Palestine : pour une paix juste et durable et la solution de deux États

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Un entretien de L’Osservatore Romano avec le sous-secrétaire pour les Relations avec les États, Mgr Camilleri, à propos de l’accord imminent avec l’Etat de Palestine et l’accord en cours de négociation avec Israël.

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Le Saint-Siège encourage la communauté internationale à une « action plus incisive pour contribuer à la réalisation d’une paix durable et à la solution espérée des deux États », Israël et la Palestine.

A propos de la préparation de l’Accord bilatéral entre le Vatican et la Palestine, L’Osservatore Romano en italien du 14 mai publie cet entretien avec Mgr Antoine Camilleri, sous-secrétaire du Saint-Siège pour les Relations avec les États et chef de la délégation du Saint-Siège. Il a été communiqué aux journaliste par la Salle de presse du Saint-Siège.
Mgr Camilleri a participé à la réunion plénière de la « Commission bilatérale du Saint-Siège et de l’État de Palestine » qui a eu lieu au Vatican ce 13 mai 2015. Une déclaration conjointe a été publiée à l’issue de la rencontre, avec l’utilisation du terme « Etat de Palestine » que commente Mgr Camilleri. Il évoque aussi les accords avec Israël.

Voici notre traduction intégrale de l’entretien.

L’Osservatore Romano – D’où vient cet accord et quel est son but ?

Mgr Antoine Camilleri – Cette entente est le fruit de l’accord de base entre le Saint-Siège et l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), signé le 15 février 2000. Les relations officielles entre le Saint-Siège et l’OLP ont été établies le 26 octobre 1994 et, à la suite de cela, une commission bilatérale permanente de travail a été constituée pour mener les négociations pour l’accord de 2000. Celui-ci liste, entre autres, diverses questions concernant la vie de l’Église et d’autres questions d’intérêt commun. Dans l’accord, il est prévu que la commission poursuive ses travaux et propose la manière de développer les thèmes abordés, une tâche qui ne s’est déroulée de manière continue qu’après le pèlerinage de Benoît XVI en Terre Sainte, en 2009. Les négociations reprises en 2010 ont conduit à l’élaboration de l’accord actuel dont le but est de compléter celui qui a été signé en 2000. Comme tous les accords que signe le Saint Siège avec différents États, l’accord actuel a pour but de favoriser la vie et l’activité de l’Église catholique et sa reconnaissance au niveau juridique, afin qu’elle puisse rendre un service plus efficace à la société.

Pouvez-vous nous dire quelque chose du contenu ?

Le texte a un préambule et un premier chapitre sur les principes et les normes fondamentales qui sont le cadre dans lequel se déroule la collaboration entre les parties. Y est exprimé, par exemple, le souhait que soit trouvée une solution à la question palestinienne et au conflit entre Israéliens et Palestiniens dans le cadre de la Solution à deux États et des résolutions de la communauté internationale, renvoyant à une entente entre les parties. Suit un second chapitre important sur la liberté religieuse et la liberté de conscience, très élaboré et détaillé. Il y a ensuite d’autres chapitres sur divers aspects de la vie et de l’activité de l’Église dans les Territoires palestiniens : sa liberté d’action, son personnel et sa juridiction, le statut personnel, les lieux de culte, l’activité sociale et caritative, les moyens de communication sociale. Un chapitre est enfin dédié aux questions fiscales et de propriété. En somme, différents aspects de l’activité de l’Église.

Et pourrait-il servir de modèle pour d’éventuels accords avec d’autres pays à majorité musulmane ?

Tout accord que le Saint-Siège établit avec d’autres sujets de droit international cherche à s’adapter à la situation concrète du pays en question. Dans ce cas, s’agissant de la présence de l’Église sur la terre où est né le christianisme, l’accord a une valeur et une signification tout à fait particulières. Le fait que l’on y reconnaisse clairement, entre autres choses, la personnalité de l’Église et la liberté religieuse et de conscience peut être suivi par d’autres pays, y compris par ceux à majorité musulmane, et cela montre qu’une telle reconnaissance n’est pas incompatible avec le fait que la majorité de la population du pays appartienne à une autre religion.

Un accord de droit international qui concerne la vie de l’Église sur place : quelle est l’opinion de l’Église locale et comment a-t-elle été impliquée dans les tractations ?

