CITE DU VATICAN, Mercredi 24 octobre 2001 (ZENIT.org) – « Action de grâce pour le salut du peuple », c´est le titre choisi par L´Osservatore Romano, dans son édition en français du 23 octobre pour la catéchèse – en italien – de Jean-Paul II sur le Ps 47, le 17 octobre dernier.
Parmi les pèlerins qui assistaient à l´Audience générale du 17 octobre 2001, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le pape s´est adressé en français:
De France: Groupes de pèlerins des diocèses de Paris, de Lyon; paroisse Notre-Dame, de Revel; paroisse Notre-Dame de Toute-Joie, de Nantes; groupes de pèlerins de Monbron et de Brochure.
De Suisse: Paroisses de la Sainte-Trinité, Saint-Nicolas de Flüe, de Genève; paroisse de Montreux et Villeneuve; paroisse de Marly; paroisse Saint-Maurice, de Bernex.
De Belgique: Groupe de pèlerins de Namur.
De l´Ile de la Réunion: Association Notre-Dame de la Paix.
L´OR offre la traduction intégrale suivante de la catéchèse en italien:
Lecture: Ps 47, 1-6.13.15
1. Le Psaume qui a été proclamé est un chant en l´honneur de Sion, « cité du grand roi » (Ps 47, 3), alors siège du temple du Seigneur et lieu de sa présence au sein de l´humanité. La foi chrétienne l´applique désormais à la « Jérusalem d´en-haut », qui est « notre mère » (Ga 4, 26).
Le ton liturgique de cet hymne, l´évocation d´une procession de fête (cf. vv. 13-14), la vision pacifique de Jérusalem qui reflète le salut divin, font du Psaume 47 une prière qui peut ouvrir la journée, pour en faire un chant de louange, même si quelques nuages s´amoncellent à l´horizon.
Pour saisir le sens du Psaume, nous pouvons compter sur trois acclamations situées au début, au centre et à la fin, comme pour nous offrir la clef spirituelle de la composition et nous introduire dans son atmosphère intérieure. Voici les trois invocations: « Grand, Yahvé, et louable hautement dans la ville de notre Dieu » (v. 2); « Nous méditons, Dieu, ton amour au milieu de ton temple » (v. 10); « Lui est Dieu, notre Dieu aux siècles des siècles, lui, il nous conduit » (v. 15).
2. Ces trois acclamations, qui exaltent le Seigneur mais également « la ville de notre Dieu » (v. 2), encadrent deux grandes parties du Psaume. La première est une joyeuse célébration de la ville sainte, la Sion victorieuse contre les assauts de ses ennemis, sereine sous le manteau de la protection divine (cf. vv. 3-8). On se trouve presque devant une litanie de définitions de cette ville: c´est une hauteur admirable qui s´élève comme un phare de lumière, une source de joie pour tous les peuples de la terre, l´unique véritable « Olympe » où le ciel et la terre se rencontrent. C´est – pour reprendre une expression du prophète Ezéchiel – la ville-Emmanuel car « Dieu est là », présent en elle (cf. Ez 48, 35). Mais, autour de Jérusalem, se rassemblent les troupes qui préparent un assaut, presque un symbole du mal qui porte atteinte à la splendeur de la ville de Dieu. L´issue de l´affrontement est certaine et presque immédiate.
3. En effet, les puissants de la terre, en assaillant la ville sainte, ont également provoqué son Roi, le Seigneur. Le Psalmiste illustre la disparition de l´orgueil d´une armée puissante à travers l´image suggestive des douleurs de l´accouchement: « Là, un tremblement les saisit, un frisson d´accouchée » (v. 7). L´arrogance se transforme en fragilité et faiblesse, la puissance en chute et en défaite.
Le même concept est exprimé par une autre image: l´armée en débâcle est comparée à une armée navale invincible, sur laquelle s´abat un typhon causé par un terrible vent d´orient (cf. v. 8). Il reste donc une certitude inébranlable pour celui qui demeure à l´ombre de la protection divine: la dernière parole n´est pas confiée au mal, mais au bien; Dieu triomphe sur les puissances hostiles, même lorsqu´elles semblent grandioses et invincibles.
4. Le fidèle célèbre précisément alors, dans le temple, son action de grâce au Dieu libérateur. Son hymne est un hymne à l´amour miséricordieux du Seigneur, exprimé par le terme hébreu « hésed », typique de la théologie de l´alliance. Nous nous trouvons ainsi dans la seconde partie du Psaume (cf. vv. 10-14). Après le grand chant de louange à Dieu fidèle, juste et sauveur (cf. vv. 10-12), s´accomplit une sorte de procession autour du temple et de la ville sainte (cf. vv. 13-14). On compte les tours, signe de la protection certaine de Dieu, on observe les fortifications, expression de la stabilité offerte à Sion par son Fondateur. Les murs de Jérusalem parlent et ses pierres rappellent les faits qui doivent être transmis « aux âges futurs » (v. 14) à travers le récit que feront les pères à leurs enfants (cf. Ps 77, 3-7). Sion est le lieu d´une chaîne ininterrompue d´actions salvatrices du Seigneur, qui sont annoncées dans la catéchèse et célébrées dans la liturgie, afin que continue à exister chez les croyants l´espérance dans l´intervention libératrice de Dieu.
5. Dans l´antienne de conclusion se trouve une des plus belles définitions du Seigneur, comme pasteur de son peuple: « Lui, il nous conduit » (v. 15). Le Dieu de Sion est le Dieu de l´Exode, de la liberté, de la proximité avec le peuple esclave en Egypte et en pèlerinage dans le désert. Maintenant qu´Israël se trouve dans la terre promise, il sait que le Seigneur ne l´abandonne pas: Jérusalem est le signe de sa proximité, et le temple est le lieu de sa présence.
En relisant ces expressions, le chrétien s´élève à la contemplation du Christ, le nouveau temple vivant de Dieu (cf. Jn 2, 21), et il se tourne vers la Jérusalem céleste, qui n´a plus besoin d´un temple et d´une lumière extérieure, car « le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout est son temple, ainsi que l´Agneau […] la gloire de Dieu l´a illuminée, et l´Agneau lui tient lieu de flambeau » (Ap 21, 22-23). Saint Augustin nous invite à cette relecture « spirituelle », convaincu que dans les livres de la Bible, « il n´y a rien qui concerne uniquement la ville terrestre, mais que tout ce qui s´y réfère, ou qui s´accomplit pour elle, symbolise quelque chose qui, par allégorie, peut être référé également à la Jérusalem céleste » (La Cité de Dieu, XVII, 3, 2). Saint Paulin de Nole lui fait écho, lui qui, précisément en commentant les paroles de notre Psaume, exhorte à prier afin que « nous puissions être retrouvés comme des pierres vivantes dans les murs de la Jérusalem céleste et libre » (Lettre 28, 2 à Sévère). Et en contemplant la solidité et l´unité de cette ville, le même Père de l´Eglise poursuit: « En effet, celui qui habite cette ville se révèle comme l´Un en trois personnes […] De celle-ci, le Christ a été constitué non seulement comme le fondement, mais également comme la tour et la porte […] Si c´est donc sur Lui que se fonde la maison de notre âme et sur Lui que s´élève une construction digne d´un aussi grand fondement, alors la porte d´entrée de sa ville sera pour nous précisément Celui qui nous guidera dans les siècles et il nous fera aller dans ses pâturages » (Ibid.).
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