ROME, Dimanche 2 octobre 2005 (ZENIT.org) – Un synode qui « vive » de l’Eucharistie et pas seulement de « belles paroles » sur ce mystère: tel est le vœu exprimé par Benoît XVI dans son homélie, lors de la messe d’ouverture du synode, ce dimanche 2 octobre, en la basilique Saint-Pierre.
« Bannir Dieu de la vie n’est pas de la tolérance, mais une hypocrisie », a également fait observer le pape.
Benoît XVI a présidé, à 9 h 30, en la basilique Saint-Pierre, la messe d’ouverture du XIe synode entouré de 320 évêques du monde entier, dont 55 cardinaux, 7 patriarches. Et parmi les 256 pères synodaux, 216 sont élus par les conférences épiscopales ou participants de droit, 40 délégués sont de nomination pontificale, auxquels s’ajoutent une trentaine d’experts et d’auditeurs. Ils représentent les cinq continents et 118 nations et cultures.
Le pape a encouragé les membres de ce synode à faire l’expérience de la force qui jaillit de ce sacrement, qui parle de « sacrifice » et « d’amour », de « mort » et de « vie ».
Commentant la première lecture de la liturgie de ce dimanche (Isaïe 5), le pape évoquait le « vin » de la présence aimante de Dieu, payé du prix de la mort de son fils, et laissé à l’humanité comme un don « indestructible », et à travers lui, dans l’Eucharistie, plutôt que dans « le vinaigre » de l’auto-suffisance, du conflit, de l’indifférence, de qui est tenté de réduire Dieu à une « simple expression dévote ».
Dieu, soulignait le pape, a créé l’homme à son image et donc, dans l’homme, « brille » un peu de l’amour divin. Mais l’homme en est-il conscient ?
« Dieu nous attend, répondait le pape. Il veut être aimé de nous : un tel appel ne devrait-il pas toucher notre cœur ? A cette heure même où nous célébrons l’Eucharistie, où nous inaugurons le synode sur l’Eucharistie, il vient à notre rencontre, il vient à ma rencontre. Trouvera-t-il une réponse ? Ou arrive-t-il avec nous comme avec la vigne dont Dieu dit en Isaïe : « Il attendait qu’il produise du raisin mais elle donna du raisin sauvage » ? Notre vie chrétienne n’est-elle pas beaucoup plus vinaigre que vin ? Auto-commisération, conflit, indifférence ? »
L’opposition entre les deux types de raisins – le bon, symbole de justice et le sauvage, emblème de la violence – se fait plus éclatant dans l’Evangile, continuait le pape.
Même si le raisin est bon, ce sont les vignerons qui sont injustes et cruels, car ils prétendent retenir le fruit de la vendange : cette image est grave, souligne le pape, car c’est Dieu lui-même qui est méprisé, un peu comme il arrive dans le monde d’aujourd’hui.
« Nous, les hommes, auxquels la création est pour ainsi dire confiée pour la gérer, nous l’usurpons. Nous voulons en être les maîtres, en première personne et tout seuls. Nous voulons posséder le monde et notre vie même sans limite. Dieu est un obstacle. Ou l’on fait de lui une simple phrase dévote ou Il est nié tout à fait, banni de la vie publique, de façon à perdre toute signification. La tolérance, qui admet pour ainsi dire Dieu en tant qu’opinion privée, mais le refuse dans le domaine public, dans la réalité du monde et de notre vie, n’est pas tolérance mais hypocrisie. Là où l’homme se fait le seul maître du monde et propriétaire de soi même la justice ne peut plus exister. Là peut seul dominer l’arbitrage du pouvoir et des intérêts ».
Ainsi, continuait en substance le pape, le jugement dur auquel Dieu soumet la « vigne infidèle », est une lecture de ce qui est advenu historiquement avec la destruction de Jérusalem, en 70 après Jésus-Christ. Mais, observait-il : « La menace d’un jugement nous concerne également, nous, l’Eglise en Europe, l’Europe et l’Occident en général. Avec cet Evangile, le Seigneur crie aussi à nos oreilles les paroles que dans l’Apocalypse il adresse à l’Eglise d’Ephèse : « Si tu ne te convertis pas, je viendrai à toi et j’ôterai ton candélabre de sa place » (2, 5). A nous aussi, la lumière peut être enlevée, et nous faisons bien de laisser raisonner cet avertissement dans nos âmes dans tout son sérieux, en criant en même temps au Seigneur : « Aide-nous à nous convertir ! Donne à nous tous la grâce d’un vrai renouveau ! ».
Faisant écho à la prophétie d’il y a 2700 ans, l’avertissement – la « menace » – qui résonne dans la voix du pape n’est pas cependant « le dernier mot », souligne Benoît XVI : le dernier mot, c’est la « promesse » que « l’amour est vainqueur ».
C’est cet amour qui, avec Jésus au Cénacle, deviendra l’un des mystères ineffables de la vie chrétienne, continuait le pape. De la mort du Christ, « jaillit la vie », et c’est lui la preuve que « l’amour a vaincu la mort ».
« Dans la sainte Eucharistie », faisait observer le pape, Jésus, « de la croix, nous attire à lui et nous fait devenir les sarments de la vigne qui est lui-même ».
« Si nous restons unis à lui, alors nous porterons du fruit nous aussi, alors de nous ne viendra plus le vinaigre de l’auto-suffisance, du mécontentement de Dieu, et de sa création, mais le bon vin de la joie en Dieu et de l’amour envers le prochain. Prions le Seigneur de nous donner sa grâce afin que pendant les trois semaines du synode que nous sommes en train de commencer nous ne disions pas seulement de belles choses sur l’Eucharistie, mais que surtout nous vivions de sa force ».