25e anniversaire du Conseil de la Culture : Discours de Benoît XVI (15 juin)

ROME, lundi 18 juin 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral du discours que le pape Benoît XVI a adressé aux participants au congrès d’étude organisé à Rome à l’occasion du 25ème anniversaire de la création du Conseil pontifical de la Culture, vendredi 15 juin.

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Monsieur le Cardinal,
vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et sœurs !

C’est avec un grand plaisir que je vous rencontre aujourd’hui, en une occasion si significative. Vous désirez en effet commémorer le 25e anniversaire du Conseil pontifical de la Culture, créé par le Serviteur de Dieu Jean-Paul II le 20 mai 1982 par la Lettre adressée à celui qui était alors secrétaire d’Etat, le cardinal Agostino Casaroli. Je salue toutes les personnes présentes et en premier lieu, vous, Monsieur le cardinal Paul Poupard, que je remercie pour les paroles courtoises à travers lesquelles vous avez interprété les sentiments communs. A vous, vénéré frère, qui êtes à la tête du Conseil pontifical depuis 1988, j’adresse une pensée particulière de reconnaissance et d’appréciation pour le grand travail accompli au cours de cette longue période. Vous avez placé et continuez de placer avec profit vos qualités humaines et spirituelles au service du dicastère, en témoignant toujours avec enthousiasme de l’attention qui pousse l’Eglise à instaurer un dialogue avec les mouvements culturels de notre temps. Votre participation à de nombreux Congrès et rencontres internationales, dont un grand nombre est promu par le Conseil pontifical de la Culture lui-même, vous ont permis de faire connaître de façon toujours plus large l’intérêt que le Saint-Siège nourrit pour le monde de la culture vaste et varié. De tout cela, je vous remercie encore une fois, en étendant ma reconnaissance au secrétaire, aux membres et aux consulteurs du dicastère.

Le Concile œcuménique Vatican II prêta une grande attention à la culture et la Constitution pastorale Gaudium et spes lui consacre un chapitre spécial (cf. nn. 53-62). Les Pères conciliaires se préoccupèrent d’indiquer la perspective selon laquelle l’Eglise considère et affronte la promotion de la culture, en considérant ce devoir comme l’une des questions « particulièrement urgentes de ce temps qui affectent au plus haut point le genre humain » (ibid., n. 46). En se rapportant au monde de la culture, l’Eglise place toujours l’homme au centre, tant comme artisan de l’activité culturelle que comme son destinataire ultime. Le serviteur de Dieu Paul VI eut beaucoup à cœur le dialogue de l’Eglise avec la culture et en assuma personnellement le devoir au cours des années de son pontificat. Dans son sillage se situe également le serviteur de Dieu Jean-Paul II qui avait participé à l’Assemblée conciliaire et avait apporté sa contribution spécifique à la Constitution Gaudium et spes. Le 2 juin 1980, dans son discours mémorable à l’UNESCO, il témoigna en première personne de son désir de rencontrer l’homme sur le terrain de la culture pour lui transmettre le Message évangélique. Deux ans plus tard, il institua le Conseil pontifical de la Culture, destiné à apporter un nouvel élan à l’engagement de l’Eglise visant à faire rencontrer l’Evangile et la pluralité des cultures dans les diverses parties du monde (cf. Lettre au Card. Casaroli, Insegnamenti di Jean-Paul II, V, 2 [1982], p. 1779).

En instituant ce nouveau dicastère, mon vénéré prédécesseur souligna qu’il devait poursuivre ses finalités en dialoguant avec tous sans distinction de culture ni de religion, afin de rechercher ensemble « une communication culturelle avec tous les hommes de bonne volonté (ibid., pp. 1779-1780). Cet aspect du service qu’accomplit le Conseil pontifical de la Culture, a vu toute son importance se confirmer au cours des vingt-cinq dernières années, étant donné que le monde est devenu encore plus interdépendant, grâce au formidable développement des moyens de communication sociale, et à l’approfondissement qui a suivi du réseau des relations sociales. Il est donc devenu encore plus urgent pour l’Eglise de promouvoir le développement culturel en misant sur la qualité humaine et spirituelle des messages et des contenus, car la culture d’aujourd’hui ressent également inévitablement les conséquences des processus de mondialisation qui, s’ils ne sont pas constamment accompagnés par un discernement attentif, peuvent se retourner contre l’homme, en finissant par l’appauvrir au lieu de l’enrichir. Et combien les défis que l’évangélisation doit affronter dans ce domaine sont grands !

