Sœur Mariam de Jésus-Crucifié, « le petit rien » proclamée sainte

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La vie de la carmélite palestinienne sœur Mariam de Jésus-Crucifié s’est déroulée entre des travaux fatigants et des expériences extraordinaires. Elle a reçu les stigmates de la Passion de Jésus. Elle se considérait comme un « néant » devant Dieu : un « petit rien ». 

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« Le petit rien », ainsi s’appelait la sœur Mariam de Jésus-Crucifié (1846 – 1878) qui a été béatifiée le 13 novembre 1983 par le pape Jean Paul II et qui sera canonisée ce dimanche 17 mai à Rome par le pape François avec trois autres saintes de Palestine, de France et d’Italie.

 « L’humilité est heureuse d’être un rien, elle ne s’attache à rien, elle ne se fatigue jamais du rien. Elle est contente, heureuse, partout heureuse, satisfaite de tout… Bienheureux les petits ! », disait la petite carmélite palestinienne qui a eu une vie courte et remplie de grâces, comme le précise l’Association Notre Dame du Carmel en Israël.

Mariam Baouardy est née le 5 janvier 1846 dans un petit village de Galilée dans une famille chrétienne de rite gréco-catholique. Restée très tôt sans parents, une fille vit une union parfaite avec la nature et toute la création qui l’entoure.

« Une expérience d’enfant est décisive pour sa vie à venir : elle joue avec deux petits oiseaux et veut leur faire prendre un bain… mais ceux-ci n’y résistent pas et meurent entre ses mains. Toute triste, elle entend alors intérieurement cette parole: « Vois, c’est ainsi que tout passe; mais si tu veux me donner ton cœur, je te resterai toujours ». »

À l’âge de 12 ans, Mariam apprend que son oncle, chez qui elle vit depuis la mort de ses parents,  veut la marier, mais, « décidée à se donner tout entière au Seigneur, elle refuse ». Après menaces et humiliations, la jeune fille se confie au serviteur de la maison qui est musulman espérant trouver de l’aide. Il lui propose de quitter les chrétiens et de devenir musulmane. Lorsque Mariam refuse, le serviteur, se mettant en colère, « lui tranche la gorge, puis l’abandonne dans une ruelle sombre ».

Mariam est sauvée par une « jeune femme qui ressemblait à une religieuse » et qui l’a soignée pendant 4 semaines. Plus tard, sœur Mariam disait qu’après sa guérison la Vierge Marie elle-même l’avait emmenée dans une église et l’avait laissée là-bas.

Elle travaille alors en tant que servante dans des familles pauvres avant de se retrouver à Marseille en 1865. Là elle est accueillie au noviciat des Sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition. Ainsi, son désir profond de se donner au Seigneur commence à se réaliser.

Malgré sa faible santé, elle est toujours prête à effectuer les travaux les plus durs et les plus fatigants : elle partage son temps entre la lessive et la cuisine. Cependant, « deux jours par semaine, elle revit la Passion de Jésus, reçoit les stigmates (que, dans sa simplicité elle croit être une maladie), et toutes sortes de grâces extraordinaires commencent à se manifester », continue la même source.

Cependant, Mariam n’est pas admise dans la congrégation. les circonstances la tournent vers les carmélites.

En 1870, elle part, avec un petit groupe, fonder le premier monastère de carmélites en Inde, à Mangalore. Elle continue à affronter les « travaux les plus lourds et les troubles toujours liés à une nouvelle fondation », mais sa vie secrète est pleine d’expériences extraordinaires et étonnantes. Ces extases durant lesquels les sœurs voient Mariam « avec un visage rayonnant » créent une atmosphère tendue dans le monastère et « des incompréhensions commencèrent alors à se produire autour d’elle, mettant même en doute l’authenticité de ce qu’elle vivait ».

Mariam émet cependant ses vœux au terme de son noviciat, le 21 novembre 1871. Et, quelques mois plus tard, on l’envoie au Carmel de Pau de Terre Sainte. C’est dans ce monastère qu’elle reçoit son nom religieux de sœur Mariam de Jésus Crucifié. Elle y trouve amour et compréhension de la part des sœurs qui apprécient sa générosité et sa simplicité.

Lors de certaines extases, sœur Mariam, qui est presque illettrée, improvise « des poésies d’une grande beauté » « où la création entière chante son Créateur » comme celui-ci : «  Tout le monde dort. Et Dieu, si rempli de bonté, si grand, si digne de louanges, on l’oublie!…Personne ne pense à lui!… Vois, la nature le loue; le ciel, les étoiles, les arbres, les herbes, tout le loue; et l’homme, qui connaît ses bienfaits, qui devrait les louer, il dort!… Allons, allons réveiller l’univers ! »

Peu après son retour de l’Inde, elle commence à parler de la fondation d’un Carmel à Bethléem. Les obstacles sont nombreux, mais l’autorisation est donnée par Rome, et, le 20 août 1875, un petit groupe de sœurs « s’embarque pour cette aventure. Le Seigneur lui-même guide Mariam pour le lieu et la construction ».  La communauté s’installe dans les lieux dès le 21 novembre 1876, pendant que les travaux se poursuivent.

Seule à parler l’arabe, Sœur Mariam « surveille des travaux sous une chaleur étouffante. En portant à boire aux ouvriers, elle tombe dans un escalier et se brise un bras. La gangrène va s’y mettre très rapidement et elle meurt en quelques jours, le 26 août 1878, à 32 ans », conclut la même source.

 

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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