Ps 141: "Toi, mon abri"

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Audience générale du mercredi

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CITE DU VATICAN, Mercredi 19 novembre 2003 (ZENIT.org) – « Toi, mon abri »: Jean-Paul II a commenté le Ps 141 lors de l’audience de la semaine passée. Voici la traduction intégrale de l’allocution en italien, publiée par L’Osservatore Romano en français du 18 novembre.

Premières Vêpres, dimanche de la 1ère semaine
Lecture: Ps 141, 2-3.6-8

1. Le soir du 3 octobre 1226, saint François d’Assise était en train de s’éteindre: sa dernière prière fut précisément la récitation du Psaume 141, que nous venons d’écouter. Saint Bonaventure rappelle que saint François « se mit à réciter avec force le Psaume: « A Yahvé mon cri! J’implore! A Yahvé mon cri! Je supplie » et il le récita jusqu’au dernier verset: « Autour de moi les justes feront cercle, à cause du bien que tu m’as fait » » (Legenda maior, XIV, 5, in: Fonti Francescane, Padoue – Assise 1980, p. 958).

Le Psaume est une intense supplication, rythmée par une série de verbes d’imploration adressés au Seigneur: « J’implore à l’aide », « Je supplie Yahvé », « Je déverse ma plainte », « ma détresse, je la mets devant lui » (vv. 2-3). La partie centrale du Psaume est dominée par la confiance en Dieu qui n’est pas indifférent à la souffrance du fidèle (cf. vv. 4-8). C’est dans cette attitude que saint François alla vers la mort.

2. Dieu est interpellé par un « Tu », comme une personne qui donne la sécurité: « Toi, mon abri » (v. 6). « Toi, tu connais mon sentier », c’est-à-dire l’itinéraire de ma vie, un parcours marqué par le choix de la justice. Sur cette voie, les impies lui ont cependant tendu un piège (cf. v. 4): il s’agit de l’image typique tirée des scènes de chasse et fréquente dans les supplications des Psaumes pour indiquer les dangers et les menaces auxquels le juste doit faire face.

Face à ce cauchemar, le Psalmiste lance comme un signal d’alarme, afin que Dieu voie sa situation et intervienne: « Regarde à droite et vois » (v. 5). Dans la tradition orientale, à la droite d’une personne se tenait le défenseur ou le témoin favorable au cours d’un procès, ou bien, en cas de guerre, le garde du corps. Le fidèle est donc seul et abandonné, « pas un qui me reconnaisse ». C’est pourquoi il exprime une constatation angoissée: « Le refuge se dérobe à moi, pas un qui ait soin de mon âme » (v. 5).

3. Immédiatement après, un cri révèle l’espérance qui demeure dans le coeur de l’orant. Désormais, l’unique protection et la seule présence efficace est celle de Dieu: « Toi, mon abri, ma part dans la terre des vivants » (v. 6). Le « sort » ou la « part », dans le langage biblique, est le don de la terre promise, signe de l’amour divin à l’égard de son peuple. Le Seigneur reste désormais le dernier et l’unique fondement sur lequel se baser, la seule possibilité de vie, l’espérance suprême.

Le Psalmiste l’invoque avec insistance, car « il est à bout de force » (v. 7). Il le supplie d’intervenir pour briser la chaîne de sa prison de solitude et d’hostilité (cf. v. 8) et le tirer de l’abîme de l’épreuve.
4. Comme dans d’autres Psaumes de supplication, la perspective finale est celle d’une action de grâce, qui sera offerte à Dieu lorsque le fidèle aura été exaucé: « Fais sortir de prison mon âme, que je rende grâce à ton nom » (ibid.). Lorsqu’il aura été sauvé, le fidèle se rendra au milieu de l’assemblée liturgique pour rendre grâce à Dieu (cf. Ibid.). Les justes l’entoureront, car il considéreront le salut de leur frère comme un don qui leur a également été fait.

Cette atmosphère devrait régner également dans les célébrations chrétiennes. La douleur de chaque personne doit trouver un écho dans le coeur de tous; la joie de chacun doit également être vécue par toute la communauté de prière. En effet, qu’il est « bon et doux d’habiter en frères tous ensemble » (Ps 132, 1) et le Seigneur Jésus a dit: « Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18, 20).

5. La tradition chrétienne a appliqué le Psaume 141 au Christ persécuté et souffrant. Dans cette perspective, l’objectif lumineux de la supplication du Psaume se transfigure en un signe pascal, sur la base de l’issue glorieuse de la vie du Christ et de notre destin de résurrection avec lui. C’est ce qu’affirme saint Hilaire de Poitiers, célèbre Docteur de l’Eglise du IV siècle, dans son Traité sur les Psaumes.

Il commente la traduction latine du dernier verset du Psaume, qui parle de récompense pour l’orant et d’attente des justes: « Me expectant iusti, donec retribuas mihi ». Saint Hilaire explique: « L’Apôtre nous enseigne quelle récompense le Père a donnée au Christ: « Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu’il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2, 9-11). Telle est la récompense: au corps, qu’il a assumé, est donnée l’éternité de la gloire du Père.

Le même Apôtre nous enseigne ensuite ce qu’est l’attente des justes, en disant: « Pour nous, notre cité se trouve dans les cieux, d’où nous attendons ardemment, comme sauveur, le Seigneur Jésus Christ qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire » (Ph 3, 20-21). Les justes, en effet, l’attendent pour qu’il les récompense, en les rendant conformes à la gloire de son corps, qui est béni pour les siècles des siècles. Amen » (PL 9, 833-837).

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’Audience générale du 12 novembre 2003, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s’est adressé en français:

De France: Paroisse de Franconville.
De Belgique: Lycée de Berlay Mont, de Bruxelles.
De Suisse: Conseil municipal d’Ayent-en-Valais.
Du Canada: Groupe de pèlerins.

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ZENIT Staff

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