CITE DU VATICAN, Mercredi 17 octobre 2001 (ZENIT.org) - Au terme de l´audience générale de ce mercredi 17 octobre, le pape Jean-Paul II a lancé un appel pour la fin des violences entre musulmans et chrétiens au Nigeria. Jean-Paul II appelait les uns et les autres à s´aider mutuellement à "retrouver le chemin de la fraternité".

Le Nigeria, pays multi-confessionnel, a connu plusieurs explosions de violences interreligieuses depuis le retour d´un régime démocratique dans le pays, en mai 1999, date de l´arrivée au pouvoir de M. Obasanjo, un chrétien de l´ethnie yoruba, originaire du sud du Nigeria. Une dizaine d´Etats du nord du pays, à majorité musulmane, ont mis en place la loi islamique, la sharia, en dépit de l´opposition du pouvoir fédéral et des chrétiens qui y vivent. Le pape a effectué un voyage au Nigeria en 1982 et en 1997. Les émeutes ont frappé la ville de Kanao samedi 13 et dimanche 14 octobre.

"Un autre épisode d´une effroyable violence est venu s´ajouter à la tragique situation mondiale de ces derniers jours, constatait le pape: plus de 200 morts et des centaines de blessés, victimes des affrontements entre musulmans et chrétiens au Nigeria".

Le pape condamnait ces violences en disant: "Qui est à l´origine de ces actes injustifiables, en porte la responsabilité devant Dieu".

"Alors que j´exprime, aussi au nom de vous tous, à l´évêque de Kano, Mgr Patrick Francis Sheehan, et à ceux qui pleurent la perte de ceux qui leur sont chers, notre proximité spirituelle, je prie Dieu d´aider les uns et les autres à retrouver le chemin de la fraternité. Ce n´est qu´ainsi qu´il sera possible de répondre à l´attente de Dieu qui veut faire de l´humanité une unique famille".

Quelque 200 personnes auraient en effet trouvé la mort au cours de deux jours d´émeutes, samedi et dimanche, à Kano, à 350 km au nord de la capitale du Nigeria, Abuja. C´est la plus grande ville du pays, la deuxième place commerciale après Lagos et sa population est en majorité musulmane. Selon la Croix Rouge, ces violences se sont déchaînées à la suite d´une manifestation contre les frappes américaines en Afghanistan.

Toujours selon la Croix Rouge, 18.000 habitants de Kano ont en outre été déplacés en raison des émeutes. Plus de 300 personnes ont également été blessées et des dizaines d´habitations, églises, mosquées, commerces et véhicules ont été incendiés au cours des deux jours d´émeutes.

Quelque 200 arrestations ont été effectuées, indique la police. Selon des témoins, les émeutes auraient commencé par des affrontements entre jeunes chrétiens et musulmans. Le commissaire à l´Information de l´Etat de Kano, Nura Mohammed Dankadai, a cependant affirmé, dimanche, que les émeutes n´avaient pas de motivations religieuses et qu´elles étaient l´oeuvre de "gamins des rues".

Le président Obasanjo n´en n´a pas moins participé lundi, 15 octobre, à Paris, à la 31ème session de la conférence générale de l´Organisation des Nations unies pour l´Education, la Science et la Culture (UNESCO). Il a déclaré à cette occasion que "la manifestation de vendredi était pacifique, mais samedi, des jeunes voulant voler et piller avaient pris la relève".

Le chef de l´Etat nigérian a tenu à souligner qu´aucune organisation au Nigeria ne soutenait le milliardaire d´origine saoudienne Oussama ben Laden, tout en concédant qu´il était possible que certains individus le fassent. En effet, le 7 octobre, plus de 3.000 musulmans avaient participé à une manifestation à Kano, pour exprimer leur soutien à Oussama ben Laden.