Mgr Francesco Follo, 17 déc. 2018 © Mgr Francesco Follo

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Lectures de dimanche : Par la foi nous vivons, suivons et attendons le Seigneur

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La vie est un voyage vers l’éternité

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« Par la foi nous vivons, suivons et attendons le Seigneur » : c’est le titre de la méditation de Mgr Francesco Follo sur les lectures de dimanche prochain, 11 août 2019 (XIXème Dimanche du Temps Ordinaire – Année C – Sg 18,6-9; Ps 32; He 11,1-2.8-19; Lc 32-48).
« Aucun esprit humain ne pouvait et ne peut concevoir un Dieu qui se fait serviteur,  un Seigneur qui se met au service de notre vie », souligne l’observateur permanent du Saint-Siège à l’Unesco à Paris.
Et de conseiller : « La vie est un voyage vers l’éternité. Nous devons exploiter intensément tous nos talents, sans jamais oublier que « nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir » (Héb 13,14)… Nous devons vivre et travailler dans le temps, portant dans nos cœurs la nostalgie du ciel. »
1) Soyez prêts     
La liturgie de la Parole de ce 19e dimanche du temps ordinaire nous invite à la vigilance (cf. l’Évangile) et à la foi (cf. première et deuxième lecture). Trois fois l’invitation du Rédempteur est répétée : « Soyez prêts », restez prêts. À quoi ? A la splendeur de la rencontre avec le Seigneur de la vie et non avec un Dieu menaçant, voleur de vie.  Une rencontre non pas avec Dieu qui est la projection de nos peurs et de nos passions  violentes ; mais avec un Dieu qui se fait serviteur de ses serviteurs qui « les fera asseoir à table et passera pour les servir ».  Quel Dieu prodigieux est celui qui s’incline devant l’homme avec estime, respect et gratitude. Presque toujours l’homme s’est créé lui-même un Dieu patron despotique de la vie, le Christ nous révèle un Dieu Père, riche en miséricorde et en amour.
Aucun esprit humain ne pouvait et ne peut concevoir un Dieu qui se fait serviteur,  un Seigneur qui se met au service de notre vie.
Les serviteurs dont l’évangile parle, ne sont pas obligés par contrat  à rester en attente, éveillés jusqu’à l’aube. C’est « un de plus » qui n’est dicté ni par le devoir ni par la peur, donc on n’attend que si on aime et désire, c’est une attente d’amour. On ne peut attendre le moment des embrassades à venir : « Où c’est ton trésor, là aussi sera ton cœur ». Le Christ maître (celui de la parabole) qui est un trésor, un trésor du Père vers qui la flèche du cœur pointe droit, comme s’il était le bien-aimé du Cantique : « Je dors, mais mon cœur veille » (5,2).
En acceptant l’invitation chaleureuse à la vigilance, propre de l’évangile d’aujourd’hui, nous devons toujours être prêts pour la rencontre finale et définitive avec le Seigneur : « Heureux les serviteurs que le maître trouvera encore éveillés à son retour …. Et si, au milieu de la nuit ou avant l’aube, il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! » La vie est un voyage vers l’éternité. Nous devons exploiter intensément tous nos talents, sans jamais oublier que « nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir » (Héb 13,14). Chaque moment devient précieux précisément pour cette perspective. Nous devons vivre et travailler dans le temps, portant dans nos cœurs la nostalgie du ciel. Dieu nous a créés pour partager son bonheur éternel et absolu. Nous ne comprenons pas en quoi consiste cette joie suprême et totale ; mais Jésus nous le fait comprendre d’une certaine manière, en disant que la situation va alors basculer et que Dieu lui-même se mettra à notre service (cf plus haut). La pensée du paradis doit nous faire nous réjouir de la joie de l’amour (Pape François) et doit stimuler chacun à un engagement constant envers sa propre sainteté.
2) Providence : la fidélité de Dieu qui toujours nous soutient
Le deuxième fil conducteur de la liturgie romaine de la Parole d’aujourd’hui est la foi[1], entendu comme confiance dans la fidélité de Dieu.
