CITE DU VATICAN, Jeudi 7 octobre 2004 (ZENIT.org) – "Mémoire et identité" : le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, M. Joaquin Navarro-Valls revient, au micro de Radio Vatican, sur la présentation qu’il a faite hier à Francfort du nouveau livre de Jean-Paul II qui doit paraître début 2005. Les revenus de la vente seront attribués à des œuvres de charité, selon l’habitude de Jean-Paul II.

Le livre constitue une enquête serrée sur les drames du XXe siècle, résultat de conversations de Jean-Paul II avec les deux intellectuels polonais Krzysztof Michalski et Jozef Tischner, depuis 1993.

Jean-Paul II réfléchit aux racines des totalitarismes qui ont déchiré le siècle passé, comme une "grande éruption du mal".

Le nazisme, auquel, constate le pape, "Dieu a concédé douze ans d’existence et douze ans après, le système s’est écroulé". On voit, poursuit le pape, ce qui était "la limite imposée par la Providence divine, à une pareille folie". Il ajoute, "en vérité ce n’était pas une folie, c’était une bestialité".

Quant au communisme, "il a survécu plus longtemps et il a encore devant lui une perspective de développement", constate le pape en réfléchissant à l’après-guerre et en affirmant : tout cela doit avoir un sens. Un sens qui se retrouve dans le rôle joué par le communisme pour la défaite du nazisme, explique le pape. "Ce qui faisait penser, souligne le pape que ce mal était d’une certaine façon nécessaire au monde et à l’homme".

Justement, les phrases de Jean-Paul II concernant le communisme sont celles qui font le plus discuter : "un mal en quelque sorte nécessaire". Explication de M. Joaquin Navarro-Valls.

"IL faudrait, lorsque le livre sera publié, lire entièrement le paragraphe où le pape exprime ce type de pensée. On ne peut pas "réduire" son propos et dire : "ceci est bon ou moins bon". Le pape part de cette idée classique, par exemple dans la pensée de saint Thomas d’Aquin, où le mal est vu surtout comme absence de bien. Mais ce qui arrive parfois, c’est que l’absence du bien n’est pas totale et qu’il reste une parcelle, quelque chose de bien. C’est justement à partir de ce concept que le pape arrive à parler des thèmes comme le nazisme, le communisme, etc.".

Une vision de l’histoire où Dieu sait toujours tirer le bien du mal accompli par l’humanité ? "Effectivement, répond M. Navarro Valls. C’est peut-être une pensée formulée pour la première fois par saint Paul. La grande vertu de ce livre est que le pape établit un lien très étroit entre cette pensée et les réalités, et si l’on ne les comprend pas depuis cette perspective, elles restent incompréhensibles".

M. Navarro-Valls se dit frappé par "l’optimisme" de cette pensée du pape : "Un optimisme chrétien même face aux grands maux et aux tragédies dans lesquelles l’Europe a été en partie victime et en partie actrice pendant le siècle passé".

L’édition italienne a été confiée à Rizzoli, mais où iront les bénéfices du livre ? "Le pape ne l’a pas encore dit explicitement", expliquait son porte-parole. Il précisait : "Je crois qu’on appliquera le même critère utilisé pour les livres précédents. Tous les revenus des œuvres littéraires qu’il a publiées sont destinés par le pape aux œuvres de charité dans différents domaines. Il y a tant de projets et de besoins en Afrique par exemple. Je me souviens que "Le seuil de l’Espérance" a eu un succès énorme – 20 millions d’exemplaires ont été vendus – et le pape a destiné une partie importante de ces revenus à la reconstruction des églises dans les pays dévastés par la guerre des Balkans. Cette fois aussi, je crois qu’ils seront également destinés à des œuvres de charité dans différentes régions du monde".

Cette année le plus grand salon du livre au monde, la Foire du livre de Francfort (cf. le site en allemand et en anglais, http://www.frankfurt-book-fair.com/en/portal.php) rassemble quelque 6.600 exposants et 335.000 livres.