Traduction d’Hélène Ginabat

ROME, vendredi 12 octobre 2012 (ZENIT.org) – L’archevêque anglican Rowan Williams estime que le concile Vatican II « a été extrêmement important » aussi pour les autres confessions chrétiennes : il s’en explique dans cet entretien accordé au service en anglais de Radio Vatican.

Le Rév. Rowan Douglas Williams, archevêque de Canterbury, primat de la communion anglicane, et invité spécial de Benoît XVI au synode des évêques, est intervenu au cours de la cinquième congrégation générale mercredi 10 octobre, dans l’après-midi (cf. Zenit de ce 12 octobre 2012). Il a aussi participé à la messe d’ouverture de l’Année de la foi célébrée par Benoît XVI le lendemain, 11 octobre, place Saint-Pierre.

Quelle a été l’importance de Vatican II pour le monde anglican ?

Rév. Rowan Williams – Cela a été extrêmement important. J’étais adolescent lorsque le concile a commencé ; j’étais anglican pratiquant et ce qui a été assez insolite, fascinant et même étrange, mais qui a certainement ouvert une porte à tout le monde, c’est je crois l’effet que cet événement a eu sur moi et sur d’autres. Nous pouvions voir les dynamiques du concile. Au lieu de voir une institution repliée sur elle-même, nous voyions une transparence dans l’Eglise catholique romaine ; naturellement, c’était profondément lié au pape Jean XXIII, qui a été un don pour tous les chrétiens, et c’est devenu quelque chose à conserver précieusement.

Et à cause du concile Vatican II, à cause des réformes liturgiques, je pense que d’autres Eglises ont commencé à repenser certaines façons de faire qui leur étaient propres. Cela a donc été extrêmement important pour tout le monde.

Cela a donné aussi un élan pour l’œcuménisme. Mais ensuite, avec le temps, certaines difficultés sont réapparues. Etes-vous un peu décu ?

Parfois, oui, je suis déçu. Mais d’autre part, si je regarde en arrière, dans les années soixante, je me souviens qu’à cette époque nous croyions que tout était possible, dans l’Eglise, dans le monde politique, dans les relations internationales ; il y avait une grande impatience et une certaine ingénuité par rapport à toutes ces questions. Mais il faut dire aussi que dans les années cinquante, quand j’étais enfant, il aurait été impensable de prier avec les catholiques romains comme nous le faisons aujourd’hui ; c’est donc quelque chose dont on peut être fier. Par conséquent, le fait d’être arrivé à comprendre que, d’une certaine façon, nous nous appartenons, est irréversible. Naturellement, ce serait merveilleux si nous avions fait de plus grands pas en avant, vers quelque chose de plus concret…

L’œcuménisme est-il encore une priorité pour l’Eglise d’Angleterre aujourd’hui, avec tous les autres problèmes internes apparemment plus urgents ?

Est-ce que nous nous intéressons à l’unité de l’Eglise ? Certainement, nous devrions. La vraie question est de savoir ce que signifie être l’Eglise de Dieu. C’est la question  que nous nous posons au sein de la famille anglicane et c’est celle que doivent se poser les autres dénominations.

Une des questions au centre du débat chez les anglicans est celle des femmes ordonnées évêques. Où cela va-t-il mener ?

Nous trouverons une solution acceptable pour tous dans l’Eglise d’Angleterre. Ce sur quoi les évêques travaillent ces derniers mois est d’essayer de trouver un équilibre qui soit suffisamment généreux envers la minorité et suffisamment clair sur les principes pour n’éloigner personne.