Entrée de la Turquie dans l’Union européenne : Intervention des évêques allemands

Ils demandent une garantie des droits de l’homme et de la liberté religieuse

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ROME, lundi 18 octobre 2004 (ZENIT.org) – Le Cardinal Karl Lehmann, Président de la Conférence épiscopale allemande (DBK), a signé un document dans lequel il appelle l’Union européenne a mettre l’accent sur le plein respect des droits de l’homme et en particulier sur la garantie de la liberté religieuse, comme présupposé à une éventuelle entrée de la Turquie.

Le Document publié à l’issue de l’Assemblée plénière d’automne des évêques allemands, qui s’est tenue à Fulda du 20 au 23 septembre, souligne l’importance de « dénominateurs communs politiques, juridiques, économiques et sociaux » qui ont rendu possible le développement de l’UE, ajoutant que c’est justement « en raison de cela que la perspective de l’entrée de la Turquie, qui s’est ouverte avec le pacte d’adhésion de 1963, ne peut en aucun cas donner lieu à un droit d’entrée automatique ».

La Conférence épiscopale allemande fait ensuite référence a ce que l’on appelle les « critères de Copenhague » auxquels doivent se conformer tous les pays candidats à l’entrée dans l’Union européenne, incluant « la garantie totale des droits de l’homme » tout comme « la pleine liberté religieuse individuelle et d’association », « fondée sur la dignité de l’homme ».

En 1993, le Conseil européen de Copenhague reconnaissait aux pays d’Europe centrale et orientale le droit d’adhérer à l’Union européenne à la condition de satisfaire à trois critères : 1) politique : des institutions stables qui garantissent la démocratie, la prééminence du droit, les droits de l’homme et le respect des minorités ; 2) économique : une économie de marché qui a fait ses preuves; 3) l’assimilation des « acquis » communautaires : souscrire aux différentes finalités politiques, économiques et monétaires de l’Union.

« On doit s’assurer que les droits dont jouissent les musulmans turcs en Allemagne, seront, tout au moins progressivement, accordés également aux chrétiens en Turquie », ont-ils affirmé.

« Nous évêques, partons du fait que ceux qui sont chargés de prendre les décisions au sein de l’Union européenne, suivront à la lettre les critères d’entrée qu’ils ont eux-mêmes établis à Copenhague ».

« En ce qui concerne les manquements permanents relatifs aux droits de l’homme et à la liberté religieuse en Turquie, mentionnés la dernière fois en 2003 par la Commission européenne, la mise en œuvre des desiderata, et notamment de la liberté religieuse pour tous, comptera à l’avenir, et de manière particulière », ajoutent les évêques allemands.

En novembre 2003, Gunteer Verheugen, Commissaire européen chargé de l’élargissement, a présenté un document sur les progrès réalisés par la Turquie dans la perspective de son éventuelle adhésion. Ce document reconnaît les importants pas en avant réalisés par ce pays dans le domaine de la démocratie, notamment au niveau législatif, mais note dans le même temps l’existence de graves violations des droits de l’homme.

Au niveau de la liberté religieuse, le document énumére de graves restrictions imposées aux religieux et aux ecclésiastiques, qui ne bénéficient pas de la personnalité juridique et ne peuvent recevoir ni éducation ni formation religieuse ; ainsi qu’aux communautés religieuses, qui ne jouissent pas du droit de propriété.

Lors du sommet européen d’octobre prochain, la Commission sera appelée à se prononcer sur l’adaptation et l’ajustement ou non de la Turquie aux « critères de Copenhague », et dans l’affirmative, en décembre 2004, le Conseil européen devra décider si entamer les négociations avec ce pays en vue de son entrée dans l’Union européenne.

Le Rapport annuel des Droits de l’homme dans le monde, présenté le 25 février dernier par le Département d’Etat américain, affirme également qu’il y a encore des persécutions, des restrictions et des discriminations à l’égard des minorités religieuses, ainsi que des limitations à la liberté d’expression religieuse, en Turquie.

« La Conférence épiscopale allemande est convaincue que l’Union européenne continuera également dans l’avenir à considérer la liberté religieuse comme un droit central de l’homme et que celle-ci sera respectée comme une caractéristique fondamentale de l’Etat de droit démocratique de type européen », affirme enfin le document.

La Turquie a une population de près de 66 millions d’habitants dont 98% de musulmans. Les chrétiens représentent 0,6 % de la population. Ils sont répartis entre chrétiens orthodoxes, qui dépendent du Patriarcat œcuménique de Constantinople, et catholiques de rite arménien, latin, syro catholique, byzantin, maronite.

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ZENIT Staff

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