ROME, Mardi 5 février 2008 (ZENIT.org) – L’occident n’est plus une terre chrétienne comme il l’a été ; les paroisses représentent une minorité et doivent donc se remettre en question. Le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, a proposé quelques exemples concrets de changements d’attitude constatés dans les paroisses de son diocèse.
Le cardinal autrichien est intervenu dans le cadre du colloque sur « Paroisses et nouvelle évangélisation » organisé à Rome du 30 janvier au 1er février. Il a expliqué, à travers son expérience personnelle, en particulier la « mission citadine » de 2003 à Vienne, comment une paroisse peut devenir missionnaire.
« Il faut beaucoup aimer la paroisse ! » s’est exclamé le cardinal, car « la paroisse, c’est le peuple de Dieu avec toutes ses forces et ses faiblesses… c’est une communauté faite de jeunes et de vieux… à plusieurs vitesses ! »
Le cardinal Schönborn a expliqué que la paroisse a beaucoup évolué au cours des 50 dernières années.
« Dans mon enfance, le village était la paroisse. Tout le monde allait à la messe le dimanche… », a-t-il expliqué en ajoutant qu’aujourd’hui, en revanche, la paroisse représente une minorité.
Le cardinal a précisé que dans les paroisses règne souvent une ambiance chaleureuse, mais que celles-ci sont malheureusement parfois trop fermées.
« Après la messe, on prend un café, a-t-il expliqué. On est bien dans les paroisses, il y fait bien chaud mais on tourne le dos à l’extérieur, et si vous ne faites pas partie du cercle, de la communauté, vous n’y entrez pas ».
L’archevêque de Vienne a également souligné la difficulté du manque de prêtres et de convaincre parfois les fidèles à se déplacer pour assister à l’Eucharistie lorsque celle-ci n’est plus célébrée dans les petites paroisses.
« Il est impensable qu’on se déplace le dimanche de 3 kilomètres pour l’Eucharistie ! Il faut qu’il y ait une Eucharistie dans le village, sinon on fait une ADAP [Assemblée dominicale en l’absence de prêtre, ndlr] », a-t-il déploré.
Le cardinal Schönborn a raconté que la Communauté de l’Emmanuel lui a proposé un jour l’idée d’une mission dans la ville, projet qui avait également été soumis au cardinal Lustiger de Paris, au cardinal Policarpo de Lisbonne et au cardinal Danneels de Bruxelles.
« C’est de là qu’est né notre projet des missions citadines, a expliqué le cardinal Schönborn. J’étais enchanté et preneur mais je me disais : que vont dire nos paroisses, nos laïcs, nos curés, nos prêtres ? Vont-ils accepter ce défi ? »
Sur les 172 paroisses de la ville, le cardinal espérait une participation d’au moins 30 paroisses. En définitive, 108 y ont participé.
« Le miracle, ce sont de toutes petites choses, mais qui sont très importantes car elles ont changé la perspective », a-t-il souligné.
L’archevêque de Vienne a cité quelques exemples concrets de changements d’attitude dans les paroisses.
Tout d’abord, celui d’une paroisse qui avait l’habitude de faire son café après la messe.
« Au lieu de le faire dans les locaux de la paroisse, ils ont décidé de mettre une tente devant l’église et ont constaté tout naturellement qu’on peut s’adresser aux gens qui passent et les inviter à prendre un café. Pour la première fois, ils ont fait une vraie expérience missionnaire : s’adresser à quelqu’un en l’invitant… même si ce n’était peut-être pas tout de suite pour un discours sur l’Evangile ».
Le cardinal autrichien a raconté par ailleurs qu’au cours de la mission citadine, pour la saint Valentin quelque 150.000 ou 200.000 « lettres d’amour » ont été distribuées aux gens dans le métro. Un membre de l’équipe d’organisation a écrit le texte. « Il s’est mis à la place du Bon Dieu et a imaginé ce qu’Il écrirait à x et y… », a expliqué le card. Schönborn.
« Ce genre d’action est entré dans les coutumes des paroisses, a-t-il constaté. Certains membres de nos paroisses n’ont pas peur d’aller dans le métro distribuer des lettres d’amour de Dieu… ».
« C’est un début, a conclu le cardinal. Ce sont des premiers pas de la mission mais ce qui manque encore beaucoup c’est que ce soit l’amour du Christ qui nous pousse, et que ce soit vraiment une évangélisation ».
En réponse à la question d’un participant sur l’expérience de collaboration entre prêtres et laïcs dans les paroisses, le cardinal Schönborn a déploré une « cléricalisation des laïcs et une laïcisation du clergé ». « Il faut encourager les prêtres à être les pasteurs de leur communauté. Cela ne veut pas dire qu’ils soient des dictateurs mais des pasteurs selon le cœur de Jésus. Ils doivent diriger, conduire. Le prêtre doit bien sûr collaborer avec les laïcs dans tous les domaines, fraternellement, mais aussi avec clarté. C’est lui qui représente le Christ, tête de la communauté », a-t-il dit.
Et en réponse à une question sur la possibilité de laisser des « viri probati », (des hommes mariés qui auraient fait preuve d’une aptitude à devenir prêtres par la qualité de leur engagement chrétien), accomplir le ministère des prêtres dans l’Eglise, il a répondu : « C’est une décision grave que le pape aurait le pouvoir de prendre, mais je ne pense pas qu’il le ferait. L’appel au sacerdoce est la suite du Christ dans son état de célibataire, dans son état d’obéissance, de pauvreté et de chasteté. Il y a une profonde convenance – ce n’est pas une nécessité ; les théologiens distinguent la nécessité et la convenance -, quelque chose de profondément juste à ce que le prêtre dans son ministère de représenter le Christ pasteur pour sa communauté soit dans ce don de tout son être sous la forme que Jésus a librement choisie pour lui-même. C’est une ‘convenance’ et je crois qu’elle est profonde ».
Gisèle Plantec