Dans la première lecture, il nous est dit que : « la nuit de la libération, tu as donné à ton peuple, Seigneur, une colonne de feu comme guide pour un voyage inconnu et comme un soleil inoffensif pour une glorieuse émigration  » (ag. 18,6). De jour avec une colonne de nuées, de nuit avec une colonne de feu, Dieu n’abandonne jamais son peuple. La mémoire  des bénéfices de Dieu, de son action pour libérer et guider le peuple élu nous invite et nous apprend à avoir confiance dans le Seigneur qui accompagne son peuple de l’esclavage à la liberté.
Dans la deuxième lecture, l’auteur de la lettre aux Hébreux nous montre que la foi est dans l’histoire des personnes qui ont fermement cru en Dieu. Abraham en est un exemple si fort qu’on l’appelle « Notre Père dans la foi ». Lui a cru, non parce qu’il a vu Dieu, mais parce qu’il l’a écouté et s’est mis en route vers un futur inattendu. Nous aussi, nous sommes invités à vivre la même foi qui poussa Abraham à vivre sur terre comme un pèlerin. L’histoire du salut, qui en Abraham est un repère, est comme un pèlerinage qui, progressivement, se réalise en révélant des promesses ultérieures, toujours davantage tourné vers la pleine communion à Dieu : de la terre à la descendance, pour habiter dans la maison de Dieu.
Comme Abraham, nous, les croyants, sommes toujours « en route », perpétuels pèlerins vers une patrie qui est plus une condition qu’un lieu : ce n’est pas « habiter » avec le Seigneur, mais « être en lui », comme des rameaux « dans » la vigne. En paraphrasant la Lettre à Diognète  (II, 5,1-16), nous pouvons dire que nous, Chrétiens, avons une patrie mais nous y sommes comme des pèlerins; Chaque terre étrangère est une patrie pour nous, chaque patrie est une terre étrangère.
Nous parcourrons l’existence sur la terre, mais nous sommes des citoyens du ciel (Hé 13,14).
Ce fait est particulièrement porté en témoignage par les vierges consacrées, qui vivent dans le monde mais ne sont pas du monde. Avec la consécration, elles ont donné leur cœur à l’époux, qu’elles attendent intensément, pour l’accueillir avec dévotion, pour l’aimer complètement dans la chasteté, pour le servir constamment (cf. Rituel de consécration des vierges, n°25 : « En remettant le voile, l’Evêque dit : « Recevez ce voile, signe de votre consécration ; n’oubliez jamais que vous êtes vouées au service du christ et de son corps, qui est l’Eglise »).
La vie consacrée montre la vérité de l’expérience du don de soi à Dieu: en restant continuellement en mouvement, par la conversion au Seigneur, la personne trouve un chemin stable qui la libère.
3) la vigilance : notre fidélité au Christ, toujours
Achevons maintenant les réflexions proposées au premier paragraphe (point 1)
Dans la troisième lecture que la Liturgie nous propose aujourd’hui Jésus, outre l’invitation à la confiance-foi dans la providence, parle aussi de l’importance de la vigilance dans l’attente du retour du Seigneur Jésus.
Le sujet  auquel Jésus s’adresse est le  » petit troupeau » : un troupeau aimé par Dieu, choisi et destiné au Règne, mais petit. Cette petitesse peut faire naître le doute et le découragement dans le cœur de beaucoup de personnes. Mais c’est un découragement à fuir : l’histoire du Salut est réglée par la loi du  » reste d’Israël », c’est à dire d’un petit groupe de croyants authentiques dans lequel le Règne se réalise au bénéfice de tous.
Le petit troupeau est invité à ne pas avoir peur. « N’ayez pas peur » : oui à la vigilance, à la promptitude et à l’engagement, mais tout cela dans un climat de grande confiance. Le Règne est donné (cela a plu au Père de nous donner le Règne), il s’appuie sur son amour et pas sur nos prestations : donc, aucune crainte.
Le petit troupeau est également invité à distribuer ses propres biens : « vendez tout ce que vous avez et donnez-le en aumône ». C’est cela la richesse… Et non la possession dont parle la parabole du riche insensé. C’est dans cette direction qu’il faut orienter son propre cœur : « là où se trouve votre trésor, se trouve aussi votre cœur. ».
