Commission théologique internationale : la loi naturelle, base éthique universelle

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ROME, Vendredi 12 juin 2009 (ZENIT.org) – Les valeurs objectives de la loi naturelle continuent à être la base d’une éthique universelle, conclut un document publié récemment par la Commission théologique internationale.

Le texte, intitulé « A la recherche d’une éthique universelle : nouveau regard sur la loi naturelle », a été diffusé sur la page du site Internet du Saint-Siège en italien et en français.

L’Osservatore Romano a publié un article du professeur dominicain français Serge-Thomas Bonino, de la Commission théologique internationale, qui présente ce document.

Dans ce texte, la prestigieuse Commission souligne la nécessité d’un consensus sur des valeurs éthiques objectives et universelles qui devraient être encouragées pour éviter les hauts et les bas de l’opinion publique et la manipulation des gouvernements.

« Ces valeurs peuvent, par exemple, assurer aux droits de l’homme une base plus solide que le fragile positivisme juridique », explique le père Bonino.

« Ceux-ci doivent se fonder sur ce qui définit l’être humain comme humain, et donc sur la nature humaine qui se réalise concrètement en chaque personne, quelle que soit sa race, sa culture ou sa religion », ajoute-t-il.

Le document suggère que la loi naturelle comme base de l’éthique continue à être valable, dans une culture qui élève l’individu comme référent ultime qui crée ses propres valeurs et agit en marge de normes éthiques objectives, servant une idéologie peu préoccupée par la dignité humaine.

La Commission théologique internationale veut contribuer de cette manière au débat sur la recherche de l’éthique universelle et combattre la séparation croissante entre l’ordre éthique d’un côté et l’ordre économique, social, juridique et politique de l’autre.

Ces derniers secteurs de l’activité humaine cherchent à se développer sans références normatives à un bien moral, objectif et universel, constate le document.

La Commission signale deux alternatives à l’époque actuelle : ou la mondialisation avance « plus ou moins régulée par un cadre juridique purement positif, incapable d’endiguer à long terme l’arbitrage et le droit du plus fort. Ou bien les hommes prennent en main le processus pour l’orienter en fonction de finalités proprement humaines ».

Les experts rappellent en ce sens que la doctrine de la loi naturelle affirme justement que « les personnes et les communautés humaines sont capables, à la lumière de la raison, de reconnaître les orientations fondamentales d’un agir moral conforme à la nature même du sujet humain et de l’exprimer de manière normative sous forme de préceptes et de commandements ».

« De tels préceptes fondamentaux, objectifs et universels sont appelés à fonder et à inspirer l’ensemble des déterminations morales, juridiques et politiques qui régulent la vie des hommes et des sociétés », ajoute cette doctrine.

La doctrine de la loi naturelle comme fondement de l’ordre éthique et politique est développée dans le Catéchisme de l’Eglise catholique (1954-1960) et dans l’encyclique Veritatis Splendor (40-53).

Le pape Benoît XVI a aussi présenté la loi naturelle comme une réponse au relativisme éthique et l’a défendue comme garantie inaliénable de la personne.

Le nouveau document de la Commission théologique internationale s’inspire de la doctrine élaborée par saint Thomas d’Aquin, et incorpore aussi des éléments nouveaux.

« Pour proposer la loi naturelle dans le contexte actuel, il faut en effet la libérer des présentations caricaturales qui l’ont rendue incompréhensible pour beaucoup de nos contemporains, et mettre à profit les récents éléments innovants de la théologie morale catholique », avertit le père Bonino.

Le document rappelle qu’il existe déjà un patrimoine éthique commun, comme le témoignent les nombreuses convergences entre les traditions culturelles et les religions du monde.

Il s’oppose aussi à une vision rationaliste de la loi naturelle, même s’il défend sa dimension rationnelle, et indique que « l’appel intérieur à suivre le bien comme tel est l’expérience fondatrice de toute la morale ».

« Le sujet moral se met à l’écoute de son être profond et, au moyen de la raison, il fait émerger les exigences morales qui indiquent les inclinations ontologiques qui structurent sa nature », explique le second chapitre du document.

Le chapitre suivant traite des bases théoriques de la loi naturelle et de leurs justifications rationnelles comme fondement ultime de l’éthique, liée à la métaphysique de la création.

Dans le dernier chapitre, la Commission souligne le « changement profond de perspective dans la présentation de la loi naturelle » offerte par Jésus-Christ.

« A la lumière de la foi, le chrétien reconnaît en Jésus Christ le lògos éternel qui préside à la création et qui, s’étant incarné, s’est présenté aux hommes comme la Loi vivante, le critère d’une vie humaine conforme à la loi naturelle », explique le théologien.

« La loi naturelle n’est donc pas abolie, mais est portée à son accomplissement par la loi nouvelle de la charité », a-t-il conclu.

La Commission théologique internationale, créée par Paul VI en 1969, a le devoir d’aider le Saint-Siège et surtout la Congrégation pour la doctrine de la foi, à examiner des questions doctrinales de grande importance. Le président de la Commission est le préfet de la Congrégation, qui est actuellement le cardinal William Joseph Levada.

La commission est composée au maximum de 30 théologiens de pays divers, nommés par le pape sur proposition du cardinal préfet de la Congrégation et après avoir consulté les conférences épiscopales.

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ZENIT Staff

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