Anita Bourdin
ROME, lundi 15 octobre 2012 (ZENIT.org) – L’« aggiornamento » du Concile « ne signifie pas rupture avec la tradition, mais en exprime la vitalité continuelle ; elle ne signifie pas réduire la foi, en l’abaissant à la mode des époques, à l’aune de ce qui nous plaît, à ce qui plaît à l’opinion publique, mais c’est le contraire »: cette affirmation de Benoît XVI est certainement celle qui sera la plus retenue d’une extraordinaire semaine inaugurale du synode pour la Nouvelle évangélisation (7-28 octobre 2012).
Au cours de cette semaine, le synode a lancé deux appels en faveur de la Syrie, le 9 octobre (L’assemblée synodale prie pour la paix en Syrie), et du Nigeria, le 12 octobre, (Le synode plaide pour la paix au Nigeria et pour les chrétiens).
Les huit documents de Benoît XVI
La semaine a été marquée en effet avant tout par l’enseignement du magistère du Successeur de Pierre, soit, 8 interventions en 7 jours, du dimanche 7 au samedi 12 octobre :
homélie (« Invoquons une effusion spéciale de l’Esprit Saint ») et angélus du dimanche 7 octobre (L’Année de la foi, à l’école de Marie et du rosaire),
méditation du lundi 8 octobre lors de l’ouverture des travaux par la prière de l’office de Tierce (L’évangélisation, c’est le feu de l’amour qui se propage),
catéchèse du mercredi 10 octobre (Audience du 10 octobre 2012 : la leçon de Vatican II),
messe d’ouverture de l’Année sainte et homélie de jeudi 11 octobre (Un « pèlerinage dans les déserts du monde contemporain »),
son allocution en soirée, de la fenêtre de son bureau (« Nous étions heureux et enthousiastes » : souvenirs de Benoît XVI),
son discours aux vétérans du concile (L’« aggiornamento » n’est pas une « rupture avec la tradition »)
et son allocution au terme de leur déjeuner fraternel du vendredi 12 octobre (« Nous sommes en marche vers l’unité », affirme Benoît XVI).
Il faut ajouter à ces 8 interventions, la publication par L’Osservatore Romano d’un texte inédit de Benoît XVI, en date du 2 août dernier, sur le concile Vatican II.
Partout, le pape décline son intuition fondamentale : le Concile doit être interprété selon une logique de la « continuité », de la « réforme » et non de la « rupture », selon son fameux discours à la curie romaine du 22 décembre 2005, à l’occasion des vœux de Noël. Car la Nouvelle évangélisation repart du Concile, ce qui explique l’Année de la foi que le pape donne à l’Eglise pour s’approprier le Concile, comme un moteur de l’annonce de la Bonne nouvelle du Christ ressuscité.
Dix assemblées générales
Ensuite, de lundi 8 à samedi 13, les 262 pères du synode ont participé à 10 assemblées – « congrégations générales » – et à une réunion en carrefours linguistiques, mercredi matin. Sur 259 pères présents à la 3e congrégation, mardi 9 octobre, au matin, 142 participaient pour la première fois à un synode.
Lors de ces 10 congrégations, ils ont écouté 137 interventions de leurs pairs, 5 des auditeurs, et 2 des invités spéciaux : 144 communications en tout, en plus des 9 exposés de Benoît XVI, soit 153. Il faudra y ajouter les allocutions du cardinal Francis Arinze, à l’occasion du déjeuner avec les vétérans du Concile, l’allocution de Bartholomaios Ier, et le message du cardinal Piacenza aux prêtres pour l’Année de la foi : 156 textes.
Cela peut paraître beaucoup – en une semaine – mais ces documents et interventions représentent en fait un effort extraordinaire pour réfléter la situation de l’Eglise sous toutes les latitudes et les défis spécifiques de l’annonce de l’Evangile dans les contextes historiques les plus divers: c’est l’universalité concentrée du synode, et un exercice soutenu d’écoute fraternelle.
Il sera suivi par un exercice non moins difficile de synthèse en un Rapport après le débat, un Message final, des « Propositions » à remettre au pape (en général une cinquantaine).
La première assemblée a été consacrée, après la prière de l’heure de Tierce, et la méditation de Benoît XVI (L’évangélisation, c’est le feu de l’amour qui se propage), à l’allocution du président délégué – le pape étant lui-même le président du synode -, le cardinal chinois John Tong Hon, archevêque de Hong Kong (Mille baptêmes dans une paroisse en un an: le modèle chinois).
