Brésil : les valeurs « non négociables » pour les catholiques (II et fin)

Dialogue entre un défenseur de la vie humaine et un prédicateur

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Propos recueillis par Thácio Siqueira

Traduction d’Océane Le Gall

ROME, vendredi 7 septembre 2012 (ZENIT.org) –  La légalisation de l’avortement prévue dans le projet de réforme du Code pénal du Brésil, inquiète la communauté catholique du pays, car la vie humaine, la famille, le mariage sont des valeurs « non négociables ».

Voici la deuxième partie de la conversation que ZENIT a organisée à ce sujet entre le professeur Paulo Fernando Melo, vice-président du mouvement pour la défense de la vie humaine et de la famille et membre du comité de bioéthique de l’archidiocèse de Brasilia, et le P. Paulo Ricardo Azevedo Jr, du diocèse de l’archidiocèse de Cuiabá, célèbre pour ses prédications.

Prof. Paulo Fernando – Que peut faire un citoyen catholique face à cette culture de la mort?

P. Paulo Ricardo – Nous devons rappeler deux choses importantes. Tout d’abord que nous ne sommes pas une minorité insignifiante, mais une majorité, hélas, en sourdine, car contaminée par la mentalité antichrétienne, et mal articulée, pas organisée. Une fois avoir pris conscience de la situation que nous vivons, il nous faut être prêts à nous articuler et à travailler de manière spécifique pour ce genre de politique favorable à la vie. Nous devons avoir foi en l’action de Dieu dans l’histoire,  avoir à l’esprit que c’est toujours une action qui – pouvant être comparée à celle d’un petit David luttant contre un Goliath – se termine par une victoire.

Donc, il existe en nous la conscience de notre petitesse. Même si nous sommes nombreux, nous savons que toute victoire remportée, quelle qu’elle soit, doit être une victoire de Dieu, laquelle ne se réalise que lorsque nous agissons. Quiconque travaille dans ce domaine, dans l’évangélisation, au milieu de la politique et de l’action sociale, quiconque travaille pour les choses de Dieu, a déjà pu constater que nos petites actions sont énormément renforcées par Dieu, en ce sens qu’elles sont bénies, même si, en politique, rares sont les chrétiens et les catholiques qui en ont conscience.

Dieu nous donne la grâce. Nous pouvons donc compter sur Lui. Nous pouvons compter sur le fait qu’un petit caillou peut être le déclencheur d’une grosse avalanche, que le petit David peut toujours anéantir l’armée des Philistins.

Prof. Paulo Fernando – Vous avez dit que Dieu nous demande de lutter, pas de triompher, puisque la victoire est déjà acquise par Jésus. Quel conseil donneriez-vous aux personnes qui se sentent appelées à cela, qui sont préparées, qui recouvrent déjà un rôle de père de famille, d’employeur, d’employé, de personne engagée dans leur communauté? Ne manque-t-il pas en effet souvent un stimulant pour que des chrétiens formés adéquatement s’engagent dans le monde de la politique ?

P. Paulo Ricardo – Le début de la sagesse est la crainte de Dieu, disent les Saintes Ecritures. Nous devons être pleinement conscients du fait que nous ne sommes pas dans ce monde pour vivre  à notre convenance et vivre le paradis sur cette terre. Nous sommes ici pour préparer le ciel. Nous sommes ici pour accomplir la volonté de Dieu qui a préparé pour nous un bonheur au ciel. Donc, celui qui entre dans cette lutte sans croire au salut de Dieu, et sans espoir de l’atteindre, est une personne qui a une grande probabilité de sortir perdant de cette lutte, car l’ennemi nous attaque.

L’ennemi – et notre plus grand ennemi c’est Satan, le diable, et non les gens – compte sur le fait que nous, épouvantés, nous vivions un christianisme « bourgeois », de « confort », où oui, je fais la volonté de Dieu, mais uniquement quand cela ne me coûte pas trop. Dès l’instant où la fidélité à Dieu commence à demander un prix, les personnes renoncent. Les conseils que je peux donner  très concrètement à tous les chrétiens, laïcs, prêtres, c’est de tenir les yeux fixés sur Dieu, pour ne pas se laisser distraire par les flatteries du monde, par ce qui nous « arrange » sur cette terre.

Nous sommes ici pour lutter et nous savons que Dieu triomphera. Que Dieu triomphera ne fait aucun doute. La seule question est: de quel côté serons-nous quand Dieu aura obtenu victoire? De quel côté serons-nous quand Il proclamera sa victoire ?

Nous devons vivre ce monde les yeux rivés au ciel. Sachant que notre mission est d’être sur terre et de préparer notre ciel. Tout ce qui nous distrait de cette réalité est comme une « trahison ». Nous devons savoir qu’un jour nous serons face au trône de la grâce, que Dieu nous jugera. Nous devons lui être fidèle.

Prof. Paulo Fernando – Dans vos considérations finales, vous dites que nous devrions prier pour la conversion des partisans de l’avortement? Quelles devraient etre nos intentionsde prière pour lutter contre la culture de la mort?

P. Paulo Ricardo – La réalité spirituelle doit toujours être ancrée à l’action. Les deux choses doivent marcher ensemble: prier pour leur conversion, prier pour les familles, pour les femmes, les enfants, les personnes impliquées dans les crimes de l’avortement. Mais surtout nous ne devons pas perdre de vue le fait qu’au Brésil nous vivons en ce moment deux réalités d’une urgence extrême.

La première est toute une action du pouvoir exécutif, où le ministère de la Santé et le secrétariat pur la défense des droits des femmes sont en train de mettre en œuvre une série de procédures pour faciliter l’avortement pharmacologique. Nous avons affaire à un projet de code pénal qui, s’il ne légalise pas totalement l’avortement, mitige considérablement la peine pour l’avortement, transformant sa pratique en une infraction mineure, et donc non passible de punition.

Ces deux réalités constituent un vrai coup à la démocratie brésilienne. Nous, Brésiliens, nous sommes, en majorité, contre la pratique de l’avortement et nous voudrions qu’il en soit toujours ainsi. La valeur de la vie humaine est un droit non négociable, c’est une chose sur laquelle on ne peut pas transiger. Cette réalité doit être défendue par les catholiques, tout d’abord en priant, en reposant notre confiance en Dieu, et en nous abandonnant à la Vierge, mais aussi en agissant , en étant prêts à payer le prix de notre fidélité au Seigneur.

Un auteur protestant, C. S. Lewis, a écrit un livre intitulé « Tactique du diable » (Lettres d’un diable à son apprenti), où un démon plus âgé enseigne au démon plus jeune comment conduire une âme en enfer. Il dit ceci: garde ses prières (celles de la personne qu’il veut conduire à l’enfer) très dévotes et spirituelles, faisant en sorte que celui-ci n’ait jamais à se préoccuper des maux de ceux qui sont autour de lui, de leurs exigences spécifiques et de l’aide qu’il pouvait porter aux personnes vivant dans le besoin.

Nous devons donc prier, nous en remettre à Dieu, mais nous devons aussi agir. Cette petite action de millions de petits David sera renforcée par Dieu qui, par sa grâce donnera la victoire à son peuple.

 [La première partie de cet entretien a été publiée hier, jeudi 6 septembre 2012]

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ZENIT Staff

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