ROME, Mercredi 5 avril 2006 (ZENIT.org) – Au moment où le pape Benoît XVI vient de citer la lutte de saint Irénée contre les hérésies, une réflexion sur ce thème est suscitée par une certaine publicité télévisée à propos d’un écrit hérétique apocryphe intitulé « l’Evangile de Judas ». Le scoop date du IIe siècle.
Le site du diocèse français de Nanterre (http://catholique-nanterre.cef.fr/faq/fetes_jeudi_saint_judas2.htm) publie à ce sujet une analyse précise.
On annonce en effet « un évangile encore inconnu », qui devrait sortir à Pâques, mais Irénée le connaissait au IIe s. ! Cette « bonne Nouvelle » serait l’œuvre de l’apôtre Judas Iscariote.
Il s’agit d’un « manuscrit sur papyrus découvert en Égypte en 1983 et en cours de restauration », « écrit en copte dialectal, l’antique langue des chrétiens d’Égypte », datant « du IIIe ou du début du IVe siècle, et d’une trentaine de pages en assez mauvais état ».
Le site rappelle que ce récit a été composé dans la première moitié du IIe siècle et il était connu de saint Irénée, évêque de Lyon, au IIe siècle. L’original était vraisemblablement en grec, la langue de la période hellénistique, pour les communautés juives et chrétiennes, comme pour les païens, en particulier à Alexandrie.
C’est un évangile apocryphe qui n’est pas reconnu par l’Église qui le considère comme hérétique, c’est-à-dire comme ne correspondant pas à la vérité de l’Evangile.
Le site de Nanterre rappelle que saint Irénée avait dénoncé le caractère hérétique de cet évangile. Dans «Adversus Haereses» (« Contre les hérésies ») nous pouvons lire « ils déclarent que Judas le traître était bien avisé de ces choses, et que lui seul, connaissant la vérité comme aucun autre, a accompli le mystère de la trahison. Ils ont produit une histoire fictive de ce genre, qu’ils ont appelé l’Evangile de Judas ». Selon Irénée, l’Evangile de Judas serait l’œuvre principale d’une secte appelée « Les Caïnites » (les héritiers de Caïn).
Et comme ce texte donne une interprétation de la trahison de Jésus par Judas, le site de Nanterre d’une part indique des « liens » auxquels se reporter pour plus d’information et d’autre part transcrit les récits des évangiles de Matthieu (Mt 26, 20-25) et de Jean (Jn 13, 2 et 21-30), explicites sur le rôle de Judas Iscariote.
Selon les évangiles synoptiques et l’évangile de saint Jean, la possession diabolique et l’avarice seraient les motifs de la trahison de Judas, conclut le site.
Il oppose cette interprétation à celle de l’apocryphe : « Judas a obéi à un ordre divin ».
« Selon l’évangile de Judas, tel que nous le connaissons par St Irénée, Judas aurait obéi à un ordre divin. Disciple bien aimé de Jésus, il aurait eu la plus difficile des missions à accomplir : livrer Jésus aux Romains. En livrant Jésus, il aurait suivi une demande de Jésus », précise la même source.
Elle explique que ce récit s’inscrit dans le courant de pensée « gnostique »: « D’après les conceptions gnostiques, Judas serait un initié. Il savait que le sacrifice de Jésus était indispensable à la rédemption du monde. En effet selon la doctrine de cette secte, le créateur, le démiurge est un dieu mauvais. Le monde est l’œuvre du malin et ce démiurge est responsable de toute les imperfections du monde. Jésus nous révèle le vrai Dieu qui est bon et qui veut sauver le monde. Mais pour cela le sacrifice de Jésus est nécessaire, et c’est pourquoi Jésus demande à Judas de le livrer aux romains ».
Enfin, à propos du suicide de Judas Iscariote, attesté par les évangiles synoptiques, l’Évangile de Judas affirme au contraire que Judas ne s’est pas suicidé. Sinon, comment aurait-il pu rédiger ce « récit » ?!