationale, (en 428, sous l’empire perse), ils ont considéré l’Empire byzantin comme un rempart du christianisme.

Par la suite, sous les califes Abassides, alors que les prélats discutaient de questions théologiques, le peuple arménien , entouré de musulmans, considérait la foi chrétienne comme signe distinctif de sa propre identité.

L’esprit oecuménique a refleuri à l’époque moderne. Au XVIIIe siècle, on traduisait d’importantes oeuvres exégétiques et religieuses, du latin en arménien, et les Pères Méchitaristes arméniens de Venise y participèrent. Notons que des moines de cette congrégation, toujours vivante, a rendu visite au pape Jean-Paul II en juillet dernier.

Cette tendance s’est poursuivie jusqu’à nos jours, en sorte que le clergé arménien n’est pas étranger aux contenus culturels et théologiques occidentaux. Dans les dernières années du XIXe siècle, l´Eglise apostolique arménienne a repris la tradition antique d’envoyer en Occident les étudiants licenciés pour leur permettre d’obtenir le doctorat.

Après les souffrances de la première moitié du XXe siècle, c´est-à-dire, après le génocide de 1915, et après l’installation du régime soviétique, soit à partir de 1950, les prêtres et les étudiants arméniens recommencèrent à fréquenter les Universités en Europe et en Amérique.

Dans les années ´50, l’Eglise arménienne est entrée au Conseil mondial des Eglises et au Conseil national des Eglises, où elle travaille toujours activement. Le Concile Vatican II, auquel l’Eglise arménienne avait envoyé des observateurs, a eu un impact décisif sur les rapports entre l’Eglise de Rome et l’Eglise apostolique arménienne. Le dialogue a été repris avec un nouvel élan et il a eu entre autres fruits la visite officielle du Catholicos d´Etchmiadzine Vasken Ier au Pape Paul VI.

Après la chute de l’Union Soviétique, les rapports entre Rome et Etchmiadzine se sont encore resserrés. L’esprit oecuménique de Jean Paul II et l´ouverture de Karékine Ier ont offert à la cause de l´unité une contribution décisive : par une déclaration conjointe, chaque Eglise a reconnu officiellement l’orthodoxie de l’autre, et a accepté la validité de ses sacrements. L´Eglise arménienne est désormais considérée par l´Eglise catholique comme une « Eglise soeur ».

D’après le P. Jean Corbon, qui était un expert des Eglises orientales, « dans l’histoire du mouvement oecuménique, Karékine Ier est sans aucun doute un des serviteurs fraternels et désintéressés qui a contribué le plus à vivifier la communion entre les Eglises ». La Déclaration commune signée à Rome le 13 décembre 1996 par lui et par le Pape Jean Paul II, est historique ; elle avait pour but de dissiper les malentendus hérités du passé, sur la foi des deux Eglises dans la Sainte Trinité et dans le Verbe de Dieu fait chair.

Fides rappelle que dans un entretien publié en 2000, après sa mort, le Catholicos Karékine Ier déclarait :  » Dans le cours de notre histoire, l’esprit oecuménique n’a jamais fait défaut dans l’expérience de la foi chrétienne en Arménie, et surtout avec l’Eglise catholique romaine « .

Un voyage de Jean-Paul II en Arménie était programmé du 2 au 4 juillet 1999, lorsque la santé du Catholicos s´aggravant obligea à l´annulation le 11 juin. Le programme prévoyait déjà une visite au sanctuaire de Khor Virab ainsi que monument commémorant le génocide.

Rome a célébré le 1700e anniversaire de la conversion du peuple arménien au christianisme de différentes façons, avec différents messages de Jean-Paul II, mais aussi avec une exposition sur l’art arménien au Vatican, et, le 10 novembre 2000, avec le don par le pape de reliques de Saint Grégoire l’Illuminateur conservée dans un monastère à Naples.

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ZENIT Staff

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