ROME, Vendredi 21 décembre 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 23 décembre, proposé par le père Raniero Cantalamessa, OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 1, 18-24
Voici quelle fut l’origine de Jésus Christ. Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret.
Il avait formé ce projet, lorsque l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela arriva pour que s’accomplît la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.
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Voici quelle fut l’origine de Jésus Christ
Il y a un point commun entre les trois lectures de ce dimanche : elles parlent toutes d’une naissance : « Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous) » (1ère lecture) ; « Jésus Christ… selon la chair… est né de la race de David » (2ème lecture) ; « Voici quelle fut l’origine de Jésus Christ… » (Evangile). Nous pourrions l’appeler, le « Dimanche des naissances » !
Nous ne pouvons pas ne pas nous poser immédiatement la question : pourquoi y a-t-il aussi peu de naissances en Italie et dans d’autres pays occidentaux ? La raison principale de cette faible natalité n’est pas essentiellement économique. Sinon, les naissances devraient augmenter à mesure que l’on se rapproche des couches plus aisées de la société, ou à mesure que l’on remonte du sud vers le nord du monde, alors que nous savons que c’est exactement le contraire.
La raison de cela est plus profonde. C’est le manque d’espérance, avec ce que cela comporte : confiance dans l’avenir, élan vital, créativité, poésie et joie de vivre. Si se marier est toujours un acte de foi, mettre au monde un enfant est toujours un acte d’espérance. Rien ne se fait dans le monde sans espérance. Nous avons besoin de l’espérance comme nous avons besoin de l’oxygène pour respirer. Lorsqu’une personne est sur le point de s’évanouir on crie à ceux qui l’entourent : « Donnez-lui quelque chose de fort à respirer ! ». On devrait faire la même chose avec celui qui est sur le point de se laisser aller, de baisser les bras face à la vie : « Donnez-lui une raison d’espérer ! ». Lorsque dans une situation humaine, l’espérance renaît, tout semble différent, même si en réalité rien n’a changé. L’espérance est une force primordiale. Elle fait littéralement des miracles.
L’Evangile a une chose essentielle à offrir au monde, en ce moment de l’histoire : l’Espérance avec un E majuscule, en tant que vertu théologale, c’est-à-dire qui a pour auteur et garant, Dieu lui-même. Les espérances terrestres (maison, travail, santé, réussite des enfants…), même si elles sont réalisées, déçoivent inexorablement s’il n’y a pas quelque chose de plus profond qui les soutienne et les élève. Regardons ce qui se passe avec la toile d’araignée. La toile d’araignée est une œuvre d’art. Elle a une symétrie, une élasticité, une fonctionnalité parfaites ; elle est bien tendue, horizontalement, de tous les côtés, par des fils. Mais elle est soutenue au centre par un fil qui vient d’en haut, le fil que l’araignée a tissé en descendant. Si l’on endommage l’un des fils latéraux, l’araignée sort, le répare rapidement et retourne à sa place. Mais si vous cassez le fil qui vient d’en haut, tout s’effondre. L’araignée sait qu’il n’y a plus rien à faire et s’éloigne. L’Espérance théologale est, pour notre vie, le fil qui vient d’en haut, celui qui soutient toute la trame de nos espérances.
En ce moment, alors que nous sentons si fortement le besoin d’espérance, la fête de Noël peut représenter une occasion pour inverser la tendance. Souvenons-nous de ce que dit un jour Jésus. « Celui qui accueille un enfant en mon nom, m’accueille ». Ceci vaut pour celui qui accueille un enfant pauvre et abandonné, pour celui qui adopte ou nourrit un enfant du tiers-monde ; mais ceci vaut avant tout pour deux parents chrétiens qui, en s’aimant, dans la foi et l’espérance, s’ouvrent à une vie nouvelle. Je suis sûr que de nombreux couples, pris d’angoisse à l’annonce d’une grossesse, auront ensuite le sentiment de pouvoir faire leurs les paroles de l’oracle d’Isaïe de Noël : « Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la joie… un enfant nous est né, un fils nous a été donné ».
Traduit de l’italien par Gisèle Plantec