ROME, mercredi 30 novembre 2011 (ZENIT.org) – Mgr Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, encourage la pastorale universitaire auprès des étudiants étrangers : il estime en effet que « l’Eglise est plus que jamais appelée à aider à découvrir, par des œuvres de soutien spirituel et d’assistance matérielle, le rôle stratégique des étudiants internationaux, non seulement pour le futur de leurs nations, mais aussi pour le bien de la communauté internationale tout entière et de l’Eglise ».
Mgr Veglio a en effet ouvert, ce mercredi 30 novembre, les travaux du congrès de son dicastère (cf. Zenit du 29 novembre 2011) sur les étudiants internationaux « au sein de l’impressionnant phénomène des migrations ».
Voici le texte intégral de Mgr Veglio, dans une traduction de travail, non-officielle, faite par les soins de ce dicastère :
DISCOURS D’OUVERTURE
ETUDIANTS INTERNATIONAUX, UN DON POUR L’EGLISE ET POUR LA SOCIETE
S. Exc. Mgr Antonio Maria VEGLIO
Président du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants
et des Personnes en déplacement
C’est avec une grande joie que je souhaite la bienvenue aux participants à ce IIIème Congrès Mondial de la Pastorale pour les étudiants internationaux, organisé par notre Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en déplacement. Au nom également du Secrétaire, Mgr Joseph Kalathiparambil, du Sous-Secrétaire, le Rév. Père Gabriele Bentoglio, CS, et des Officiaux de notre Dicastère, je salue Sa Béatitude, les Prélats, les Ecclésiastiques et les Religieuses, les Agents pastoraux, les responsables des Associations et des Organisations ecclésiales et les étudiants universitaires internationaux.
Vous êtes venus à Rome, près le Siège du Successeur de Pierre, en qualité de représentants des Commissions épiscopales chargées de la pastorale de la mobilité humaine et de la pastorale universitaire, de délégués des Instituts religieux, des mouvements ecclésiaux et des organisations catholiques internationales. Votre présence est un témoignage de ce qui se réalise dans le domaine de la sollicitude pastorale de l’Eglise envers cette catégorie particulière des étudiants internationaux au sein de l’impressionnant phénomène des migrations.
Débuts de la sollicitude pastorale envers les étudiants internationaux
Confiée à la Congrégation connue alors sous le nom de « Propaganda Fide », en 1957, par le Pape Pie XII, cette pastorale naissante se développa à partir de l’organisation d’une première Rencontre d’Aumôniers des Etudiants étrangers en Europe occidentale, en 1959. Celle-ci fut organisée par le Comité permanent des Congrès internationaux pour l’Apostolat des Laïcs et par le Centre de Coordination des Organisations Catholiques Internationales et Missionnaires. Après le Concile Œcuménique Vatican II, en 1967, le vénérable Pape Paul VI reprit le thème de l’immigration et, dans son Encyclique Populorum Progressio, il fit référence, d’une façon particulière, aux conflits de la foi et des valeurs que l’on rencontre dans le « drame des jeunes étudiants et des travailleurs émigrés » (n° 68). En 1970, le Pape créa la Commission Pontificale pour la Pastorale des Migrations et du Tourisme, lui confiant la coordination d’initiatives particulières inhérentes à la mobilité humaine, qui fut transformée par la suite, par la Constitution Apostolique Pastor Bonus de 1988, en l’actuel Conseil Pontifical, avec un secteur dédié à la pastorale des étudiants internationaux.
En 1971, le même Souverain Pontife, indiqua les lignes directrices de la future pastorale pour les étudiants internationaux, en soulignant que « l’Eglise doit les assister dans les difficultés, être solidaire avec eux, les encourager dans leurs efforts, alimenter leur espérance et les aider à tourner leur regard vers Celui qui est le Père de tous les peuples, qui est la vérité à laquelle toutes les cultures doivent se référer… ».
S’inspirant du Concile Œcuménique Vatican II et du Magistère de l’Eglise, notre Conseil Pontifical organisa, en 1996, la Ière Rencontre mondiale pour réfléchir sur le « rôle » que l’Eglise est appelée à jouer dans le « monde des étudiants étrangers ». En 2005, le IIème Congrès eut pour objectif d’étudier la thématique des étudiants internationaux à la lumière de l’Instruction « Erga migrantes caritas Christi » (La charité du Christ envers les migrants) , où l’on relève la nécessité d’une assistance pastorale spécifique aussi pour les étudiants internationaux, qui forment une catégorie de grande valeur intellectuelle et culturelle dans le contexte du phénomène migratoire actuel.
Aujourd’hui, je suis heureux d’ouvrir ce IIIème Congrès mondial, avec pour but de tracer et d’approfondir les caractéristiques de la mobilité internationale étudiante dans le domaine de la rencontre des cultures. C’est une tâche ardue, disait le bienheureux Jean-Paul II, pour l’Eglise d’aujourd’hui de comprendre l’extrême variété des cultures, des coutumes, des traditions et des civilisations. Les chrétiens, pour leur part, conscients de l’action transcendante de l’Esprit, sont invités à reconnaître la présence de « précieux éléments religieux et humains » dans les diverses cultures du monde.
Le Saint-Père Benoît XVI, durant Sa première rencontre avec les universitaires des Athénées romains, en 2005, a exprimé le vif désir que soit menée à bien une réflexion sur le nouvel humanisme, en tenant compte des grands défis de l’époque contemporaine et en cherchant à conjuguer foi et culture.