    4) Aveugles au mal, pour voir le bien
L’histoire de l’évangile poursuit avec un langage imaginaire (vv.35-40) et sa signification est limpide. « Soyez prêts, les reins ceints et les lanternes allumées. » L’image des lanternes  nous fait penser à la parabole des vierges sages et insensées. La ceinture aux reins rappelle la façon dont les travailleurs soulevaient et enroulaient sur les côtés les vêtements pour ne pas être empêchés dans le travail, ou encore le geste des passants qui soulevaient  leurs vêtements pour marcher plus rapidement. Ce comportement de pèlerin et vigilant est donc recommandé, empêchant d’être des sédentaires. Trop de choses peuvent encombrer notre esprit et nous rendre sédentaires au détriment de l’espérance (qui n’est pas seulement l’attente de l’au-delà, mais aussi la capacité de transformer les choses ici, en tenant compte de la nécessité de se convertir avant soi-même sinon Tolstoï aurait raison d’affirmer: « tous pensent à changer le monde mais personne ne pense à se changer soi-même. »
Après la brève parabole du Patron qui rentre des noces et celle du Seigneur qui apparaît soudain comme un voleur, voici une 3ème parabole : celle de  l’administrateur fidèle (vv.41-48). De ce fait le thème de la vigilance est enrichi par un nouveau comportement : celle de l’administration fidèle des biens du patron, le sens des responsabilités. Quels sont les biens du Patron à administrer fidèlement et avec responsabilité? Le texte ne le dit pas clairement, mais nous pouvons penser à l’utilisation de tous ces biens (richesses, rapports, tout) que Dieu a mis entre nos mains et qui doivent être administré sans être gardé exclusivement pour soi.
La fidélité et le sens des responsabilités sont requis en proportion à la connaissance que chacun a du Patron : plus grande est la connaissance, plus grande est la responsabilité. C’est dire que la fidélité et la responsabilité sont par-dessus tout demandé aux croyants pour le vrai travail dans la Vigne du Seigneur : l’Eglise.
L’important est de croire dans la foi pour « voir » que Dieu est Père, qu’il est un Patron plein d’amour et tout-puissant. En Jésus, le Père met la Toute puissance à la disposition de sa charité, en la rendant bienfaisante et aimable aux yeux de tous. En Jésus, la foi nous rend « aveugles » au mal et attentifs au Bien, à la Charité, à la Sainteté, à la Vie éternelle et nous pouvons conduire vers la Paix et le Père nos frères dans le Christ.
Ne soyons pas fatigués de regarder le Christ sur la Croix. Plus nous fixerons nos yeux sur lui, plus nous verrons la lumière à travers ses côtes ouvertes par amour et plus nous croirons parce que la foi naît de la lumière de l’Amour.
Soyons des pauvres d’esprit en faisant que les biens servent la justice et en nous en servant avec justice qui se consomme dans la charité et se manifeste réellement dans la miséricorde (cf. François, Enc, Lumen Fidei, nn 6 et 13).
La foi est la lumière de l’Amour
Dans la foi, don de Dieu, vertu surnaturelle infuse par lui, nous reconnaissons qu’un grand amour nous a été offert, qu’une bonne Parole nous a été adressée et qu’en accueillant cette Parole, qui est Jésus Christ, Parole incarnée, le Saint Esprit nous transforme,  illumine le chemin du futur et fait grandir en nous les ailes de l’espérance pour le parcourir avec joie. Foi, Espérance et Charité constituent, le dynamisme de l’existence chrétienne vers la pleine communion avec Dieu (LF 6).
Croire signifie se confier à un amour miséricordieux qui accueille et pardonne toujours, qui soutient et oriente l’existence, qui se montre puissant dans sa capacité à redresser les déformations de notre histoire. La foi consiste en la disponibilité à nous laisser transformer par l’appel de Dieu.