Vingt-cinq ans après la création du Conseil pontifical de la Culture, il est donc opportun de réfléchir sur les raisons et les finalités qui ont motivé sa naissance dans le contexte socioculturel de notre temps. A cette fin, le Conseil pontifical a voulu organiser un Congrès d’étude, d’une part pour s’arrêter pour méditer sur la relation qui existe entre évangélisation et culture, et, d’autre part, pour considérer cette relation telle qu’elle se présente aujourd’hui en Asie, en Amérique et en Afrique. Comment ne pas trouver un motif particulier de satisfaction en voyant que les trois interventions de type « continentales » ont été confiées à trois cardinaux respectivement asiatique, latino-américain et africain ? N’est-ce pas là une confirmation éloquente du chemin que l’Eglise catholique a su parcourir, poussée par le « souffle » de la Pentecôte, comme communauté capable de dialoguer avec toute la famille des peuples, et même, de resplendir au milieu d’elle comme « signe prophétique d’unité et de paix » (Missel romain, Prière eucharistique V-D)?

Chers frères et sœurs, l’histoire de l’Eglise est également de façon inséparable l’histoire de la culture et de l’art. Des œuvres telles que la Summa theologiae de saint Thomas d’Aquin, la Divine Comédie, la Cathédrale de Chartres, la Chapelle Sixtine, ou les cantates de Jean-Sébastien Bach constituent à leur façon des synthèses incomparables entre foi chrétienne et expression humaine. Mais si ces œuvres sont, d’une certaine manière, le sommet de cette synthèse entre foi et culture, la rencontre entre la foi et la culture se réalise de façon quotidienne dans la vie et dans le travail de tous les baptisés, dans l’œuvre d’art cachée qu’est l’histoire d’amour de chacun avec le Dieu vivant et avec nos frères, dans la joie et dans les difficultés de suivre Jésus Christ dans l’existence quotidienne.

Aujourd’hui plus que jamais, l’ouverture entre les cultures est un terrain privilégié pour le dialogue entre hommes engagés dans la recherche d’un humanisme authentique, au-delà des divergences qui les séparent. Dans le domaine culturel également, le christianisme peut offrir à tous la plus puissante force de renouveau et d’élévation, c’est-à-dire l’amour de Dieu qui se fait amour humain. Le pape Jean-Paul II écrivait précisément dans la Lettre qui instituait le Conseil pontifical pour la Culture : « L’amour n’est-il pas comme une grande force cachée au cœur des cultures, pour les aider à dépasser leur irrémédiable finitude, en s’ouvrant vers Celui qui en est la Source et le Terme et leur donner, quand elles s’ouvrent à la grâce, un surcroît de plénitude » (Insegnamenti de Jean-Paul II, V, 2 [1982], p. 1778). Puisse le Saint-Siège, grâce au service rendu en particulier par votre dicastère, continuer de promouvoir dans toute l’Eglise cette culture évangélique qui est le levain, le sel et la lumière du Royaume au sein de l’humanité.

Chers frères et sœurs, une nouvelle fois j’exprime ma vive reconnaissance pour le travail que le Conseil pontifical de la Culture accomplit, et, tandis que j’assure toutes les personnes présentes de mon souvenir dans la prière, en invoquant l’intercession céleste de la Très Sainte Vierge Marie, Sedes Sapientiae, je vous donne volontiers à vous, Monsieur le Cardinal, ainsi qu’aux vénérés Confrères et à tous ceux qui, à titre divers, sont engagés dans le dialogue entre l’Evangile et les cultures contemporaines, une bénédiction apostolique particulière.

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ZENIT Staff

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