Cette allocution a été suivie du « rapport » du secrétaire général du synode, Mgr Nikola Eterovic (Le Christ, Bon Pasteur, « premier et grand évangélisateur »): une photographie du travail du secrétariat et du Conseil du synode, et notamment un rappel de la méthode collégiale pour l’élaboration tout d’abord du document préparatoire – Lineamenta – du synode et ensuite du document de travail – Instrumentum laboris. Les interventions en salle se réfèrent à l’un ou l’autre paragraphe du document de travail.
Pour sa part, le cardinal Donald Wuerl, archevêque de Washington, rapporteur général du synode, a présenté son « Rapport avant le débat » : il a recommandé aux baptisés de « dépasser le syndrome de l’embarras ».
La deuxième assemblée a été consacrée aux rapports sur la situation de l’Eglise dans les 5 continents, Europe, Asie, Afrique, Amérique et Océanie: une photographie de la situation de l’Eglise universelle.
Chaque soir, l’assemblée s’est achevée par une heure de débat libre, entre 18 h et 19 h : des interventions limitées à 3 minutes et qui sont importantes : en 2008, pour le synode sur la Parole de Dieu, 99 interventions libres sont venues enrichir les 191 interventions préparées. Cette heure d’interventions « spontanées » été ajoutée par Benoît XVI dès 2005 à la machine du synode. Lui même est intervenu le 6 octobre 2005, sur la célébration eucharistique comme « sacrifice ».
Sans contemplation, pas d’évangélisation
Ils ont aussi élu, mardi 9 octobre, dans l’après-midi, et jeudi 11, dans l’après-midi, les membres de la Commission chargée de rédiger le message final du synode qui sera adressé aux catholiques et au monde : 5 cardinaux, 4 archevêques, et un religieux non évêque. Le président est un Italien, le cardinal Giuseppe Betori, archevêque de Florence, et le vice-président, un Philippin, Mgr Luis Antonio G. Tagle, archevêque de Manille : ils sont nommés par le pape.
Le mardi 9 octobre également, le cardinal Marc Ouellet a présenté un rapport sur la mise en o
euvre de “Verbum Domini”, l’exhortation post-synodale de Benoît XVI, nouant la gerbe du synode sur la Parole de Dieu (L’amour de la Parole de Dieu, un fruit de la Pentecôte).
La première session des carrefours, le 10 octobre, a donné lieu à l’élection des « modérateurs » de chaque groupe, et à une discussion sur le Rapport du cardinal Wuerl.
Les pères synodaux ont participé à deux célébrations eucharistiques, pour l’ouverture du synode, le dimanche 7 et pour l’ouverture de l’Année de la foi, le 11 octobre, pour la Commémoration du 50ème anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II et du 20ème anniversaire de la promulgation du Catéchisme de l’Église catholique,
La semaine a été marquée par la présence du patriarche œcuménique de Constantinople à l’ouverture de l’Année de la foi ainsi que du primat anglican, Rowan Williams, qui ont déjeuné avec Benoît XVI, après l’avoir rencontré en privé, le 12 octobre (Bartholomiaos Ier et le Rév. Williams déjeunent avec Benoît XVI). Le patriarche a pris la parole au terme de la messe d’ouverture de l’Année de la foi, la veille, le 11 octobre (Bartholomaios Ier, témoin dexception de l’ouverture du Concile). Le Rév. Williams est aussi intervenu devant le synode (La contemplation, clé de l’annonce de l’Evangile), l’après-midi du mercredi 10 octobre.
Un message spécial aux prêtres a été publié cette semaine par le cardinal Mauro Piacenza, préfet de la Congrégation pour le clergé, à l’occasion de l’ouverture de l’Année de la foi : il annonce une publication chaque mois de cette année pour les prêtres du monde entier.
La pénitencerie apostolique a annoncé l’octroi d’indulgences à l’occasion de l’Année de la foi (Des indulgences plénières pendant l’Année de la foi).
Le synode est aussi une occasion de manifestations culturelles autour du Concile : projection d’un documentaire sur le Concile, le 9 octobre (cf. Zenit du 15 octobre 2012), ouverture d’une exposition, deux publications offertes au pères du synode : sur la nouvelle évangélisation et sur les deux synodes précédents, sur l’eucharistie et la Parole de Dieu, et publication d’un Numéro spécial de L’Osservatore Romano sur Vatican II.
Enfin, une innovation par rapport aux synodes précédents : une chapelle a été installée près de la Salle du synode, car la source du synode, c’est la prière.