ROME, Mercredi 19 décembre 2007 (ZENIT.org) - Dans la ville de la Nativité, l'action simple et discrète de nombreux « héros », mais ne se considérant pas comme tel, jalonnent la vie des chrétiens.

Il s'agit de personnes qui ont répondu « oui » à la proposition, aujourd'hui accueillie par de moins en moins de candidats, d'aller vivre à Bethléem, alors que tout le monde la quitte, pour enseigner à des jeunes universitaires palestiniens. Un jeune couple, Sami, citoyen italien d'origine palestinienne et Elisabetta, Sicilienne, a accepté de relever le défi.

Tout a commencé en décembre 2005 quand Sami a reçu chez lui à Rome un coup de téléphone de l'université de Bethléem. Son histoire est racontée par les religieuses franciscaines de Sainte-Elisabeth à Bethléem, dans leur dernier bulletin.

Palestinien originaire de Jenin, Sami vivait à Rome depuis 14 ans. Il avait étudié la pédagogie et obtenu un doctorat à l'Université pontificale des salésiens. Spécialisé en pédagogie clinique à Florence, il travaillait pour la Fondation « Il Faro », fondée à Rome sur une initiative privée pour offrir une formation professionnelle à des jeunes en difficulté.

Il est marié à Elisabetta, diplômée en Lettres classiques et spécialisée en paléographie grecque. Ils ont deux enfants.

Sami commençait une carrière prometteuse. L'Italie lui plaisait, il avait beaucoup d'amis et de grandes opportunités de dialogue et d'échange. Mais après ce coup de téléphone, tous ses « programmes italiens » ont basculé.

Sami a raconté s'être donné du temps pour réfléchir et prier avant de répondre à cette offre. Puis il a décidé : il voulait faire quelque chose pour son peuple. Beaucoup de gens le lui déconseillait : « tu es fou de rentrer en Palestine, alors que tout le monde s'en va ! », mais les parents d'Elisabeth, fille unique, l'appuyaient.

Sami enseigne la pédagogie depuis un an aux jeunes palestiniens à l'Université de Bethléem. Il exerce sa profession d'éducateur comme une « rencontre » avec les jeunes de son peuple « qui souffre et lutte pour la liberté, mettant la personne humaine au centre de toute sa formation ».

Son rêve serait de pouvoir marcher en Palestine en compagnie de juifs, comme il le faisait en Italie quand il pouvait discuter librement avec eux. Il se souvient de ce rabbin qui l'avait embrassé après une réunion à Florence en lui disant : « Ah, si tous les Palestiniens étaient comme toi ! ».

Le jeune palestinien raconte avec un sourire ce qui lui est arrivé également au terme d'une réunion à Rome : tous les participants étaient partis, il ne restait plus qu'un rabbin, qui ne savait pas où aller. Sami, en bon connaisseur de la ville, s'était alors offert de faire un bout de chemin avec lui. « Tu n'as pas le choix, lui dit Sami, ou tu te laisses accompagner par moi ou tu resteras seul ici ».

« Comme ce serait beau, s'il nous arrivait de nous perdre ainsi à Jérusalem ou à Tel Aviv et de pouvoir nous mettre à parler, à discuter.... », commente-t-il avec nostalgie en évoquant les problèmes que suscite le mur de séparation.

« Certaines choses sont nécessaires, mais pas indispensables ! Pendant un an nous avons pu nous passer de voiture ; pour nous, chaque chose a un sens, et le fait d'avoir attendu de pouvoir à nouveau en bénéficier, nous a permis de dépenser la moitié de ce que nous avions prévu. Ces petites choses sont une ‘providence' aussi. Si on est rempli d'amour, on ne manque de rien, même si on n'a pas toutes les commodités ».

Mais il y a une chose qui manque à Sami et Elisabetta : la possibilité de se confronter à la réalité, le dialogue, l'ouverture aux autres, à laquelle ils étaient habitués en Italie.

Sami a accordé cet entretien au moment du sommet d'Annapolis qui a réuni les « grands de la terre » pour tenter de remettre sur les rails le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens.

Interrogé sur ce qu'il attendait de ce sommet, Sami a répondu : « Oui, j'attends la liberté et la paix. Voir les implantations juives retranchées derrière des barbelés m'attriste trop. En ce moment, les défis ne manquent pas. Et nous allons de l'avant.... ».

Nieves San Martín