Le pape confie le pays de l´ancien "archipel du goulag" à la Vierge Marie

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Et invite à un témoignage chrétien crédible , dans la « douceur du dialogue »

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CITE DU VATICAN, Lundi 24 septembre 2001 (ZENIT.org) – Au cours de la célébration de ce matin, à Astana, nouvelle capitale du Kazakhstan, le pape Jean-Paul II a confié le pays qui abritait « l´archipel du goulag » à la protection de la Vierge Marie, Reine de la paix.

Les chrétiens du Kazakhstan la vénèrent au sanctuaire d´Oziornoje comme patronne de la Nation depuis 1995. Le pape a invité prêtres, religieux et séminaristes à un « témoignage crédible » rendu à l´Evangile, loin de tout prosélytisme agressif, dans la « douceur du dialogue ».

Le pape Jean-Paul II a célébré ce matin, 24 septembre, la messe en la cathédrale de Notre-Dame du Perpétuel Secours d´Astana, pour les prêtres, les religieuses et religieux, et les séminaristes, venus de tout le pays ainsi que d´autres anciennes Républiques soviétiques d´Asie centrale comme l´Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et le Turkménistan. Cette cathédrale moderne d´Astana, de dimensions modestes et faite de briques rouges, a surgi dans les années ´90, dans le mouvement de renouveau qui a accompagné la « chute des murs ». Le pape a célébré en polonais, en allemand, et en russe, les langues parlées par la plupart des clercs et des catholiques issus des familles de déportés de l´ère soviétique: ceux qui peuplaient alors « l´archipel du goulag ».

Dans son homélie, le pape les a s invités à reconstruire l´Eglise dans cette pâte », dans un environnement majoritairement musulman (les catholiques ne sont que 180.000 environ). Le pape a évoqué les souffrances inouïes et l´héroïsme des tant de prêtres pendant le régime communiste: ils ont été déportés et beaucoup sont morts dans les goulags, où il ont pourtant continué à exercer leur ministère dans une forme de « pastorale de la déportation ».

« Chers frères et sœurs, exhortait le pape, restez fidèles pour toujours au Dieu de la vie. Ensemble reconstruisons son temple vivant, qui est la communauté ecclésiastique s´étendant à travers cette vaste région eurasienne ».

Le pape évoquait l´image biblique du retour des déportés de Babylone raconté par le livre d´Esdras, proposé par la liturgie d´aujourd´hui. « Après l´oppression communiste, vous aussi, de la même manière que les exilés, revenez à nouveau pour proclamer ensemble votre foi commune. Aujourd´hui, dix ans après avoir reconquis votre liberté, vous vous souvenez des luttes du passé ». Le pape polonais vibre à ce souvenir et dit: « J´ai longtemps attendu avec impatience le rassemblement d´aujourd´hui pour partager votre joie ».

Le pape évoquait les épreuves présentes et passées des chrétiens. « Mes pensées sont tournées en ce moment vers vos communautés, dispersées et durement mises à l´épreuve. De coeur et d´esprit, je revis les épreuves épouvantables de tous ceux qui ont souffert non seulement l´exil physique et l´emprisonnement, mais aussi le ridicule public et la violence car ils ont choisi de ne pas renoncer à leur foi ».

Jean-Paul II citait les noms des bienheureux, Oleks Zarytsky, prêtre et martyr, mort au goulag de Dolynka; Mgr Mykyta Budka, mort au goulag de Karadzar; Mgr Alexander Chira, pasteur aimé et généreux de Karaganda, pendant plus de vingt ans, et qui écrivait dans sa dernière lettre: « Je remets mon corps à la terre, mon esprit au Seigneur, et mon cœur, je le donne à Rome. Oui, avec mon dernier souffle de vie, je veux confesser ma pleine fidélité au vicaire du Christ sur la terre ». Le pape citait encore le P. Tadeusz Federowicz, qu´il a connu personnellement, disait-il et a « inventé une pastorale de la déportation ».

A propos des souffrances alors endurées, le pape affirmait: « C´est sur leurs souffrances, unies à a Croix du Christ, qu´a fleuri la nouvelle vie de cette communauté chrétienne du Kazakhstan, qui, délivrée du poids de l´oppression totalitaire, est maintenant appelée à être un témoin crédible de l´Evangile ». Leur témoignage, ajoutait le pape, peut fortifier aujourd´hui les pasteurs et les religieuses de cette Eglise: plus on témoigne de l´amour de Dieu, disait-il, plus il grandit dans le cœur.

Le Kazakhstan abritait, au temps des Soviets, les nombreux camps qui formaient cet « archipel du goulag », dont l´évocation d´Alexandre Soljenitsyne (1973) fit frémir le monde. Les évaluations parlent de plus de deux millions de déportés au Kazakhstan, dont plus de 900.000 Allemands, au cours de la campagne forcée de collectivisation des terres lancée par Staline, mais aussi du fait de la persécution contre les catholiques et des purges politiques. Aux portes d´Astana se trouvait l´un des camps d´internements les plus tristement célèbres: on y regroupait les femmes des « ennemis du peuple ». Plus de deux autres millions de personnes ont été envoyés dans des camps « pénitentiaires » de la région de Karaganda: ils y furent décimés par les maladies, la faim, le froid.

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ZENIT Staff

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