Le Pape souhaite que l’on procède, en ce moment de l’histoire, à une recherche culturelle et spirituelle attentive. Dans sa récente Exhortation Apostolique post-synodale Africae Munus, le Saint-Père insiste, une fois encore, sur le rôle essentiel des universités et des institutions académiques catholiques, dans le contexte actuel du phénomène migratoire et de grand mélange de populations, de cultures et de religions, « à la recherche patiente, rigoureuse et humble, de la lumière qui vient de la Vérité » (AM, n°135).
La présence transformatrice et évangélisatrice
Le Concile œcuménique Vatican II enseigne que Dieu, en se révélant à son peuple dans le Fils incarné, « a parlé selon le type de culture propre aux diverses époques historiques ». L’Eglise, de son côté, s’est servie des différentes cultures pour diffuser et expliquer, dans sa prédication, le message du Christ à toues les peuples. Le Concile montre clairement que la prédication « n’est liée de façon ni exclusive ni indissoluble à aucune race ou nation, à aucune façon particulière de vivre, à aucune coutume antique ou récente », mais « fidèle à sa propre tradition et, en même temps, consciente de l’universalité de sa mission, elle peut entrer en communion avec les diverses formes de culture ». Cette communion enrichit aussi bien l’Eglise que les diverses cultures. L’Evangile du Christ renouvelle continuellement la vie et la culture, il féconde de l’intérieur, il fortifie, complète et restaure dans le Christ les qualités spirituelles et les talents de chaque peuple.
Le bienheureux Jean-Paul II écrivait que la mission renouvelle l’Eglise, renforce la foi et l’identité chrétienne, donne un nouvel enthousiasme et de nouvelles motivations. L’évangélisation missionnaire constitue le premier service que l’Eglise peut rendre à chaque homme et à l’humanité entière dans le monde actuel… « Aucun de ceux qui croient au Christ, aucune institution de l’Eglise ne peut se soustraire à ce devoir suprême : annoncer le Christ à tous les peuples ».
Encouragée par la mondialisation, ou poussée par les situations p
olitiques et éducatives précaires dans leur pays ou favorisée par divers programmes d’« échanges » entre les universités et par des subventions financières, la mobilité des étudiants internationaux est en train d’acquérir une grande importance sociopolitique et économique dans le monde contemporain, devenant ainsi une réalité de grand intérêt, tant pour le pays de départ que pour ceux d’accueil, tant pour l’Eglise que pour l’humanité tout entière. Le nombre des étudiants internationaux continue d’enregistrer une croissance constante et atteint aujourd’hui, selon certaines sources, environ 3 millions, qui pourraient s’élever à 7, 2 millions en 2025.
La capacité intellectuelle et la passion de s’aventurer à la recherche d’un avenir meilleur caractérisent la nature de la jeune génération estudiantine. D’une part, la modernisation leur offre la possibilité de s’approcher plus facilement du patrimoine culturel et spirituel de l’humanité et de s’enrichir en tissant des relations plus étroites entre les groupes et entre les peuples. D’autre part, l’étudiant migrant porte avec lui un patrimoine de connaissance et de valeurs, de mentalité et de comportement, formé dans sa foi et dans sa culture. Il s’agit donc de mettre en valeur, à la lumière de la foi catholique et de la raison, de la vérité et de la charité, ces éléments positifs de leur façon de professer la foi, de penser, d’entrer en relation avec les autres, de s’exprimer, de se développer pour le bien de la société humaine et de l’Eglise. La fraternité universelle et le dialogue entre la foi et la culture, la raison et la science, sont rendus possibles dans le cadre scolaire et universitaire multiethnique et multiculturel. Voyageur dans les lieux et dans les connaissances, se familiarisant avec les sociétés et les cultures d’accueil, l’étudiant international pourra devenir artisan et protagoniste de la transmission de la foi en Jésus et des valeurs humaines e culturelles.
La migration des étudiants internationaux offre donc à l’Eglise un don spécial, dans la mesure où ils sont acteurs et destinataires de sa mission. Ils contribuent ainsi à l’évangélisation et à la « nouvelle évangélisation », à la création d’un nouvel humanisme de fraternité et de solidarité, de respect et d’unité dans la diversité. En même temps, ils défient l’Eglise à mesurer sa capacité pastorale de répondre à leurs exigences et à leurs questions spirituelles, culturelles et matérielles, face aux conflits de valeurs et d’intérêts rencontrés dans la culture d’accueil.
Soutien ecclésial
Chers participants, aujourd’hui l’Eglise est plus que jamais appelée à aider à découvrir, par des œuvres de soutien spirituel et d’assistance matérielle, le rôle stratégique des étudiants internationaux, non seulement pour le futur de leurs nations, mais aussi pour le bien de la communauté internationale tout entière et de l’Eglise. A cette fin, la Pastorale universitaire peut offrir « l’occasion de coordonner les études académiques et les activités para-académiques avec les principes religieux et moraux, en intégrant ainsi la vie avec la foi ».
Pour conclure, je voudrais renouveler à chacun d’entre vous mes remerciements pour le service que vous rendez à l’Eglise et à la société humaine et confier au soutien maternel de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l’humanité, vous tous ainsi que toutes les personnalités qui contribueront à faciliter notre compréhension et nos réflexions durant ce Congrès.
Mgr Antonio Maria Veglio
Rome, 30 novembre 2011
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