C’est ce qu’a affirmé le cardinal Angelo Bagnasco dans son discours d’introduction au Conseil permanent de la conférence épiscopale italienne (CEI) qui a commencé lundi 24 mars 2014, à Rome.

« Si l’occident veut corrompre son humanisme, c’est l’humanisme qui s’éloignera de l’occident pour trouver, comme c’est déjà le cas, d’autres rivages moins idéologiques et plus sensés », a-t-il déclaré.

Citant Evangelii gaudium du pape François, le président de la CEI a dénoncé très clairement « la misère morale et spirituelle qui est aussi la cause de la ruine économique » : un événement qui « nous frappe lorsque nous nous éloignons de Dieu et refusons son amour. Si nous considérons que nous n’avons pas besoin de Dieu, qui nous tend la main dans le Christ, parce que nous pensons que nous nous suffisons à nous-mêmes, nous nous engageons sur la voie de la faillite ».

Pour l’archevêque de Gênes, « l’érosion systématique du tissu culturel humaniste, à cause de la folie des individus, est une triste expression de cette misère morale et spirituelle dont parle le Saint-Père ».

En termes économiques, le cardinal a invité la société civile à « encourager la consommation sans retomber dans la logique perverse de la surconsommation » et à « soutenir efficacement ceux qui créent du travail et de l’emploi en Italie, en simplifiant la bureaucratie inutile et néfaste » ; il a aussi demandé de dépasser le schéma périmé de l’opposition entre capital et travail, en promouvant « une mentalité participative et collaborative à l’intérieur des lieux de travail », en faisant croître « un sens commun d’appartenance et de responsabilité envers son propre travail, sa famille, son entreprise, la société et son pays ».

Le cardinal Bagnasco a souhaité que le nouveau gouvernement réussisse à « agir sur le gaspillage et les lourdeurs institutionnelles et bureaucratiques, mais surtout à mettre en mouvement la croissance et le développement, de sorte que l’économie et le travail créent non seulement du profit, mais de l’emploi réel en Italie ».

Reprenant le Rapport 2014 de la Caritas sur la pauvreté et l’exclusion sociale en Italie, intitulé « Faux départs », qui sera publié prochainement, le président de la CEI a rappelé les efforts des 220 Caritas diocésaines et des 814 centres d’écoute, qui ont enregistré deux fois plus de demandes d’aide.

Les fonds diocésains de solidarité ont augmenté de 11% et les lieux d’accueil pour aider à la recherche de travail ou de logement ont atteint le nombre de 216.

L’archevêque de Gênes a souligné les méfaits engendrés par la rupture des relations conjugales, avec 66,1% des personnes séparées qui déclarent ne pas avoir les moyens de subsistance de base.

En ce qui concerne les relations sociales et familiales, 68 % des pères déclarent que la séparation a eu un effet négatif sur leur relation avec leurs enfants.

Face à ces difficultés, au nom des évêques italiens, le cardinal Bagnasco a tenu à encourager le service des Caritas, des centres d’écoute et des 25.000 paroisses et nombreuses associations qui déploient des personnes et des ressources « afin de chercher humblement à affronter cette onde de plus en plus grande et menaçante ».

Le Colloque national des Caritas diocésaines qui se tiendra à Cagliari du 31 mars au 3 avril sera l’occasion de présenter les initiatives de l’Église italienne pour faire face à la crise.

Traduction d'Hélène Ginabat