Dans sa lettre aux Enfants, Jean-Paul II…

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CITE DU VATICAN, Jeudi 20 novembre 2003 (ZENIT.org) – Voici le texte de l’intervention du cardinal Lopez Trujillo, président du conseil pontifical de la famille, à la 27e session spéciale de l’Assemblée générale de l’ONU sur l’enfance, le Jeudi 9 mai 2002 (cf. http://www.vatican.va). Le cardinal cite la Lettre de Jean-Paul II aux enfants (1994).

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« Monsieur le Président,

« Le Saint-Siège se veut fidèle à l’amour pour les enfants, un amour empreint d’une prédilection et d’une affection particulières, dans la pleine reconnaissance et le respect qui leur sont dus: les enfants sont des dons merveilleux de Dieu.

« Au long des siècles sont apparues, au sein des communautés chrétiennes, des institutions et des oeuvres reconnues en faveur de l’enfance, offrant leurs services généreux dans les domaines les plus divers: la famille, l’éducation, la santé, avec une attention spéciale envers les plus pauvres et les plus démunis. La lutte contre la pauvreté qui frappe cruellement l’enfance, en faisant tant de victimes, est une exigence fondamentale.

« Dans sa Lettre aux Enfants, écrite durant l’Année internationale de la Famille (1994), le Pape Jean-Paul II leur exprime sa sollicitude paternelle. Les enfants sont une source de joie et d’espérance pour leurs parents et pour la société, et sont aimés de Dieu en l’Enfant-Jésus qui est venu à Bethléem comme un nouveau-né. Le Saint-Père dénonce les souffrances, les menaces et les atteintes dont les enfants sont victimes: « Ils endurent la faim et la misère, ils meurent de maladie et de malnutrition, ils sont victimes de la guerre, ils sont abandonnés par leurs parents et condamnés à rester sans foyer, privés de la chaleur de leur famille, ils subissent de nombreuses formes de violence et d’oppression de la part des adultes. Comment est-il possible de rester indifférent face à la souffrance de tant d’enfants, surtout quand, d’une manière ou d’une autre, elle est provoquée par les adultes? » (Lettre aux enfants; cf. ORLF n. 51 du 20 décembre 1994). On ne peut pas rester indifférent, dit le Pape, face à la souffrance de tant d’enfants.

« Mais à côté des multiples formes de violence déjà citées, d’autres sont en train de proliférer, avec des conséquences dramatiques. C’est le cas de la « pollution morale » de l’environnement qui, du point de vue spirituel, les empêche de respirer un air pur. Les familles et les Etats ne peuvent pas se soustraire aux exigences d’une « écologie humaine » (cf. Centesimus annus, n. 30). Quand les valeurs morales sont impunément bafouées, quand l’atmosphère est chargée artificiellement d’érotisme et que la sexualité humaine est banalisée et vidée de son sens au point d’induire les enfants à des « styles de vie » et des comportements inqualifiables dans un climat de permissivité alarmant, alors les risques de violence se multiplient. C’est avec un grand retard, car les victimes sont déjà très nombreuses, qu’il semble que beaucoup commencent à réagir, à revoir leurs attitudes et à renforcer les règles législatives pour en éviter des conséquences dévastatrices.

« En diverses occasions, le Conseil pontifical pour la Famille a organisé des Congrès internationaux sur l’Enfance:

– La dignité de l’Enfant et ses droits (Rome, 18-20 juin 1992)
– L’exploitation sexuelle de l’Enfant dans la prostitution et la pornographie (Bangkok, 9-11 septembre 1992)
– La Famille et le travail des mineurs (Manille, 1-3 juillet 1993)
– Les Enfants de la rue (Rio de Janeiro, 27-29 juillet 1994)
– L’adoption internationale (Séville, 25-27 février 1994).

« Plus récemment, à l’occasion du grand Jubilé de l’An 2000, nous avons organisé un Congrès mondial intitulé: « Les enfants, printemps de la famille et de la société » (Rome, 11-13 octobre 2000). En plus, le 5 juin de l’année dernière, ici même aux Nations unies, a eu lieu le Symposium sur « Les enfants dans les conflits armés: la responsabilité de chacun », organisé par la Mission permanente d’Observation du Saint-Siège, en union avec le Bureau du Représentant du Secrétaire général des Nations unies pour les enfants en situation de conflit. Il serait trop long d’énumérer ici tous les congrès, rencontres et autres activités organisés par l’Eglise dans le monde entier.

« La pleine reconnaissance de la dignité de l’enfant, de tous les enfants, images de Dieu, dès le premier moment de leur conception, semble s’être perdue et doit être retrouvée. La vraie mesure d’une société est la mesure avec laquelle elle reconnaît et protège cette dignité et les droits humains, et assure le bien-être de tous ses membres, et spécialement des enfants. Une société est saine et présente une apparence authentiquement humaine, quand tous les individus reconnaissent la famille en tant que cellule de base de la société et principale pourvoyeuse et éducatrice de l’enfant, comme le proclame la Convention sur les droits de l’enfant (1989).

