Messe de minuit : Noël, « une fête de la création restaurée »

Homélie de Benoît XVI (2)

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ROME, Mardi 25 décembre 2007 (ZENIT.org) – Noël est en quelque sorte « une fête de la création restaurée », affirme le pape, car, à Noël, le Christ vient « pour redonner à la création, au cosmos, sa beauté et sa dignité ». Au cœur de la nuit, et au coeur de l’année solaire, cette homélie de Noël renferme en quelque sorte une théologie de « l’écologie humaine ».

En effet, dans les prophéties messianiques le Messie vient « relever la tente de David ». « Le Christ ne reconstruit pas un palais quelconque, faisait observer le pape. Il est venu pour redonner à la création, au cosmos, sa beauté et sa dignité : c’est ce qui est engagé à Noël et qui fait jubiler les anges ».

Le Christ est « fils de David ». Or, souligne le pape, « David lui-même était à l’origine un pasteur. Quand Samuel le chercha en vue de l’onction, il semblait impossible et contradictoire qu’un jeune berger comme lui puisse devenir celui qui porterait la promesse d’Israël. Dans l’étable de Bethléem, de là où précisément tout est parti, la royauté davidique renaît de façon nouvelle – dans cet enfant emmailloté et couché dans une mangeoire ».

Et ce roi a un trône. « Le nouveau trône d’où ce David attirera le monde à lui est la Croix, continue le pape. Le nouveau trône – la Croix – correspond au nouveau commencement dans l’étable. Mais c’est précisément ainsi qu’est construit le vrai palais de David, la véritable royauté. Ce nouveau palais est tellement différent de la façon dont les hommes imaginent un palais et le pouvoir royal. Il est constitué par la communauté de ceux qui se laissent attirer par l’amour du Christ et, avec Lui, deviennent un seul corps, une humanité nouvelle ».

Or, le « pouvoir » de Dieu, c’est sa « bonté », rappelle Benoît XVI en disant : « Le pouvoir qui vient de la Croix, le pouvoir de la bonté qui se donne – telle est la véritable royauté. L’étable devient palais – à partir de ce commencement, Jésus édifie la grande et nouvelle communauté dont les anges chantent le message central à l’heure de sa naissance : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, qu’il aiment », aux hommes qui déposent leur volonté dans la sienne, devenant ainsi des hommes de Dieu, des hommes nouveaux, un monde nouveau ».

Grégoire de Nysse, explique le pape, « applique ce mot de tente à la tente de notre corps, devenu usé et faible, toujours exposé à la douleur et à la souffrance ».

Mais plus encore, ajoute Benoît XVI, « il l’applique au cosmos tout entier, lacéré et défiguré par le péché ».

Et le pape applique cette réflexion à la dégradation actuelle de l’environnement : « Qu’aurait-il dit s’il avait vu les conditions dans lesquelles se trouvent aujourd’hui la terre en raison de l’utilisation abusive des ressources et de leur exploitation égoïste et sans aucune précaution ? »

Le pape cite aussi Anselme de Canterbury qui a « décrit par avance ce que nous voyons aujourd’hui dans un monde pollué et menacé dans son avenir : « Tout ce qui avait été fait pour servir à ceux qui louent Dieu était comme mort, avait perdu sa dignité. Les éléments du monde étaient oppressés, avaient perdu leur splendeur à cause de l’excès de ceux qui les asservissaient à leurs idoles, pour lesquelles ils n’avaient pas été créés » (PL 158, 955 ss) ».

« Selon la vision de Grégoire, dans le message de Noël, l’étable représente la terre maltraitée », indique le pape, pour en tirer cette affirmation : « La terre est restaurée précisément par le fait qu’elle est ouverte à Dieu, qu’elle retrouve sa vraie lumière; et, dans l’harmonie entre vouloir humain et vouloir divin, dans l’union entre le haut et le bas, elle retrouve sa beauté, sa dignité. Aussi, la fête de Noël est-elle une fête de la création restaurée ».

Benoît XVI a conscré la fin de son homléie à l’union retrouvée du Ciel et de la Terre : « À partir de ce contexte, les Pères interprètent le chant des anges dans la Nuit très sainte : il est l’expression de la joie née du fait que le haut et le bas, le ciel et la terre se trouvent de nouveau unis ; que l’homme est de nouveau uni à Dieu ».

« Selon les Pères, continue le pape, le chant que désormais les anges et les hommes peuvent chanter ensemble fait partie du chant de Noël des anges ; c’est ainsi que la beauté du cosmos s’exprime par la beauté du chant de louange ».

Il conclut sur l’humilité, en disant : « Le ciel n’appartient pas à la géographie de l’espace, mais à la géographie du cœur. Et le cœur de Dieu, dans cette Nuit très sainte, s’est penché jusque dans l’étable : l’humilité de Dieu est le ciel. Et si nous entrons dans cette humilité, alors, nous toucherons le ciel. Alors, la terre deviendra aussi nouvelle. Avec l’humilité des bergers, mettons-nous en route, en cette Nuit très sainte, vers l’Enfant dans l’étable ! Touchons l’humilité de Dieu, le cœur de Dieu ! Alors, sa joie nous touchera et elle rendra le monde plus lumineux. Amen ».

On se souvient que Jean-Paul II a parlé de « conversion écologique » et d’écologie humaine dans son encyclique sociale de 1991 « Centesimus annus ». En 1990, dans son message pour la Journée mondiale pour la paix, le 1er janvier, il avait souligné le rapport entre la paix avec Dieu créateur et avec la création, invitant à la responsabilité envers les générations à venir.

 

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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