ROME, Dimanche 21 octobre 2007 (ZENIT.org) – « Vers une résolution de la question franciscaine. La Légende ombrienne de Thomas de Celano » (Fayard, Paris 2007) est le titre du livre, qui sera présenté vendredi 26 octobre prochain dans les locaux de l’Ecole supérieure d’Etudes médiévales et franciscaines de l’Université pontificale « Antonianum » à Rome.
Cet ouvrage, écrit par le médiéviste Jacques Dalarun, évoque notamment le miracle de saint François qui, ému devant les appels suppliants d’une foule, dont un groupe de juifs, ressuscita un enfant victime d’une chute accidentelle.
La présentation du livre aura lieu en présence de divers chercheurs dont Girolamo Arnaldi, Giulia Barone, Attilio Bartoli Langeli, Jacques Dalarun et Carlo Paolazzi.
La source de ce livre, dont on ne connaissait jusqu’ici que quelques passages, est une version inédite, reconstruite dans son intégralité à partir de l’œuvre du premier biographe de saint François, Thomas de Celano.
Le principal témoin est un manuscrit liturgique qui rapporte des morceaux de cette hagiographie du saint d’Assise, confirmant ainsi l’importance de la liturgie pour un nouvel approfondissement des études franciscaines.
Dans sa légende, Thomas de Celano raconte l’épisode d’un enfant mort enseveli dans la boue après être tombé dans les eaux du fleuve de la ville de Capoue. Après avoir retrouvé miraculeusement son corps, la foule et les parents de cet enfant se mettent à implorer saint François pour qu’il ramène l’enfant à la vie.
Dans ce passage, l’auteur précise que plusieurs juifs, accourus eux aussi sur les lieux de l’accident, ont été pris de pitié et ont joint leurs voix à celles de la foule, priant saint François d’intervenir et de « redonner cet enfant à son père !».
Devant tant de dévotion, que le père Pietro Messa, directeur de l’Ecole supérieur des études médiévales et franciscaines, a qualifié d’« interreligieuses », saint François ressuscita l’enfant mort et le rendit à son père.
Interrogé par ZENIT, le père Messa a précisé que « des traces de cette source ont été retrouvées dans plusieurs manuscrits, mais c’est l’étude de Jacques Dalarun qui a permis de trouver le fil conducteur qui permet d’établir que ces fragments constituent une œuvre intégrale à attribuer à Thomas de Celano ».
« L’élément saillant de cet épisode, pour le biographe, a ajouté le père Messa, est l’attitude des juifs qui, dans un élan de pitié naturelle, se sont mis à implorer saint François : ‘Redonne cet enfant à son père’, lui demandent-ils ».
« Cette précision, poursuit-il, est très loin des images fortement négatives que d’autres sources ont fait circuler sur le peuple juif ».
Le père Messa signale que « ce passage est tiré d’un manuscrit provenant du couvent des Frères mineurs de ‘La Romita’ de Cesi et aujourd’hui conservé dans la Bibliothèque municipale de Terni, après la suppression des couvents à la Renaissance ».
« Le récit a ensuite été repris par Bonaventura da Bagnoregio lorsqu’il eut l’intention d’écrire une nouvelle vie du saint », a-t-il ajouté.
Concernant la possibilité de trouver d’autres histoires inédites du Poverello d’Assise dans les manuscrits, le père Messa affirme que « la recherche ne s’en tient certainement pas là, et que chaque source devra encore être examinée ».
« Par exemple, poursuit-il, dans peu de temps verra le jour l’étude détaillée d’un office liturgique italien-grec consacré à saint François, qui a déjà été publié, mais dont il fallu corriger les erreurs de transcription, révélant ainsi que cet office en l’honneur du saint d’Assise s’inspire de textes liturgiques grecs dédiés à des saints d’Orient ».
« Je voudrais par ailleurs souligner que ces découvertes sont le fruit d’un travail impliquant divers chercheurs de différentes extractions et religions, dont l’objectif est d’approfondir la personnalité de saint François » a-t-il encore ajouté.
Le p. Messa a cité entre autre l’exemple à l’Ecole supérieure d’études médiévales et franciscaines, de Neslihan Senocak, une chercheuse turque musulmane venue compléter ses recherches à partir des manuscrits du couvent franciscain San Fortunato de Todi.
« Pour terminer cette étude, elle a été reçue et logée au monastère des clarisses, où elle a d’ailleurs eu la possibilité de connaître don Andrea Santoro (assassiné en Turquie en 2006) et de lui apprendre quelques rudiments de la langue turque », a-t-il conclu.