« Nous sommes en train de vivre un printemps de la fraternité chrétienne » (I)

Entretien avec le recteur de l’église grecque orthodoxe de Marseille

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ROME, Mercredi 24 janvier 2007 (ZENIT.org) – « Nous sommes en train de vivre des temps extraordinaires, un renouveau, un printemps de la fraternité chrétienne qui se révèle à travers l’action menée par les chefs des Eglises et notamment, je dirais même en premier, par sa sainteté le pape Benoît XVI ».

C’est ce qu’affirme le père Joachim Tsopanouglou, recteur de l’église grecque orthodoxe à Marseille, vicaire épiscopal chargé de la région du Midi, et membre orthodoxe de la commission internationale chargée d’élaborer les textes définitifs de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, dans cet entretien qu’il a accordé à Zenit. Nous publions ci-dessous la première partie de cet entretien.

Zenit: Qu’est ce qui vous a frappé dans le vécu des communautés d’Umlazi (chargées de rédiger les textes de base pour la Semaine de l’unité) qui montre combien l’unité entre les Eglises est importante dans la recherche d’une solution chrétienne face à certaines situations ?

P. Tsopanoglou : Ce qui nous a frappés tout d’abord c’est la douleur de ce peuple incomparablement plus grande que ce que l’on peut vivre dans nos situations occidentales : pauvreté, précarité, violence, maladie, mort, et qui, malgré tout, garde un immense espoir en la Résurrection du Christ. Nous constatons également que les Eglises sur place font de gros efforts pour tenter de répondre ensemble à ces souffrances. On assiste à une démarche œcuménique importante, à cet ancrage dans la prière qui donne de la force et du courage pour arriver à dépasser cette situation de mort. Car là-bas les gens meurent par centaines et par milliers du sida. L’Eglise est présente sur le plan œcuménique auprès de ces personnes qui attendent beaucoup de cette dimension de lumière donnée par la Résurrection du Christ.

Zenit : Durant cette semaine de prière pour l’Unité, les chrétiens à travers le monde sont invités à prier pour une guérison de la surdité et du mutisme de manière concrète. Est-ce que selon vous, on est sensible à cette question de la même manière que l’on soit catholique, protestant , orthodoxe ou anglican…

P. Tsopanoglou : Il semble en tout cas que dans le groupe international, on sente une perception du thème (« Briser le silence ») avec des nuances particulières, bien que nous soyons face à un problème commun qui est la maladie, la souffrance, la mort. Mais l’Eglise semble prête dans toutes ses composantes a donner la parole à ces personnes, à entendre la voix de cette souffrance et à s’en faire l’écho. Le thème au fond c’est d’essayer justement de ne pas laisser ces gens s’isoler dans leurs soucis, mais de les prendre en compte dans la prière et dans l’action. Et cela, je pense que tous les chrétiens sont capables de le comprendre et de le vivre. En tout cas, chez nous cela a été le cas en cette semaine de prière : il y a eu une réunion œcuménique autour de ce thème à l’Eglise arménienne de Marseille. L’évêque catholique a parlé, mais les autres communautés aussi ont montré très fort leur soucis d’être attentif à ces situations de « non parole ».

Zenit : Briser le silence, c’est aussi briser certains tabous, vouloir surmonter certaines divisions. Est-ce que vous trouvez que de réels efforts sont faits en ce sens par les différentes Eglises, en l’occurrence chez les orthodoxes ?

P. Tsopanoglou : Oui, il est bien évident que chacun a ses problèmes, des problèmes qui sont peut-être moins des problèmes de spiritualité ou de théologie, mais justement d’être au service du monde et de ne pas être asservi par le monde. Car le problème des orthodoxes est d’avoir condamné le nationalisme, enfin le phylétisme, c’est-à-dire le repli sur soi-même. D’avoir condamné mais d’en souffrir. C’est-à-dire que ceux qui ont condamné souffrent encore de ce fléau. Donc pour faire sauter ce carcan, il faut évidemment du temps, mais en même temps la souffrance est grande. Vous savez, c’est un autre cancer que de vivre le phylétisme. D’ailleurs on ne se gêne pas pour nous le mettre à la figure. L’histoire de l’opposition entre les russes et les grecs, inutile de vous dire qu’il y a plus de gens qui nous la reproche qu’il n’y a parmi nous, orthodoxes, de personnes qui maintiennent cette division. Mais il est clair que le tout petit esprit malin de la division est en œuvre même pendant la semaine de l’unité. Cela dit, peut-être qu’il est quand même battu en brèche durant cette Semaine de prière. L’orthodoxie doit donc sortir de ce problème, comme tous et comme chacun. En même temps, je pense que dans la coopération œcuménique, dans l’échange œcuménique, même si le but est quand même le calice commun, la communion commune, il y a aussi une aide concrète qui, justement, peut équilibrer l’esprit d’une Eglise refermée sur elle-même par rapport à une Eglise universelle sans que l’on soit trop universel et donc trop déconnecté des réalités ou, une autre, trop introduite dans ses propres problèmes et donc en situation, non pas de rupture de communion, mais dans un processus dangereux pour la communion de l’Eglise. Et le but de la semaine de prière pour l’Unité des chrétiens n’est pas simplement de faire une rencontre, aussi belle soit elle et aussi généreuse soit elle, mais d’avancer vers la communion parfaite telle que le Christ l’a voulue et telle que le schéma trinitaire, si on peut parler de schéma trinitaire, nous le propose. C’est-à-dire la communion du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est cela le schéma de l’Eglise enfin réunie.

Zenit : Alors justement, ce souci d’unité entre les chrétiens, rendu visible par cette Semaine de Prière chaque année, comment les orthodoxes le vivent-ils le reste du temps ? En tant que responsable de communauté de fidèles, comment entretenez-vous, personnellement, ce souci ?

[Fin de la première partie]

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ZENIT Staff

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