ROME, lundi 11 octobre 2004 (ZENIT.org) – « La nature n’est pas un absolu, mais une richesse placée dans les mains responsables et prudentes de l’homme ». C’est ce qu’a déclaré hier dimanche, Mgr Giampaolo Crepaldi, secrétaire du Conseil pontifical Justice et paix, dans son intervention au colloque « Eglise et écologie » organisé à Narbonne par la communauté franciscaine pour rappeler le 25e anniversaire de la proclamation de saint François comme patron de l’écologie.
« Lorsque l’Eglise parle de la « nature » elle ne la considère pas seulement selon des principes naturalistes », a précisé Mgr Crepaldi.
L’Eglise « voit toujours la nature en rapport avec Dieu et avec l’homme. Elle ne la voit pas seulement comme un ensemble de choses mais aussi de significations.
Par la création et l’incarnation de Jésus de Nazareth « Dieu lui-même s’est fait homme », a affirmé l’évêque italien. « A partir de ce moment, le fondement de l’ordre de la nature a dépassé le domaine cosmique pour se fonder sur un principe absolu et transcendant et, pour la même raison, l’homme a été élevé au-dessus de la création ».
« La nature a trouvé son sens dans un dialogue entre l’homme et Dieu et les choses elles-mêmes ont trouvé leur place dans un rapport d’amour et d’intelligence ».
« La Magistère de l’Eglise ne prône donc ni l’absolutisation de la nature, ni sa réduction à un simple instrument. Elle en fait en revanche un théâtre culturel et moral dans lequel l’homme joue sa propre responsabilité face aux autres hommes, y compris les générations futures, et devant Dieu ».
« Ceci signifie, a poursuivi l’évêque, que la nature, considérée sur le plan biologique et naturaliste, n’est pas un absolu, mais une richesse placée dans les mains responsables et prudentes de l’homme ».
« Cela signifie également que l’homme a une supériorité indiscutable sur la création et que, puisque qu’il est une personne dotée d’une âme immortelle, il ne peut pas être comparé aux autres êtres vivants, et encore moins considéré comme un élément venant troubler l’équilibre écologique de la nature », a-t-il expliqué.
« Cela signifie enfin que la nature, qui n’est pas tout, n’est pas non plus rien, et que l’homme n’a pas un droit absolu sur elle mais un mandat de conservation et de développement dans une logique de destination universelle des biens de la terre qui est, comme nous le savons, l’un des principes fondamentaux de la doctrine sociale de l’Eglise », a souligné Mgr Crepaldi.
Le secrétaire du Conseil pontifical Justice et Paix a critiqué les nombreuses formes « d’idolâtrie de la nature au sens naturaliste du terme, qui convergent vers un ‘écologisme radical’ qui perd l’homme de vue ».
Mgr Crepaldi a fait référence à la Conférence internationale du Caire sur la population et le développement, de 1994. Le Saint-Siège s’était alors opposé, aux côtés de nombreux pays du tiers-monde, à l’idée d’un écologisme radical selon lequel l’augmentation de la population au cours des décennies à venir aurait été telle qu’elle aurait provoqué l’effondrement des équilibres naturels de la planète et en aurait empêché le développement.
« Ces thèses ont désormais été réfutées et sont heureusement en régression », a fait remarquer Mgr Crepaldi.
« Dans le même temps, cependant, ceux-là mêmes qui prônaient une vision malthusienne, animés par un écologisme radical, proposaient comme moyen pour freiner les naissances et empêcher le présumé désastre écologique, des instruments loin d’être naturels, comme le recours à l’avortement et à la stérilisation de masse dans les pays pauvres avec une forte natalité », a-t-il souligné.
« L’Eglise propose une vision réaliste des choses. Elle a confiance en l’homme et dans ses capacités toujours nouvelles à chercher des solutions aux problèmes que pose l’histoire », a poursuivi l’évêque italien.
« Le problème écologique doit donc être perçu comme un problème éthique. C’est ce que demande l’Eglise, étant donné qu’il existe une interaction constante entre la personne humaine et la nature », a-t-il ajouté.
« Dans la perspective de la doctrine sociale de l’Eglise, a expliqué Mgr Crepaldi, l’urgence écologique n’est pas seulement une urgence concernant la nature mais aussi une urgence anthropologique ».
« La manière dont l’homme regarde en lui-même dépend de son attitude envers Dieu. L’erreur anthropologique est à son tour une erreur théologique. Lorsque l’homme veut prendre la place de Dieu, il se perd de vue lui-même et perd de vue sa responsabilité de gouverner la nature », a-t-il conclu.