Session inaugurale du Synode sur l'Amazonie, 7 octobre 2019 © Vatican Media

Session inaugurale du Synode sur l'Amazonie, 7 octobre 2019 © Vatican Media

Synode pour l’Amazonie: synthèse officielle de la 9ème Congrégation générale

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Le catéchuménat, la communication, l’écologie

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La deuxième semaine de travaux du Synode spécial des évêques sur l’Amazonie s’est ouverte au Vatican par la neuvième Congrégation générale ce 14 octobre 2019, à laquelle ont participé 179 pères synodaux sous la présidence du pape François. Parmi les thèmes abordés : le catéchuménat, la communication, l’écologie. Voici la synthèse officielle des interventions, rédigée par Vatican News.
Le synode est un Kairos, un temps de grâce: l’Église écoute, dans une attitude empathique et marche aux côtés des peuples de la forêt. Ces périphéries géographiques et existentielles ont reçu le don de contempler quotidiennement le «Fiat», la première parole de Dieu. La création est en fait une Bible verte qui révèle le Créateur et l’engagement écologique trouve son fondement le plus profond dans la célébration des sacrements.
Formation permanente et catéchuménat pour une Église «en sortie»
Compte tenu de la diminution significative du nombre de communautés religieuses dans la région, comme c’est le cas par exemple dans l’État de Parà au Brésil, où l’on passe d’une pastorale de présence à une pastorale de visite, on demande aux congrégations religieuses de retrouver leur enthousiasme missionnaire. En même temps, il est nécessaire d’offrir une formation constante et des chemins de catéchuménat basés non seulement sur des livres d’études, mais sur l’expérience du terrain en contact direct avec la culture locale. Avoir un visage amazonien signifie comprendre les signes et les symboles propres à ces peuples et vivre ensemble dans une perspective de dialogue et d’interculturalité, en encourageant l’approfondissement d’une théologie indienne, afin que la liturgie réponde de plus en plus à la culture locale. Cela implique un dynamisme, c’est-à-dire de sortir de nos structures et de nos perspectives. Dans certains cas, «l’Église en sortie» est déjà une réalité en Amazonie. Il existe de nombreux exemples de présence pastorale visant à encourager les peuples indigènes, oubliés par le monde, à prendre en main leur destin. Il ne faut en revanche jamais céder à la tentation d’une évangélisation basée exclusivement sur des programmes d’aide sociale. En même temps, l’Église est appelée à relever les défis posés, d’une part, par la prolifération des sectes religieuses et, d’autre part, par la culture relativiste portée par les pays industrialisés.
Contribution dans le domaine international
L’Église est appelée à faire entendre sa voix. Certains ont affirmé que les représentations pontificales pourraient continuer à jouer un rôle essentiel au sein des gouvernements et des organismes internationaux afin de promouvoir les revendications des peuples amazoniens concernant leurs droits à la terre, à l’eau et aux forêts. En outre, l’Église en Amazonie est appelée à promouvoir une économie circulaire qui respecte la sagesse et les pratiques locales. Elle a également appelé à la création d’un observatoire ecclésial international sur la violation des droits humains des peuples amazoniens. De là, l’exhortation adressée aux pays industrialisés afin qu’ils expriment une plus grande solidarité envers les pays dont l’économie est fragile, notamment parce qu’ils présentent un taux de pollution plus élevé. Le synode, avec une multiplicité d’interventions et d’idées émises au sein de la salle, renforce chez les participants l’idée d’une Église unie autour des défis de la région amazonienne. Chaque région du monde a, en quelque sorte, fait sienne l’Amazonie et les fruits de cette assemblée spéciale profiteront à l’Église universelle.
La communication favorise l’interconnectivité
