CITE DU VATICAN, Jeudi 9 Janvier 2002 (ZENIT.org) – Défiant la mise en vigueur d’une loi anti-conversion dans l’Etat du Tamil Nadu, une centaine de dalits ont embrassé publiquement soit le christianisme soit le bouddhisme, rapporte l’agence des Missions étrangères de Paris, Eglises d’Asie (EDA, cf. eglasie.mepasie.org), dans le bulletin du 1er janvier N°366.
Le 6 décembre dernier, en guise de protestation et de défi à la mise en vigueur de la loi anti-conversion dans l’Etat du Tamil Nadu, un rassemblement public de portée hautement symbolique s’est tenu à Solaiyur, près de Chennai, la capitale de l’Etat. Ce jour-là, publiquement, une cinquantaine de dalits de religion hindoue ont déclaré se convertir au christianisme, tandis que trente-six autres embrassaient le bouddhisme, religion extrêmement minoritaire en Inde. Cette manifestation qui ne cachait pas son caractère protestataire avait été organisée par une confédération rassemblant des groupes de basse caste en collaboration avec le Conseil chrétien pan-indien, une association œcuménique de laïcs.
Les organisateurs avaient prévu la participation de 3 000 dalits à leur assemblée. Cependant, la réunion avait été interdite par les autorités de l’Etat et plusieurs compagnies de police avaient reçu l’ordre d’empêcher la tenue de cette manifestation. Des arrestations avaient eu lieu la nuit précédente, des employés de l’Eglise préparant la manifestation avaient été menacés. Des voitures et des cars transportant un millier de participants ont été bloqués sur la route et détournés vers une autre destination. En conséquence seule une partie de l’assistance prévue a pu participer activement à la célébration.
Il y avait environ 1 500 participants lorsque les cérémonies ont commencé. Les organisateurs ont demandé à ceux qui voulaient adhérer au christianisme de se placer à droite de l’estrade et à ceux qui désiraient se convertir au bouddhisme de se placer à gauche. On a vu alors Mgr M. A. Thomas, de l’institut biblique Emmanuel, procéder au lavement des pieds de quelques-uns des dalits pour manifester leur acceptation à l’intérieur de l’Eglise pentecôtiste. Les convertis ont ensuite signé des papiers attestant le caractère volontaire de leur changement de religion. Un peu plus tard, les organisateurs ont averti les autorités du nombre de personnes ayant embrassé l’une ou l’autre des deux religions. Ils n’ont pas non plus manqué de se plaindre publiquement des entraves mises par le gouvernement au bon déroulement de la manifestation. Les deux associations organisatrices ont fait paraître un communiqué critiquant les efforts accomplis par la police pour faire échouer la réunion. Pour sa part, le président de la Confédération des dalits, G. Renganathan, a affirmé que les brutalités policières ne détourneraient pas son association d’organiser à l’avenir d’autres réunions de ce type.
Des propos recueillis à l’issue de cette assemblée illustrent bien la signification de cette réunion ainsi que la valeur que l’on peut accorder aux conversions qui ont eu lieu à cette occasion. L’un des nouveaux convertis, Murugabhoopathy, a confié à l’agence Ucanews : « Au moins maintenant, ils [les personnes de haute caste] me traiteront comme un être humain… Que ce soit dans le christianisme, le bouddhisme ou l’hindouisme, partout, Dieu est bon ! » Certains ont également fait remarquer que la date de cet événement coïncidait avec le 46e anniversaire de B. R. Ambdekar qui s’était fait le champion de la cause dalit. En 1956, lui et environ un millier de dalits avaient publiquement adhéré au bouddhisme pour se libérer de l’oppression exercée par le système de caste hindou.
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