Comme vous l’avez souligné, l’accord a été stipulé par le Saint-Siège en tant que sujet de droit international, mais dans le but de protéger et de favoriser l’activité de l’Église sur place. La délégation du Saint-Siège, qui a participé aux réunions de la commission bilatérale de travail et qui a eu l’honneur de présider ces deux dernières années, compte parmi ses membres non seulement le représentant pontifical, les supérieurs et les officiels de la Secrétairerie d’État et de la Congrégation pour les Églises orientales, mais aussi des représentants de l’Église locale, des diverses communautés et des différents rites. En outre, les évêques et les responsables de ces communautés ont été entendus à tout moment des tractations et leurs suggestions ont été accueillies et présentées à la contrepartie. Cela a été un travail d’équipe qui exprime la façon de sentir de l’Église locale qui entretient de bons rapports avec les autorités palestiniennes et qui se réjouit d’atteindre cet objectif.

Y a-t-il aussi des négociations en cours avec l’État d’Israël ? Y a-t-il une relation entre les deux accords ?

Les négociations avec l’État d’Israël ont connu un développement important à partir de juillet 1992 et de la constitution, dans ce cas-là aussi, d’une commission bilatérale de travail entre les parties. Celle-ci a conduit à l’élaboration et ensuite à la signature de l’accord fondamental entre les parties en décembre 1993, auquel a fait suite l’établissement des relations diplomatiques en juin 1994. Des ententes ultérieures y étaient prévues pour aborder certaines questions concrètes. Il y a eu ensuite un accord sur la personnalité juridique des institutions catholiques (Accord sur la personnalité légale), signé en novembre 1997. Ensuite, depuis mars 1999, sont en cours les négociations en vue de la conclusion du fameux Accord économique, qui est presque prêt et qui pourra, j’espère, être bientôt signé au bénéfice des deux parties. S’agissant de différentes questions techniques plutôt détaillées, dans lesquelles sont impliqués différents dicastères, les tractations ont pris plus de temps que prévu, parce que les travaux ont aussi parfois été ralentis par d’autres facteurs. Cependant, même si les deux accords, celui avec les Israéliens et celui avec les Palestiniens, concernent la présence de l’Église en Terre Sainte, il s’agit de deux ententes indépendantes l’une de l’autre.

L’entente de 2000 avait été signée entre le Saint-Siège et l’OLP, celle-ci entre le Saint-Siège et la Palestine. Pourquoi ce changement ?

Le 29 novembre 2012, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté la résolution qui reconnaît la Palestine comme État observateur non membre des Nations Unies, et le même jour, le Saint-Siège, qui a lui aussi le statut d’observateur à l’ONU, a publié une déclaration : il s’est réjoui du résultat du vote, dans le cadre des tentatives pour donner une solution définitive, avec le soutien de la communauté internationale, à la question déjà abordée avec la résolution 181 du 29 novembre 1947 de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui prévoyait la création de deux États dont, jusqu’à présent, un seul a vu le jour. On y signalait en outre que l’on ne pouvait répondre de manière adéquate aux
problèmes existant dans la région qu’en s’engageant effectivement à construire la paix et la stabilité dans la justice et dans le respect des aspirations légitimes des Israéliens comme des Palestiniens, par la reprise en bonne foi des négociations. La référence à l’État de Palestine et ce qui est affirmé dans l’accord sont donc dans la continuité de ce qu’a été alors la position du Saint-Siège.

L’accord pourrait-il avoir des répercussions dans le monde politique ?

Même de manière indirecte, il serait positif que l’accord puisse d’une certaine façon aider les Palestiniens à voir établi et reconnu un État de la Palestine indépendant, souverain et démocratique vivant en paix et en sécurité avec Israël et ses voisins, tout en encourageant d’une certaine façon la communauté internationale, en particulier les parties plus directement concernées, à entreprendre une action plus incisive pour contribuer à la réalisation d’une paix durable et à la solution espérée des deux États. Ce serait une belle contribution à la paix et à la stabilité dans une région qui souffre des conflits depuis trop longtemps ; pour leur part, le Saint-Siège et l’Église locale sont désireux de collaborer à un chemin de dialogue et de paix.

© L’Osservatore Romano en italien du 14 mai 2015

© Traduction de Zenit, 14 mai 2015, Constance Roques

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ZENIT Staff

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