CITE DU VATICAN, Mardi 11 novembre 2003 (ZENIT.org) –Jean-Paul II rappelle, 85 ans après le 11 novembre 1918, que cette date marque de la renaissance de la Pologne, mais il invite aussi à ne pas oublier les étapes de la reconquête de la liberté nécessaire après Yalta et les luttes de Solidarnosc, encore actuelles.

Jean-Paul II a en effet reçu mardi matin les représentants du syndicat Solidarnosc au Vatican, dont Lech Walesa, ainsi que le président actuel, et Mgr Tadeusz Goclowski, responsable de la pastorale du monde du travail de la Conférence épiscopale polonaise: le pape les invite à défendre les droits des travailleurs dans le contexte polonais actuel marqué par le chômage.

Jean-Paul II remet en quelque sorte en selle le syndicat des luttes héroïques des années 70 et 80, en lui montrant les objectifs pour continuer à défendre les travailleurs. Le pape manifeste combien ces luttes pour la dignité du travailleur lui tienne à cœur : son discours était particulièrement long et nourri de souvenirs historiques précis.

"Aujourd’hui, si Solidarnosc veut vraiment servir le pays, il doit retrouver ses racines", insistait le pape: "Tous les ouvriers, quel que soit le pouvoir, attendent un soutien public pour la défense de leurs justes droits". "C’est une tâche difficile et exigeante", reconnaît le pape.

Il encourage en disant : "C’est pourquoi chaque jour j’accompagne de ma prière tous vos efforts. En défendant les droits de ceux qui travaillent, vous travaillez à une cause juste, vous pouvez donc compter sur l’aide de l’Eglise. Je crois qu’une telle action sera efficace et conduira à l’amélioration du sort des travailleurs dans notre pays. Avec l’aide de Dieu, continuez à faire l’œuvre que nous avons commencée ensemble il y a des années".

"La liberté nationale retrouvée le 11 novembre 1918 après des années de luttes qui ont coûté tant de souffrances et de sacrifices au pays (…) n’a pas été de longue durée. Mais nous avons toujours pu y faire référence dans le combat pour notre liberté intérieure, celle de l’esprit".

Après avoir retracé l’histoire de Solidarnosc, un syndicat né dans les milieux de la résistance à "la suppression programmée de la liberté individuelle, à l’humiliation de la dignité humaine, à la négation des droits fondamentaux de la personne", le pape a souligné combien ces principes étaient devenus "la base de la transformation pacifique" de la Pologne.

L’année 1979 –année de son premier voyage dans sa patrie - retient son attention, celle durant "laquelle le sens de l’unité dans le bien et le désir commun de voir la prospérité d’un pays opprimé provoquèrent la défaite de la haine et du désir de vengeance, devenant le germe d’un état démocratique", mais aussi 1989, lorsqu’il confia à la protection de Notre-Dame de Jasna Gora le jeune syndicat.

Jean-Paul II mettait en garde contre le risque de disparition de ces événements de la mémoire, "car les jeunes générations ne les connaissent pas d’expérience". On peut donc se demander, remarquait le pape "si les jeunes apprécient à son juste prix la liberté dont nous jouissons, s’ils se rendent compte du prix à payer pour la conserver".

Ils constituent au contraire, soulignait le pape, un héritage "sur lequel il convient de revenir sans cesse, de manière à ce que la liberté ne dégénère en anarchie et à ce qu’elle assume la forme d’une responsabilité commune".

Jean-Paul II citait son discours aux syndicats en 1981, rappelant l’importance de garantir la dignité et l’efficacité du travail, dans le respect de tous les droits individuels, familiaux et sociaux de chaque homme, sujet du travail. "Votre activité spécifique a et doit conserver une référence claire à la morale sociale toute entière", recommandait le pape.

Le pape insistait sur l’actualité de ce programme devant le chômage, la précarité, les licenciements effectués "sans attention au sort des ouvriers et de leurs familles".

Le pape traçait le programme d’aujourd’hui : "Il faut que votre syndicat prenne ouvertement la défense des gens qui travaillent auxquels les patrons nient tout droit à la parole, toute possibilité de s’opposer à la violation des droits fondamentaux du travailleur".

Il dénonçait la question des salaires non versés en Pologne, comme "un péché qui crie vengeance au ciel", ainsi que les cas où les employeurs "nient le droit au repos à leur personnel, leurs droits à la protection médicale, et même à la maternité".

Jean-Paul II a constaté que, ces dernières années, "la politisation du syndicat, probablement due à la nécessité historique, l’a affaibli".

Nous proposons la traduction intégrale du discours de Jean-Paul II in "Documents".