L'Eglise d'Irlande dément la participation d'un prêtre à un attentat terroriste

Elle reproche aux journalistes une analyse politique déconnectée de la réalité

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ROME, Mercredi 1er septembre 2010 (ZENIT.org) – L’évêque émérite de Derry s’élève contre les affirmations des médias selon lesquelles un prêtre, récemment impliqué dans un rapport de police sur les attentats à la bombe de Claudy en 1972, était l’auteur d’un assassinat de masse.

Dans un article d’opinion paru dans le Irish News, Mgr Edward Daly a répondu à un rapport signé du médiateur de la police nord-irlandaise, publié le 24 août, concernant l’attentat à la bombe de Claudy, le 31 juillet 1972.

Trois voitures piégées avaient explosé, faisant neuf morts, dont une fillette de 8 ans et deux adolescents.
Le récent rapport de police a impliqué le père James Chesney, qui était à l’époque prêtre dans une paroisse voisine, mais qui est mort en 1980 à l’âge de 46 ans.

Mgr Daly, qui était à la tête du diocèse de Derry de 1974 à 1993, a déclaré : « Qui peut croire sincèrement que, si le cardinal [Cahal] Conway et mon prédécesseur Mgr [Neil] Farren avaient cru que, dans les rangs de l’Eglise se trouvait l’auteur d’un meurtre de masse, ils l’auraient autorisé à continuer à exercer un sacerdoce actif ? Je ne peux pas croire qu’ils auraient omis de me le dire quand j’ai été nommé évêque de Derry en 1974 s’ils avaient pensé un seul instant qu’un des prêtres de mon futur diocèse était l’auteur d’un attentat ».

« Un assassinat de masse ne peut être comparé à aucun autre péché ou crime », a affirmé le prélat. « C’est l’acte le plus immonde, le plus abject qui soit ».

« J’ai été personnellement témoin de l’attentat meurtrier de 1972 », a-t-il rappelé. « Je suis plus conscient que quiconque que c’est épouvantable et grotesque, une monstruosité ».

L’évêque a poursuivi : « C’est une insulte colossale de laisser entendre que j’aurais sciemment autorisé quelqu’un que je savais être un meurtrier à servir comme prêtre dans mon diocèse ».

Couverture journalistique

Mgr Daly a déploré la couverture médiatique du récent rapport de police, faisant observer que « la sacro-sainte présomption d’innocence de jadis a été supprimée et remplacée par une présomption de culpabilité ».
« Et voici maintenant que les médias dépeignent comme des faits des affirmations sans fondement émanant d’agences dont l’histoire est plus que douteuse », a-t-il fait remarquer.

« Je trouve la couverture du rapport Claudy très inquiétante », a avoué le prélat.

Il a évoqué le temps – il y a plusieurs années – où les journalistes « restaient au-dessus des pressions exercées par le gouvernement et les combattants de tous bords » et « ne suivaient pas honteusement l’establishment ou l’Etat ».
La presse, a-t-il remarqué, n’a fait qu’avancer des « hypothèses », sans « mettre en question des aspects clés du rapport du médiateur ».

« Je suis nullement convaincu que le prêtre ait été impliqué dans les attentats de Chesney », a affirmé l’évêque.

Sceptique
Le prélat a admis « un scepticisme constructif » quant aux allégations contre le prêtre, en raison de son « implication personnelle dans plusieurs grandes erreurs judiciaires ».

Et il a poursuivi : « J’ai vu des condamnations reposant sur des aveux signés et des preuves médico-légales qui ont été complètement infirmés des années plus tard.
« Le père Chesney n’a jamais été arrêté, interrogé, accusé ni inculpé. Il ne peut pas répondre en personne. Il est mort depuis 30 ans ».

Le prélat a observé que, lorsqu’il était lui-même dans le South Derry, il était « souvent terrifié et humilié par le traitement et les retards » auxquels il était soumis « aux postes de contrôle des forces de sécurité » quand il revenait, « tard dans la nuit, de confirmations et autres devoirs pastoraux ».

Dans cette perspective, en réfléchissant sur la stricte application de la loi à ce moment là, le prélat se demande pourquoi on a été incapable de « trouver des preuves contre lui après des années d’enquête ».

Néanmoins, l’évêque a souligné l’importance de mener une enquête exhaustive, déclarant, que « Claudy a enfin reçu sa légitime reconnaissance, qui aurait dû intervenir bien avant, comme l’un des actes terroristes les plus méprisables de l’Irlande du Nord ».

Et de conclure : « Je continuerai de prier pour que la vérité se fasse jour. Les familles (des victimes), la communauté et les proches du père Chesney ont besoin de l’entendre ».

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ZENIT Staff

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