ROME, Mardi 5 février 2008 (ZENIT.org) - Le cardinal Vanhoye, jésuite, et dont le blason cardinalice prote la devise « Uni à ton Cœur » prêche cette année la retraite au Vatican.

La retraite annuelle du pape et de la curie commence dimanche prochain 10 février, par les vêpres (suivies de la première méditation, de l'adoration et de la bénédiction eucharistiques) et s'achève le samedi suivant, 16 février, après les laudes.

La prédication a été confiée au cardinal français Albert Vanhoye, sj, bibliste, ancien secrétaire de la Commission biblique internationale, et en tant que tel collaborateur du cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui était ipso facto président de cette commission : le P.Vanhoye est aussi ancien recteur de l'Institut biblique pontifical.

Il est un spécialiste de l'Epître aux Hébreux d'où est tiré le thème - sacerdotal - de la retraite : « Dans le Christ reconnaissons notre grand prêtre. Ayant un prêtre souverain qui a traversé les cieux, Jésus le Fils de Dieu, tenons ferme notre profession de foi ».

Pendant cette retraite, comme chaque année, il n'y a aucune audience, privée ou générale.

A de nombreuses générations de jeunes

Créé cardinal par Benoît XVI lors du concistoire de 2006, il avait été salué par le pape en ces termes : « Je rends grâce pour le travail exégétique fécond du cardinal Vanhoye, qui s'est attaché à scruter la Parole de Dieu et à transmettre avec patience son savoir à de nombreuses générations de jeunes, leur donnant ainsi les moyens de vivre de l'Évangile et d'en être les témoins ».

Le pape avait également dit de lui le 22 février 2006, lors de l'audience générale : il a été « avec un grand mérite recteur de l'Institut biblique pontifical et secrétaire de la Commission biblique pontificale. Un grand exégète ».

Le cardinal Vanhoye confiait alors au micro de Radio Vatican (cf. Zenit du 31 mars 2006) : « Pour moi, devenir cardinal c'est avant tout être lié au Saint-Père d'une manière spéciale. C'est une chose très exigeante parce que je dois porter avec le Saint-Père les préoccupations et les perspectives de la vie de l'Eglise ».

Le cardinal Vanhoye a ajouté : « Le rouge est la couleur de l'amour, du feu, c'est la couleur aussi de la Passion. On dit que les cardinaux doivent être prêts aussi à répandre leur sang - le rouge est la couleur du sang - et donc, avoir une consécration complète au Royaume du Christ ».

Dieu est amour

A propos de la première année de pontificat de Benoît XVI, le cardinal Vanhoye faisait observer : « Le Saint-Père a commencé son ministère avec un engagement très profond, et avec la première encyclique, il a manifesté son orientation fondamentale, c'est-à-dire, répéter que Dieu est amour, et manifester cet amour non seulement avec des sentiments mais aussi avec des actes concrets qui soulagent les besoins du monde. Cette encyclique m'a semblé très significative et elle correspond au caractère du pape qui a un tempérament très affectueux, plein de sensibilité, de délicatesse et de générosité. Et donc, le choix du thème de sa première encyclique qui, d'autre part, met vraiment le doigt sur la chose la plus essentielle de toute notre foi : Dieu est Amour ».

A propos de l'invitation du pape à la « Lectio divina », l'exégète répond : « La Lectio divina est une forme de méditation et de prière vraiment féconde. La prière chrétienne risque d'être trop loin de la Parole de Dieu. Au contraire, lorsque l'on veut prier, la première chose à faire est accueillir la Parole de Dieu parce que la prière est avant tout dialogue avec le Seigneur. Donc la Lectio divina requiert avant tout attention au texte de l'Ecriture, qui est Parole de Dieu, puis la méditation pour arriver ensuite à l'union profonde avec le Seigneur dans sa lumière et dans son amour ».

Un effort de recueillement

Mais comment écouter la Parole de Dieu dans le brouhaha de la vie quotidienne ? « Il est clair, répond le cardinal Vanhoye, que cela demande un effort de recueillement. Une personne ne peut pas avoir de croissance normale si elle ne prend pas un peu de temps pour penser, pour réfléchir, pour méditer, autrement, on se laisse prendre par ce tumulte de la vie quotidienne qui, en réalité, prive la personne humaine de sa vie intérieure, et donc la vide, fait vraiment d'elle non plus une personne humaine, mais seulement un objet ballotté de-ci et de-là par les courants de l'actualité. Donc, pour la vie spirituelle, il est absolument fondamental de savoir prendre un peu de distance... pour avoir un contact plus profond avec le monde ».

La Parole de l'Evangile qui frappe le plus le cardinal Vanhoye est : « Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez en mon amour ».

Il explique : « C'est la parole qui me semble la plus éclairante et aussi la plus réconfortante : savoir que l'amour vient de Dieu, passe à travers le Cœur du Christ et nous rejoint. Nous devons rester dans l'amour grâce à une adhésion pleine d'amour à la volonté de Dieu et grâce à un service plein d'amour pour nos frères et sœurs ».

L'actualité de la dévotion au Cœur du Christ

Dans un entretien  accordé à l'Apostolat de la Prière (cf. Zenit du 23 juin 2006), le cardinal Vanhoye a aussi expliqué combien la dévotion au Cœur de Jésus est actuelle : son blason cardinalice porte la devise « Cordi tuo unitus » (« Uni à ton Cœur »).

Et ceci « pour deux raisons : une raison personnelle et une raison apostolique », explique-t-il.

« La raison personnelle remonte à mon enfance, a confié le cardinal Vanhoye. J'ai été éduqué dans un institut du Sacré-Cœur de 4 à 11 ans puis au petit séminaire du diocèse de Lille, dans le nord de la France, où nous faisions l'offrande quotidienne de l'Apostolat de la Prière. Ma dévotion au Cœur de Jésus a commencé précisément à cette période et elle s'est renforcée avec ma vocation à devenir jésuite. Lorsque j'étudiais la philosophie, je faisais partie d'un petit groupe qui en approfondissait les différents aspects et au terme de ma formation, cette orientation s'est encore consolidée. Dans le choix de cette devise il y a également une raison apostolique, celle de suggérer le même comportement spirituel à tous ceux qui la liront. « Uni à ton Cœur » exprime en effet à la fois une intention et une prière : l'intention de vivre uni au Cœur de Jésus en pensée, action, affection et paroles et en même temps une invocation humble et confiante car nous ne pouvons pas obtenir cette union par nous-mêmes, mais il s'agit d'une grâce tellement désirable ».

Il souligne l'actualité de la dévotion au Sacré Cœur en disant : « Il ne s'agit absolument pas d'une dévotion dépassée. Elle est actuelle et même essentielle, si elle est bien comprise. Sans cette union nous ne pouvons pas vivre pleinement l'amour qui vient de Dieu ni devenir humbles. Nous courons même le risque de n'entretenir que l'orgueil et la fierté. Par ailleurs, c'est l'Evangile lui-même qui nous présente une religion du cœur, loin de tout ce qui est extérieur. Il faut également dire que la dévotion au Cœur de Jésus possède une forme populaire qui ne correspond pas toujours à cette orientation, mais je pense que l'on peut faire beaucoup pour que celle-ci devienne de plus en plus importante ».

Anita S. Bourdin