 
Lecture Patristique
Extraits de Saint Irénée de Lyon
Au sujet de la Tradition apostolique,
Pour la catéchèse sur la Foi, l’Espérance et la Charité
« En effet, l’Église, bien que dispersée dans le monde entier jusqu’aux extrémités de la terre, ayant reçu des apôtres et de leurs disciples la foi… garde cette prédication et cette foi avec soin, comme n’habitant qu’une seule maison, elle y croit d’une manière identique, comme n’ayant qu’une seule âme et qu’un même cœur, et elle les prêche, les enseigne et les transmet d’une voix unanime, comme si elle ne possédait qu’une seule bouche ». (Saint Irénée de Lyon, Adversus haereses, 1, 10, 1-2 – SC 264, 154-158; PG 7, 550-551).
« En fait, si les langues diffèrent à travers le monde, le contenu de la Tradition est un et identique. Et ni les Églises établies en Germanie, ni celles qui sont en Espagne, ni celles qui sont chez les Celtes (en Gaule), ni celles d’Orient, d’Egypte, de Libye, pas plus que celles qui sont établies au centre du monde n’ont d’autre foi ou d’autre Tradition». (Saint Irénée de Lyon, Adversus haereses, 1, 10, 2 – SC 264, 158-160; PG 7, 531-534).
« Le message de l’Église est donc véridique et solide, puisque fait apparaître à travers le monde entier  un seul chemin de salut». (Saint Irénée de Lyon, Adversus haereses, 5, 20, 1 – SC 153, 254-256; PG 7, 1177).
« Conservons avec soin cette foi que nous avons reçue de l’Église, car, sous  l’action de l’Esprit de Dieu, telle un dépôt de grande valeur renfermé dans un vase précieux, elle rajeunit et fait rajeunir continuellement le vase même qui la contient ». (Saint Irénée de Lyon, Adversus haereses, 3, 24, 1 – SC 211, 472; PG 7, 966).
« Ainsi donc, la Tradition des apôtres, qui a été manifestée dans le monde entier, c’est en toute Église qu’elle peut être perçue par tous ceux qui veulent voir la vérité. Et nous pourrions énumérer les évêques qui furent établis par les apôtres dans les Églises, et leurs successeurs jusqu’à nous. Or ils n’ont en rien enseigné, ni connu de mystères secrets qu’ils auraient enseigné à des êtres nés parfaits, à l’insu des autres, mais les auraient certainement transmis à ceux à qui ils confiaient les Églises elles-mêmes. Car ils voulaient que fussent absolument parfaits et en tout point irréprochables (cf. 1 Tm 3,2) ceux qu’ils laissaient pour successeurs et à qui ils transmettaient leur propre mission d’enseignement : si ces hommes s’acquittaient correctement de leur charge, ils en recevraient un grand profit, tandis que, s’ils venaient à faillir, ce serait le plus grand des malheurs.
Mais comme il serait trop long, dans un ouvrage tel que celui-ci, d’énumérer les successions de toutes les Églises, nous prendrons seulement l’une d’entre elles, l’Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux glorieux apôtres Pierre et Paul fondèrent et établirent à Rome. En montrant que la Tradition qu’elle tient des apôtres et la foi (cf. Rm 1,8)  qu’elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu’à nous par des successions… Car avec cette Église, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s’accorder toute Église, c’est-à-dire les fidèles de partout, — elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a toujours été conservée la Tradition qui vient des apôtres.
Donc, après avoir fondé et édifié l’Église, les bienheureux apôtres remirent à Lin la charge de l’épiscopat ; c’est de ce Lin que Paul fait mention dans les épîtres à Timothée (cf. 2 Tm 4, 21). Anaclet lui succède. Après lui, en troisième lieu à partir des apôtres, l’épiscopat échoit à Clément. Il avait vu les apôtres eux-mêmes et avait été en relations avec eux : leur prédication résonnait encore à ses oreilles et leur Tradition était encore devant ses yeux. Il n’était d’ailleurs pas le seul, car il restait encore à cette époque beaucoup de gens qui avaient été instruits par les apôtres. Sous ce Clément, donc, un grand dissentiment se produisit chez les frères de Corinthe ; l’Église de Rome adressa alors aux Corinthiens une très importante lettre pour les réconcilier dans la paix, renouveler leur foi et leur annoncer la Tradition qu’elle avait naguère reçue des apôtres…
A ce Clément succède Évariste ; à Évariste, Alexandre; puis, le sixième à partir des apôtres, Xyste est établi; après lui, Télesphore, qui rendit glorieusement son témoignage; ensuite Hygin; ensuite Pie; et après lui, Anicet; Soter ayant succédé à Anicet, c’est maintenant Eleuthère qui, en douzième lieu à partir des apôtres, détient la fonction de l’épiscopat. Voilà par quel ordre et quelle succession la Tradition se trouvant dans l’Église à partir des apôtres et la prédication de la vérité sont parvenues jusqu’à nous.