« Il est très important d’observer le critère central mentionné à plusieurs occasions dans cette même Convention selon lequel « le bien supérieur de l’enfant » doit prévaloir. Ce critère lumineux ne doit pas être ignoré ou bafoué par des lois injustes. « Le bien supérieur de l’enfant » est un critère précieux qui prend racine dans sa dignité personnelle: l’enfant est une fin, et pas un instrument, un moyen, une chose (cf. Gaudium et Spes, n. 24); il est un sujet de droits, à commencer par le droit fondamental à la vie dès sa conception, un droit que rien ni personne ne peut lui contester, comme l’affirme le paragraphe 9 du préambule de la Convention.

« Le processus de développement humain sous tous ses aspects, physique, émotif, spirituel, intellectuel et social, est le fruit d’une synergie entre famille et société. Leur collaboration efficace est le seul moyen de protéger l’enfant contre les injustices, les abus et l’oppression, pour qu’il soit à même de partager et de contribuer au bien commun de l’humanité. Réaliser cela est une grande entreprise, toujours en construction, qui révèle l’esprit véritable et l’état de santé des sociétés, et apporte des remèdes opportuns contre les injustices et les besoins.

«  »Le bien supérieur de l’enfant » exige sa relation adéquate à la famille fondée sur le mariage, berceau et sanctuaire de la vie, lieu de la croissance personnelle, de l’affection, de la solidarité, lieu du droit et de la transmission entre générations de la culture. En étant au service des enfants, la communauté internationale doit s’engager à « défendre la valeur de la famille et le respect de la vie humaine dès sa conception. Il s’agit de valeurs qui appartiennent à la grammaire fondamentale du dialogue et de la coexistence humaine entre les peuples »(Discours de Jean-Paul II à l’occasion du Jubilé des Familles, 14 octobre 2000; cf. ORLF n. 43 du 14 octobre 2000).

« En conséquence, le Saint-Siège soutient que les Droits de l’Enfant doivent être reliés aux Droits de la Famille. En tant qu’institution fondamentale pour la vie de toute société, la famille fondée sur le mariage doit être entendue comme le pacte par lequel « un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu’à la génération et à l’éducation des enfants » (Jean-Paul II, Lettre aux Familles, Gratissimam sane, 1994, n. 17, cf. Code de Droit canonique, can. 1055; Saint-Siège, Charte des Droits de la Famille, 1983, art. 1-3; Déclaration universelle des droits de l’homme, art. 16).

« L’enfant, tous les enfants, en toute situation et en toute circonstance, doivent être aimés, accueillis, protégés et éduqués avec une affection et un dévouement particuliers, et cela d’autant plus lorsqu’ils souffrent.

« Tout doit être fait pour qu’ils soient conçus, naissent, grandissent et soient élevés dans une famille, capable d’offrir, de manière positive et permanente, une protection et un exemple, comme éléments irremplaçables de leur éducation.

« L’enfant doit être considéré comme un membre de la famille, de telle sorte que les parents, ouverts au don de la vie dans le cadre d’une paternité et d’une maternité responsables bien comprises, s’acquittent de leurs devoirs incontournables en
étant soutenus par la société, au lieu d’être entravés dans leur mission (cf. Charte des Droits de la Famille, art. 1b et 3c).

« Ce n’est que lorsque la famille vient à manquer que la société et l’Etat doivent offrir ce qui est nécessaire à l’enfant privé de famille, si possible dans un milieu présentant des qualités familiales d’accueil, de dévouement, de respect et d’affection. « Tous les enfants, qu’ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent du même droit à la protection sociale, en vue du développement intégral de leur personne » (Charte des Droits de la Famille, art. 4e).

« Monsieur le Président,

« Ma délégation soutient qu’il faut obtenir une législation pour la protection de l’enfance qui mette les enfants à l’abri de toute forme d’exploitation et d’abus, comme dans les cas d’inceste et de pédophilie, ainsi que par le travail, l’esclavage, les crimes abominables de la prostitution et de la pornographie, l’enlèvement ou l’utilisation des enfants comme soldats, guérilleros, ou quand ils sont victimes de conflits armés ou bien des sanctions internationales ou unilatérales imposées à certains pays. Tous ces fléaux sont un outrage et un scandale pour l’humanité. Toutes ces formes de violence ne doivent pas rester impunies.

« Il faut veiller attentivement à ce que les adoptions, tant nationales qu’internationales, quand elles sont vraiment recommandées suivant le principe du « bien supérieur de l’enfant », soient faites par des couples mariés qui offrent de véritables garanties de stabilité, moralité, capacité d’accompagnement et exemplarité, de sorte que les enfants puissent être éduqués de façon appropriée et ne soient pas gênés dans leur développement ou, pire encore, détruits dans leur personnalité. L’intérêt de l’enfant exige, en vue de son développement intégral et harmonieux, qu’il ait un père et une mère, comme nous l’enseigne d’ailleurs la science.

« Monsieur le Président,

« Ma délégation est convaincue que le bien supérieur de l’enfant n’est pas respecté lorsque, conditionnés par le mythe de la surpopulation – un mythe dont les données et les tendances démographiques les plus récentes montrent l’absence de fondement – on impose des politiques démographiques contraires aux droits de la famille et des enfants. Il faut avant tout que soit reconnu le droit fondamental à la vie.

« Les enfants représentent une richesse et une espérance pour la famille humaine. C’est pourquoi la délégation du Saint-Siège forme le voeu que cette Session spéciale de l’Assemblée générale des Nations unies produise des fruits abondants et féconds pour garantir que les enfants du monde entier soient « le printemps de la famille et de la société ». »

Card. Alfonso Lopez Trujillo

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Rédaction

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