ROME, Lundi 3 avril 2006 (ZENIT.org) – Benoît XVI évoque le « dernier voyage de Jean-Paul II » au lendemain de l’anniversaire de sa « naissance au ciel », le 2 avril 2005, et voit surtout en lui le « roc » qu’il a été, dans la foi, soulignant aussi « l’offrande » de toute une vie.

Le pape a en effet présidé la messe ce soir, à 17 h 30, place Saint-Pierre, en présence de plus 100.000 pèlerins, en dépit du fait que ce soit un jour de semaine. Quelque 15.000 pèlerins venaient de Pologne, mais aussi de Rome et d’Italie, des Etats-Unis, de République Tchèque de Croatie, de Roumanie, d’Allemagne, ou encore de France.

Le cardinal Stanislas Dziwisz, archevêque de Cracovie, qui a présidé hier la messe au sanctuaire polonais de la Miséricorde divine était présent parmi les cardinaux concélébrants.

Parmi les personnalités, de nombreux représentants des autorités civiles et religieuses. Et dans le monde du spectacle, Sofia Loren, qui déjà, l’an dernier, était venue se recueillir sur la tombe de Jean-Paul II, juste un mois après sa mort, le 2 mai 2005.

Arrivé à pied, place Saint-Pierre, le pape a pris le temps lors de la procession d’entrée d’embrasser des enfants qu’on lui présentait.

« Ces jours-ci, la mémoire du Serviteur de Dieu Jean-Paul II est particulièrement vivante à l’occasion du premier anniversaire de sa mort. Avec la veillée mariale d’hier, nous avons revécu le moment précis où, il y a un an, a eu lieu son pieux départ, alors qu’aujourd’hui, nous nous retrouvons sur cette place Saint-Pierre pour offrir le Sacrifice eucharistique en suffrage de son âme élue (…). Nous voulons prier pour ce pontife bien-aimé, en nous laissant éclairer par la Parole de Dieu que nous venons d’écouter ».

Et, commentant la lecture du Livre de la Sagesse, le pape disait : « Il nous a été rappelé ce qu’est le destin final des justes: un destin de bonheur surabondant, qui récompense sans mesure pour les souffrances et les épreuves affrontées au cours de la vie. « Dieu les a éprouvés – affirme l’auteur sacré – et il les a trouvés dignes de lui: il les a éprouvés comme on éprouve l’or au creuset, et y il les a agréés comme un holocauste » (3,5-6). Le terme « holocauste » fait référence au sacrifice dans lequel la victime était entièrement brûlée, consumée au feu; il était un signe d’offrande totale à Dieu ».

Appliquant ce passage à la vie de Jean-Paul II, le pape commentait en faisant le rapprochement avec l’Eucharistie: « Cette expression biblique nous fait penser à la mission de Jean-Paul II, qui a fait don de son existence à Dieu et à l’Eglise et qui a vécu la dimension sacrificielle de son sacerdoce spécialement dans la célébration de l’Eucharistie ».

« Parmi les invocations qui lui étaient chères, révélait le pape, il y en avait une tirée des « Litanies à Jésus Christ Prêtre et Victime » qu’il a voulu placer à la fin de son livre « Don et Mystère », publié à l’occasion de son 50e anniversaire de sacerdoce (cf. pp. 113-116): "Iesu, Pontifex qui tradidisti temetipsum Deo oblationem et hostiam - Jésus, Pontife qui t’es livré toi-même à Dieu comme offrande et victime, aie pitié de nous ». Combien de foi a-t-il répété cette invocation ! Elle exprime bien le caractère profondément sacerdotal de toute sa vie. Il n’a jamais fait mystère de son désir de devenir toujours plus une seule chose avec le Christ prêtre, par le sacrifice eucharistique, source de dévouement apostolique inlassable ».

« A la base de cette offrande totale de soi, il y avait évidemment la foi. Dans la deuxième lecture que nous venons d’écouter, saint Pierre utilise lui aussi l’image de l’or éprouvé par le feu et il l’applique à la foi (cf. 1 P 1,7). De fait, dans les difficultés de la vie c’est surtout la qualité de la foi de chacun qui est éprouvée et vérifiée: sa solidité, sa pureté, sa cohérence avec la vie. Eh bien, le regretté Pontife, que Dieu avait doté de multiples dons humains et spirituels, passant par le creuset des fatigues apostoliques et de la maladie est apparu toujours davantage comme un « roc » dans la foi ».

Et d’insister sur cette « foi »: « Qui l’a fréquenté a pu toucher du doigt cette foi franche et solide, qui, si elle a impressionné le cercle de ses collaborateurs, n’a pas manqué de répandre, au cours de son long pontificat, son influence bienfaisante dans toute l’Eglise, dans un crescendo qui a atteint son sommet les derniers mois et les derniers jours de sa vie. Une foi convaincue, forte et authentique, libre de peurs et de compromis, qui a gagné le cœur de tant de personnes, grâce, également, aux nombreux pèlerinages apostoliques dans toutes les régions du monde, et spécialement grâce à ce dernier ‘voyage’ qu’ont été son agonie et de sa mort ».