L’Amazonie est un monde multiethnique, multiculturel et multireligieux où de nombreuses semences de la Parole ont déjà pris racine et portent leurs fruits. Il est souhaitable de créer un écosystème de communication ecclésiale panamazonien qui reflète l’interconnexion de l’humanité entière. L’idée est de tisser non pas tant un réseau de câbles qu’un réseau de personnes humaines. Les grandes difficultés de la mobilité dans cette région sans frontières exigent en effet, d’urgence, une plus grande efficacité et une plus grande capillarité des moyens de communication sociale. En même temps, il est nécessaire d’aider les personnes à lire de manière critique l’information diffusée de manière parfois superficielle par certains médias, en démasquant toute forme de manipulation, de distorsion ou de spectacularisation.
Ministères et discernement
La présence est fondamentale. Non seulement celle des prêtres et des évêques, mais aussi celle des collaborateurs laïcs, hommes et femmes. Un animateur, qu’il soit catéchiste, lecteur, aide-malades, diacre ou ministre extraordinaire de l’Eucharistie, exerce son sacerdoce baptismal quand il assume une attitude de service et non de pouvoir ou de domination. Les femmes sont les précieuses collaboratrices dans la mission de l’Église en Amazonie, irremplaçables dans le «soin samaritain», la garde et la protection de la vie. En même temps, l’urgence de la transmission de la foi a été soulignée dans le domaine de l’éducation, en motivant les jeunes à construire leurs propres projets de vie, en promouvant le soin de la Maison commune, en menant une lutte accrue contre le fléau de la traite des personnes, contre l’analphabétisme et l’abandon scolaire. Il faut aider les jeunes à intégrer les connaissances ancestrales aux savoirs les plus modernes afin qu’ils concourent tous deux au «bien vivre». Sous l’action de l’Esprit, cum Petrus et sub Petrus, l’Église est donc invitée à se convertir à une perspective amazonienne et à entreprendre sans crainte un discernement et une réflexion sur le thème du sacerdoce, en écoutant aussi l’hypothèse de l’ordination des hommes mariés, sans jamais diluer la valeur du célibat. Nous devons toujours garder à l’esprit la tragédie des populations qui ne peuvent pas célébrer l’Eucharistie faute de prêtres ou qui ne reçoivent le Corps du Christ qu’une ou deux fois par an. Une réflexion sur une éventuelle mise à jour de la Lettre apostolique Ministeria Quaedam de saint Paul VI a par exemple été suggérée. Il a également été proposé d’introduire des diacres et diaconesses permanents indigènes qui, par le ministère de la Parole, aideraient les populations locales à une meilleure compréhension des textes sacrés.
Protection de la Maison commune et exploitation irresponsable
L’idée de créer des communautés chrétiennes éco-interculturelles ouvertes au dialogue interinstitutionnel et interreligieux et enseignant de nouveaux styles de vie orientés vers la protection de la Maison commune a été également avancée.
On a dénoncé les dommages causés à l’environnement et à l’existence même des peuples par les compagnies pétrolières et forestières. De fait, les peuples autochtones ne tirent aucun profit de l’extraction des ressources, de l’exploitation forestière et minière de leurs terres. Il est donc nécessaire de dénoncer avec force la corruption rampante qui alimente les inégalités et les injustices et de se demander ce que nous laisserons aux générations futures. La grande menace que représente le trafic de drogue doit également être combattue, de même que toute connivence qui l’alimente.
Accès à la nourriture et respect des écosystèmes
Il y a aussi de la place pour la souveraineté alimentaire : chaque peuple a le droit de choisir ce qu’il veut cultiver, ce qu’il veut manger et comment garantir l’accès à la nourriture tout en respectant les écosystèmes. Une partie importante de la biodiversité agro-alimentaire de l’Amazonie est encore inconnue et a été préservée jusqu’à présent par les populations locales. Cette bio-diversité alimentaire ne peut pas finir par être exploitée par quelques-uns et déniée à la multitude, comme cela s’est produit sur le terrain médical, où les plantes et les principes actifs ont enrichi les multinationales pharmaceutiques, sans rien restituer à la population.

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Rédaction

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