ROME, Jeudi 11 juin 2009 (ZENIT.org) - Les évêques responsables pour les questions sociales auprès des conférences épiscopales européennes, se sont réunis à Zagreb du 8 au 10 juin pour discuter du thème « Crise économique et financière : dés-espérer ? Expériences, initiatives, problèmes et réponses de l'Eglise en Europe ».

La rencontre avait été ouverte par l'archevêque de Zagreb et vice-président du Conseil des conférences épiscopales d'Europe (CCEE), le cardinal Josip Bozanić qui en a expliqué le motif , rappelant que « l'Eglise se sent toujours vivement interpellée là où la vie de l'homme, la dignité de la personne humaine, le bien commun, le droit au travail, à une vie plus digne et la défense des classes plus défavorisées sont en jeu ».

L'Eglise, a-t-il ajouté, défend « le caractère public de la foi » et ne se lasse pas de rappeler à la société « ces valeurs non négociables car elles n'ont pas été établies par l'homme », s'engageant à apporter « sa contribution responsable à l'élaboration de réponses pertinentes aux problèmes sociaux, basées sur son patrimoine de foi et sur son expérience sociales » .

Puis est intervenu le cardinal Péter Erdő, archevêque d'Esztergom-Budapest et primat de Hongrie, qui a mis en avant le fait que l'Eglise « voit la politique et tout ce qui concerne la vie sociale comme faisant partie de son service à Dieu et , au nom de Dieu, à l'homme ».

C'est pourquoi, a-t-il expliqué, « toute tentative de séparer la mission pastorale ou l'évangélisation des problématiques sociales représenterait une grave erreur et donnerait l'impression que la justice sociale n'a rien à voir avec la foi ou que Dieu n'est pas le Seigneur de l'histoire ».

La justice sociale, a-t-il dit ensuite, « peut et doit être constamment purifiée et animée de cette force de l'amour qui vient de Dieu, que nous appelons charité, et qui va bien au-delà du simple équilibre de forces ou d'une simple justice distributive ».

La crise économique et financière mondiale

La crise économique et financière actuelle, a reconnu le cardinal, prend une tournure de « crise culturelle et de crise des valeurs ».

« Le système, a-t-il poursuivi, a perdu de sa crédibilité et de son efficacité, il faut changer de mentalité, revoir de manière profonde le modèle de développement dominant, considérer les aspects éthiques mais surtout investir sur la croissance intégrale des plus pauvres ».

Le scénario mondial, a-t-il relevé, pousse en premier lieu les conférences épiscopales européennes « à la réflexion, à une étude approfondie de la situation, à un échange d'expériences, à la recherche de stratégies communes, d'une collaboration qui soit efficace et qui tienne compte de tous les organismes de l'Eglise engagés dans les questions sociales ».

Le président de la Compagnie des Œuvres, Bernard Scholz, a souligné à ce propos que « cette crise ne s'affronte pas avec le pessimisme ni avec l'optimisme, ni avec l'indifférence ou le ressentiment, mais avec un réalisme qui essaie de comprendre ce qui s'est vraiment passé, ce que nous pouvons apprendre et ce qu'il est donc possible de changer pour trouver de nouvelles conditions économiques et sociales pour soutenir une 'vie juste' ».

« Et ce réalisme engagé est aussi une forme de solidarité avec ceux qui, en ce moment, vivent mal à cause de cette crise » , a-t-il ajouté.

Bernard Scholz a indiqué trois pistes dans lesquelles l'Eglise pourrait s'engager : la redécouverte de la valeur du travail ; la promotion de la fonction sociale de l'entreprise et la défense du principe de subsidiarité.

Problèmes sociaux

Les participants à la rencontre ont aussi analysé certains thèmes spécifiques liés à l'actualité, comme l'accroissement du chômage en Europe, les agitations sociales, la crise des systèmes de retraite et les migrations.

Le chômage, souligne le communiqué final de la rencontre, « est une des conséquences les plus visibles et graves de la crise. Il s'agit d'un problème qui, dans certains pays, prend une tournure de plus en plus dramatique, touche un nombre très élevé de personnes et nécessite une attention particulière de l'Eglise à cause des graves conséquences qui en dérivent pour les individus, les familles et l'ensemble des sociétés ».

Pour Mgr Juan José Omella, éveque de Barbastro-Monzón (Espagne), « la crise actuelle a mis en évidence la manifestation d'une fracture anthropologique qui se produit lorsque le bénéfice économique déplace l'homme comme référence fondamentale du travail et de l'entreprise ».

Le représentant roumain, Mgr Jenö Schönberger, évêque de Satu Mare, a ensuite rappelé la présence d'enfants « socialement abandonnés » suite à l'émigration des parents dans d'autres pays européens, tandis que l'évêque de Pécs (Hongrie) Mgr Mihály Mayer s'est dit inquiet du nombre croissant de personnes vivant des seuls subsides de l'Etat.

Mgr Michel Dubost, éveque d' Evry-Corbeil-Essonnes (France), a quant à lui rapporté l'exemple du quartier populaire de la banlieue de Grigny, particulièrement pauvre, multi-ethnique (où vivent ensemble des personnes de 63 nationalités) et où se sont vérifiés récemment des épisodes d'agitation sociale.</p>

La rencontre des évêques a été ponctuée de moments de prière et marquée par une célébration eucharistique qui, ajoutées au climat d'amitié et de partage fraternel, sont motifs d'espérance pour une collaboration future concernant la pastorale sociale en Europe.

Le Conseil des Conférences épiscopales d'Europe (CCEE) réunit les présidents des 33 Conférences épiscopales existant actuellement en Europe, représentées de droit par leur président, ainsi que les archevêques de Luxembourg et de la principauté de Monaco et l'évêque de Chisinau (Moldavie).