Et c’est là une preuve très complète qu’elle est une et identique à elle-même, cette foi vivifiante qui, dans l’Église, depuis les apôtres jusqu’à maintenant, s’est conservée et transmise dans la vérité ». (Saint Irénée de Lyon, Adversus haereses 3, 3, 1-3).
La gloire de Dieu donne la vie; c’est pourquoi ceux qui voient Dieu reçoivent la vie. Tel est le motif pour lequel Celui qui est insaisissable, incompréhensible et invisible s’offre à être vu, compris et saisi par les hommes : c’est afin de donner la vie à ceux qui le saisissent et qui le voient. Il est impossible de vivre si la vie n’a pas été reçue, et il n’y a de vie que par la participation à l’être divin. Cependant, une telle participation consiste à voir Dieu et à jouir de sa bonté. Les hommes verront donc Dieu afin de vivre, rendus immortels et divins à la vue de Dieu. C’est là, je l’ai déjà dit, ce qui était annoncé d’une manière figurative par les prophètes, à savoir que Dieu serait vu par les hommes qui portent son Esprit et attendent sans cesse sa venue. Comme Moïse le dit encore dans le Deutéronome : « En ce jour-là nous verrons, car Dieu parlera à l’homme et celui-ci vivra » (cf. Dt 5, 24).  Celui qui opère tout en tous dans sa grandeur et sa puissance, est invisible et inexprimable à tout être fait par lui; toutefois il ne leur est nullement inconnu pour autant, car tous apprennent par son Verbe qu’il n’y a qu’un seul Dieu Père, qui soutient toutes choses et donne à tous l’existence, comme il est écrit dans l’Evangile : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils Unique, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a révélé. » (Gv 1, 18). Ainsi, dès le commencement, le Fils est le Révélateur du Père, puisqu’il est dès le commencement avec le Père: les visions prophétiques, la diversité des grâces, ses propres ministères, la manifestation de la gloire du Père, tout cela, à la façon d’un tableau harmonieusement ordonnée, il l’a déroulé devant les hommes, au moment le plus opportun, pour leur profit. Et où il y a l’ordre, il y a l’harmonie; où il y a l’harmonie, il y a un temps opportun ; où il y a temps opportun, il y a profit. C’est pourquoi le Verbe s’est fait le dispensateur de la grâce du Père pour l’utilité des hommes, en faveur desquels il a ordonnée toute l’économie du salut, montrant Dieu aux hommes et présentant l’homme à Dieu. Il a sauvegardé l’invisibilité du Père pour que l’homme n’en vînt pas à mépriser Dieu et qu’il eût toujours vers quoi progresser. En même temps, rendant Dieu visible aux hommes par de multiples interventions providentielles, de peur que, privé totalement de Dieu, l’homme ne perdît jusqu’à l’existence, car la gloire de Dieu c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme c’est la vision de Dieu : si déjà la révélation de Dieu à travers la création procure la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe procure-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu. (Saint Irénée de Lyon, Adversus haereses, 4, 20, 5-7 – SC 100, 640-642. 644-648).
 
[1]La foi est l’attitude intérieure de celui qui croit. Les mots de la Bible qui sont traduits par « foi » ou  «fidélité » (en hébreu : ‘èmunah, ‘émèt) et par « croire » découle en hébreu de la même racine (‘mn) ; en grec pistis, « foi », et pisteuein, « croire ». L’idée fondamentale, en hébreu, est celle de la fermeté ; en grec, c’est celle de la persuasion. Voir le Dictionnaire critique de théologie, sous la direction de Jean-Yves Lacoste, Pris, 2007.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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