Cardinal Filoni, Capture CTV

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Évangéliser et non convertir, par le cardinal Filoni

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Réflexion en vue du mois des missionnaires, octobre 2019

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« L’annonce de l’Évangile à tous les peuples », telle est la mission d’aujourd’hui, estime le cardinal Fernando Filoni qui précise : « Évangéliser c’est proposer l’Évangile par l’annonce et, comme dit le pape François, en contact, par le témoignage… Convertir signifie aller avec ses gros sabots et tout casser. »
Le préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples a accordé une interview à ACI stampa  dans laquelle il a réfléchi sur le sens de la mission aujourd’hui et sur la proclamation du mois des missionnaires, qui se tiendra en octobre 2019, pour célébrer le centenaire de la Lettre apostolique Maximum Illud du pape Benoît XV, la première des encycliques missionnaires du XXe siècle.
« La présence chrétienne est un service »
« Jésus n’a jamais rien imposé, il a toujours proposé, souligne le cardinal. Il n’a jamais forcé personne. Et, à côté de la proposition, il y avait un contact. Nous devons donc travailler. »
« Évangéliser » ce n’est pas « convertir », affirme le préfet. Il avertit : « L’annonce de l’Évangile à tous les peuples » ne signifie pas que « tout le monde doit devenir chrétien ». « La présence chrétienne est un service. Il suffit de dire que nous pourrions créer des milliers d’écoles, ainsi au Moyen-Orient, et elles sont fréquentées aussi par les membres de l’autre religion. Pourquoi? Parce qu’ils savent  que dans nos écoles l’enseignement est bon pour la personne et les valeurs sont bonnes pour la personne. »
« Donc, résume-t-il, le choix d’être chrétien, musulman ou hindou est subjectif et personnel. Cela dépend de la famille et de la culture. Mais nous donnons les valeurs fondamentales. »
« La dispersion de nos valeurs, dit-il, conduit à une autre façon de penser, d’être et de vivre », mais elles « doivent être réaffirmées et adaptées », surtout sur « des continents comme l’Afrique, l’Asie, l’Océanie et aussi dans de nombreuses régions de l’Amérique, en particulier en Amérique latine ».
« Une nouvelle vision » de la mission
La Lettre apostolique Maximum Illud est « un document extraordinaire », selon le préfet, car il donne « une nouvelle vision » de la mission. « Pour la première fois », explique le cardinal Filoni, « le pape a appelé toute l’Église à se sentir responsable de la mission et à reconnaître en même temps les valeurs implicites dans d’autres présences religieuses dans le monde ».
« L’architecture de la mission est un pont avec plusieurs arcs, poursuit-il, parmi lesquels l’encyclique de Benoît XV, le décret conciliaire Ad Gentes sur les missions, Redemptor Hominis de saint Jean-Paul II et Evangelii Gaudium du pape François : ils construisent l’architecture de l’idée missionnaire de l’Église. »
Le préfet de la congrégation missionnaire estime qu’il y aura un document pour marquer le centenaire de Maximum Illud. « Je ne sais pas quelle forme cela prendra, précise-t-il, – une encyclique, une lettre – mais je l’espère. Telle est notre intention. »
Le mois missionnaire, indique-t-il, « sera composé d’une série de rencontres et divisé en semaines thématiques. Le pape rappellera à l’Église le sens de la responsabilité de la mission, parce que – comme a dit récemment le pape François dans son message pour la Journée missionnaire mondiale 2017 – « si l’Église n’est pas missionnaire, elle risque d’être une association parmi tant d’autres ». »
« L’Église doit dire: Je suis banlieue »
« La mission est au centre de la foi chrétienne, affirme le cardinal Filoni, le cœur est toujours là où il y a quelqu’un, où l’annonce de l’Évangile est faite. »
Certaines régions du monde, explique le cardinal, restent toujours « difficilement accessible » pour les missionnaires. Comme « la région amazonienne ». Il donne des conseils pour l’approche des autochtones, qui « ne devrait pas être idéologisée », « forcée » : « dans leur culture, le christianisme vient parfois presque naturellement. Mais vous devez avoir de la patience pour comprendre, pour vous rencontrer, pour parler ».
« Un leader indigène, raconte le cardinal, m’a dit: ‘Nous sommes ici et nous nous demandons comment un grand chef de l’Occident vient dans ce village éloigné’. Il était complexe lui faire comprendre que, oui, c’est vrai, leur village d’un point de vue géographique peut être loin d’autres centres, mais qu’ils sont au cœur de l’Église, et que la distance n’existe pas… L’Église doit dire: Je suis banlieue. Voilà donc le vrai message qui doit venir. »
La formation des prêtres
Le cardinal s’est attardé sur les questions de la formation des prêtres et du fonctionnement des séminaires. « Il y a des centaines de séminaires qui se sont développés, en particulier dans les pays de mission », note-t-il. « Il y a 100 ans, plusieurs États n’existaient pas : de nombreux États étaient les colonies. Aujourd’hui, c’est une réalité, avec des histoires, des cultures spécifiques, capables dans ce contexte d’aider à la formation des gens… La formation doit être constamment mise à jour. »
Le préfet a aussi parlé de la liberté chrétienne, en précisant que « certains États disent qu’ils ont autorisé la liberté de culte », mais « ce n’est pas la même chose » : « la liberté de culte est la conséquence nécessaire de la liberté religieuse, dans laquelle tout le monde est libre de proclamer sa foi. »
Le cardinal a conclu en disant qu’ « il y a une grande augmentation des vocations missionnaires, de sorte que les évêques sont appelés à faire une sélection forte ».

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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