Pour ce dernier dimanche avant la Semaine sainte, nous accompagnons Jésus qui ressuscite son ami Lazare. Alors que le Carême touche à sa fin, et que le Seigneur sera bientôt soumis à la Passion et à la mort, l’Église nous rappelle ainsi que Jésus est le Seigneur de la Vie. Ce signe si puissant - si scandaleux - provoque la foi de nombreux Juifs (Jn 11,45). Il provoque aussi sa Passion (v.53 : ils résolurent de le tuer).

C’est une image du baptême, lorsque Jésus nous a fait sortir du tombeau du péché ; mais c’est aussi une figure de la résurrection finale, lorsque qu’Il viendra réveiller toute l’humanité soumise à l’emprise de la mort. Nous pouvons ainsi anticiper le chant d’une hymne pascale :

Mors et vita duello / Conflixere mirando / Dux vitae mortuus / Regnat vivus.

La mort et la vie s’affrontèrent dans un duel formidable : le Seigneur de la vie, mort, règne vivant. (1)

L’intégralité de cette Lectio Divina est disponible en ligne.

Lumière sur les Lectures

Pendant l’épreuve de l’Exil à Babylone, le prophète Ezéchiel s’adresse aux Hébreux qui désespèrent et se croient perdu : quel futur pour un petit peuple déporté et humilié ? Le Dieu d’Israël promet alors de ne pas l’abandonner. Il ouvrira bientôt le tombeau de l’Exil et fera revenir son peuple sur la Terre Sainte. Après l’accomplissement historique de cet oracle (sous Cyrus : Esd 1,1), la voix du prophète continue de résonner comme une promesse de vie pour toutes les situations de mort : à ses fidèles, le Dieu vivant donnera son Esprit pour une vie nouvelle.

Pour la méditation : L’amour de Jésus envers les pécheurs

Saint Jean imprègne toute sa narration du miracle par la bonne odeur de l’affection et de l’amitié : Lazare est « notre ami » ; il y a le souvenir de l’onction à Béthanie (un geste si féminin) ; Jésus aimait Marthe et sa soeur et Lazare (v. 5) ; les disciples se préoccupent pour Jésus et décident de le suivre dans le danger… Jusqu’aux reproches de Marthe puis de Marie, qui montrent leur familiarité et leur confiance envers Jésus.

Même si ce n’est pas l’intention de l’évangéliste, nous pouvons appliquer sa narration à l’amour de Jésus pour les pécheurs. Nous savons que Jésus avait une prédilection particulière pour eux : il affirme être venu chercher ce qui était perdu, ou encore guérir les malades. La maladie de Lazare est comme le péché, qui nous conduit à la mort spirituelle, paralysés que nous sommes sous le poids de nos fautes. C’est ainsi que saint Augustin interprète la situation de Lazare dans le tombeau :

« Combien y en a-t-il dans ce peuple qui sont écrasés par le poids de l’habitude ? Parmi ceux qui m’écoutent il y en a peut-être certains à qui on a dit : Ne vous enivrez pas de vin : en lui se trouve la luxure (Eph 5,18) et qui répondent : ‘Nous ne pouvons pas’. Peut-être parmi ceux qui m’écoutent se trouve-t-il des impurs, souillés de débauches et de turpitudes, auxquels on dit : ‘N’agissez pas ainsi pour ne pas périr’, et qui répondent : ‘Nous ne pouvons pas être arrachés à notre habitude’. Seigneur, ressuscite-les. Je suis, dit-il, la Résurrection et la Vie, la Résurrection parce que je suis la Vie. » (2)

Jésus est venu à Béthanie pour ressusciter son ami, et il est venu en ce monde pour donner la Vie : son apostrophe à Lazare (viens dehors ! v.43), avec sa prière à son Père, symbolise son intercession pour les pécheurs et le pardon qu’il obtient : Alors Lazare s’avance, lié de bandelettes…

« Quand tu n’as que mépris [pour le bien], tu es étendu mort et […] dans le tombeau ; quand tu confesses tes fautes, tu t’avances ; qu’est-ce que s’avancer en effet sinon se manifester en sortant pour ainsi dire de ce qui était caché ? Mais cette confession, c’est Dieu qui t’amène à la faire en criant d’une voix forte, c’est-à-dire en t’appelant par une grande grâce. C’est pourquoi, après que le mort se fut avancé encore lié, confessant ses fautes et coupable encore, le Seigneur dit aux ministres pour que ses péchés soient déliés : Déliez-le et laissez-le s’en aller. » (2)

Cela nous invite à prier la Miséricorde divine pour tous nos frères pécheurs ; redisons avec le psalmiste : Si tu retiens les fautes, Seigneur / Seigneur, qui subsistera ? / Mais près de toi se trouve le pardon / pour que l’homme te craigne. / Oui, près du Seigneur est l’amour ; / près de lui, abonde le rachat. / C’est lui qui rachètera Israël / de toutes ses fautes. (Ps 130)

Résolution

Pendant ces derniers jours avant la Semaine sainte, j’essaierai de suivre l’invitation du pape François à apporter la présence vivante de Jésus miséricordieux et riche d’amour pour tous mes frères : en étant plus disponible pour les confessions, si je suis prêtre ; en étant plus attentif aux membres de ma famille (naturelle ou religieuse) et à leurs nécessités spirituelles ; en implorant pour tous la miséricorde divine.

L’intégralité de cette Lectio Divina est disponible en ligne.

(1) Hymne pascale Victimae Paschali Laudes.

(2) Saint Augustin, Homélies sur l’évangile de Jean, Tractatus XLIX, Etudes augustiniennes 1989 (vol. 73B), pp. 197 sq