Plus de religion et moins de sécularisation pour une nouvelle Europe

Résultats du congrès international à l’Université européenne de Rome

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ROME, mercedi 30 mai 2007 (ZENIT.org) – La sécularisation risque de faire tomber la civilisation européenne, alors que l’Eglise propose une nouvelle Europe qui soit renforcée dans ses valeurs : c’est en substance ce qui ressort du congrès international qui s’est déroulé à l’Université européenne de Rome (UER) mardi dernier, 29 mai, sur le thème : « Christianisme et sécularisation. Défis pour l’Eglise et pour l’Europe ».

En introduction des travaux, le père Paolo Scarafoni, recteur de l’UER, a expliqué l’objectif de ce congrès : présenter « une étude qui fasse toute la lumière sur les problèmes que pose la sécularisation et propose des pistes de solution ».

D’emblée, le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat du pape, est entré dans le vif du sujet en estimant que « la sécularisation, en se fermant aux valeurs transcendantes, se ferme à la vérité et la remplace par une idéologie, le scepticisme ou le nihilisme ».

Toutefois, a-t-il précisé, « tout ceci, à la différence de la vérité, ne nourrit pas mais intoxique ; n’éclaire par l’intelligence mais l’égare ; n’alimente pas la vie intérieure, mais la réprime ou l’étouffe; ne renforce pas les valeurs, mais les rend moins sûres, finissant même par les vider ».

Pour cette raison, le secrétaire d’Etat a appelé les chrétiens à « ne pas se concevoir comme le reste d’une Europe en voie de disparition, mais comme l’avant-garde d’une nouvelle Europe qui – comme le soulignait récemment le pape Benoît XVI – peut être réaliste et non cynique, riche d’idéaux et libre d’innocentes illusions, en s’inspirant de la vérité de l’Evangile, vivifiante et éternelle ».

Pour sa part, l’archevêque de Tolède, le cardinal Antonio Cañizares Llovera, a mis l’accent sur la figure de Jésus qui « représente le ‘oui’ de Dieu à l’homme et qui, si l’on croit effectivement en Dieu, ne peut que mettre en valeur sa personne, car affirmer Dieu c’est affirmer l’homme ».

« Inversement – a ajouté le primat d’Espagne – l’homme ne peut être pleinement reconnu en-dehors ou contre Dieu. Voilà pourquoi cet immanentisme qui caractérise la sécularisation, porte à cette tendance proche de l’égoïsme, malgré le fait que l’on parle beaucoup de solidarité et de fraternité. En revanche, la foi en Jésus Christ signifie le refus de l’intolérance et incite à oeuvrer pour la dignité humaine ».

Le cardinal Cañizares a conclu en soulignant que « le christianisme en Europe a contribué à forger un ensemble de valeurs universelles centrées sur le concept de la dignité de la personne humaine, acquérant ainsi un rôle fondateur pour ce continent. Il est donc nécessaire, pour construire une authentique maison commune à tous les peuples, que cette identité chrétienne soit respectée ».

Mgr Dominique Mamberti, secrétaire pour les Relations du Saint-Siège avec les Etats, est intervenu lui aussi aux travaux du Congrès, expliquant que lorsque « les autorités ecclésiastiques avancent des propositions ou manifestent des réserves concernant des décisions législatives ou des mesures administratives, il ne faut pas considérer cela comme une forme d’intolérance ou d’ingérence, mais, surtout, et en premier lieu, comme une libre manifestation de ses propres opinions, tel droit appartenant à chaque citoyen, et une forme d’exercice de son devoir qui consiste, en tant qu’Eglise, à éclairer les consciences pour le bien commun ».

Mgr Mamberti estime que « la démocratie, qui ne peut être comprise dans un cadre purement procédural, a besoin de valeurs et qu’elle a par conséquent besoin de la religion, dans la mesure où elle peut s’en inspirer en vue d’une coexistence pacifique et respectueuse de la dignité humaine ».

« En Europe, le christianisme offre un ensemble original et irremplaçable d’idées et d’expériences concrètes dont il est historiquement porteur et il revitalise ces valeurs qui ont forgé l’identité du continent », a-t-il poursuivi.

Parmi les autres interventions au congrès signalons également celle du professeur Roberto de Mattei, vice-président du Conseil national de recherches (CNR) et coordinateur du cours de licence en Sciences historiques de l’Université européenne de Rome. Il a rappelé que « personne ne peut être obligé de croire », comme l’affirmait saint Augustin, car « la foi est un acte libre de la volonté ».

« Ceci fut, et reste, l’enseignement de l’Eglise. Et pourtant, dès la période de l’empire romain et par la suite également, l’histoire montre (il suffit de penser à Voltaire) que celui qui croit en une vérité objective et non négociable est considéré comme fanatique, fondamentaliste, et en fin de compte, intolérant », a-t-il ajouté.

Selon le professeur De Mattei « l’intolérance contre les chrétiens se manifeste aujourd’hui par la profanation des églises chrétiennes, des sites et des lieux de culte sacrés, la dérision envers les symboles et les objets religieux et civils des religions chrétiennes; les offenses portées contre le christianisme à travers les livres, les films, les chansons, la publicité, les sites sur internet ».

« Un climat – a-t-il expliqué – de dérision, parfois d’intimidation et d’agression verbale, qui incite à la violence ».

Après avoir constaté que « la société contemporaine est une société qui renie le christianisme après en avoir connu tous les bénéfices spirituels et moraux, culturels et sociaux », le professeur De Mattei a reconnu que « les responsabilités des chrétiens d’aujourd’hui sont bien plus graves que celles des chrétiens des premiers siècles ».

« Ces derniers annonçaient une foi et construisaient un monde nouveau. Les chrétiens d’aujourd’hui ont le devoir non seulement de renouveler le message de l’Evangile, mais ils ont aussi le devoir de présenter publiquement les fruits historiques de ce message dont la société d’aujourd’hui est encore porteuse », a-t-il conclu.

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ZENIT Staff

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