Caritas Etats-Unis (CRS), Caritas Angleterre et Pays de Galles (CAFOD), Caritas Irlande (Trocaire) et Caritas Ecosse (SCIAF) figurent parmi les organisations qui ont déjà fourni l’aide, sous forme de vivres, couvertures, moustiquaires, ustensiles de cuisine, bâches en plastique, transports et aide psychologique aux personnes souffrant de traumatismes, dans les diocèses de Bungoma, Eldoret, Kericho, Kisii, Mombasa, Nairobi, Nakuru et Ngong.
Un appel de la Conférence épiscopale kenyane a vu les diocèses non touchés par les violences faire des donations en vivres, vêtements et couvertures.
Cette semaine, la Conférence a toutefois averti que l’instabilité prolongée pourrait dans certains cas entraver la fourniture d’aide.
Le personnel des organisations a été aussi victime des affrontements. Kinyanjui Kaniaru est un ingénieur qui travaille à CRS depuis plus de 13 ans. A la suite des violences explosées à Eldoret, dans la vallée du Rift, le 29 décembre, Tiras Githinji, le neveu de Kinyanjui âgé de 24 ans, a tragiquement perdu la vie. Un autre agent de CRS, George Ambayo, originaire de la province de Nyanza, a craint pour la vie de sa femme lorsqu’il a appris que l’émeute avait éclaté dans son quartier et que sa maison avait été incendiée. Heureusement, il avait pu avertir sa femme de fuir, alors que lui et ses deux enfants étaient déjà retournés à Nyanza pour Noël.
Dans tout le pays, la tension est montée les mois qui ont précédé les élections, et les résultats perçus comme une injustice ont fait ressortir les hostilités qui existaient depuis longtemps entre les tribus.
Le père Daniele Moschetti, curé de la paroisse de Korogocho, à Nairobi, a vu de ses propres yeux le désespoir de ceux qui essaient de sauver leur maison.
« Dans les pires moments, des groupes dans la rue attaquaient les personnes avec des pangas, des pierres et d’autres armes. Les personnes craignaient que leurs propriétés ne soient brûlées, et ils se défendaient. Le problème est que ceux qui meurent ou qui sont le plus gravement touchés par cette
situation, ce sont les pauvres ; ils ont perdu leurs biens, ils ont perdu le peu qu’ils avaient ».
Le père Paulino Mondo, lui aussi curé de paroisse et partenaire local de CAFOD, dans le quartier de
Kariobangi à Nairobi, explique que, malgré tout, la souffrance et les besoins communs peuvent aider à unir les différentes factions. La distribution de vivres est très importante. Quand les gens ont faim, ils ne peuvent pas vivre en paix. En les nourrissant, nous leur montrons que quelqu’un se soucie d’eux. Les membres des tribus, de l’une et de l’autre, font la queue pour manger, ils voient les besoins des autres, ils voient que les autres n’ont presque rien, qu’ils sont tous logés à la même enseigne, ce qui encourage fortement la réconciliation ».
Cette semaine, les directeurs et le personnel des Caritas membres, qui ont vu la destruction que les guerres provoquent sur la planète, ont incité le gouvernement et la population du Kenya à soutenir le dialogue et à cesser toute violence. Une déclaration conjointe a été signée, entre autres, par les directeurs des Caritas au Rwanda, dans la République démocratique du Congo, au Liban et au Cambodge.
Le cardinal Oscar Rodriguez, président de Caritas Internationalis, et l’archevêque Cyprian Kizito Lwanga, président de Caritas Afrique, avaient déjà affirmé que toutes les parties devaient œuvrer pour mettre un terme aux violences.
Ils avaient lancé cet appel après de nouveaux meurtres, dont celui d’un prêtre catholique dans la vallée du Rift. Le père Michael Kamau Ithondeka, 41, a été tué le 24 janvier à un barrage routier mis en place illégalement par des jeunes armés sur la route de Nakuru – Eldama Ravine. Il était vice-recteur du Grand Séminaire de St Mathias Mulumba à Tindinyo.
Ces récits sont tirés des articles originaux et des interviews de Bridget Burrows, chargée de la communication de Caritas Angleterre et Pays de Galles (CAFOD) et de Debbie DeVoe, chargée des informations régionales en Afrique orientale de Caritas Etats-Unis (CRS).